L'Odyssée

Je dis leur cher cœur se brisa. Assis ils pleuraient et s'arrachaient les cheveux. Mais a quoi bon de se lamenter ?

Je suis morte, j'ai subi mon destin. C'est le regret, le chagrin de ton absence, mon noble Ulysse, et le souvenir de ta douceur qui m'ont ôté la vie.

Alors le jour, elle tissait la grande toile, et, la nuit, elle défaisait son ouvrage, à la lumière des flambeaux. Ainsi, trois ans durant, elle sur cacher sa ruse et tromper les Achéens.

D’abondantes larmes coulèrent de ses paupières. Comme un père accueillant avec tendresse son enfant, au retour d’une terre lointaine, après dix ans d’absence, un fils unique, chéri au fond du cœur, pour lequel il éprouva mille peines, ainsi l’excellent proches, embrassant Télémaque à l’aspect divin, le couvrait tout de baisers, à la pensée qu’il avait échappé à la mort.

Dans son berceau de brume, à peine avait paru l'aurore aux doigts de roses, que le cher fils d'Ulysse passait ses vêtements et, s'élançant du lit, mettait son glaive à pointe autour de son épaule, chaussait ses pieds luisants de ses belles sandales et sortait de sa chambre : on l'eût pris à le voir pour un des immortels ( page 43 )
Ce fut Egyptios qui, le premier, parla, un héros chargé d'ans qui savait mille choses. ( page 43, 44 )

Aussitôt qu'apparaît, dans son berceau de brume, l'Aurore aux doigts de roses...

A l'hôte que doit-on ? Bon accueil s'il demeure, congé s'il veut partir.

» Ô Muse, conte-moi l’aventure de l’Inventif :
celui qui pilla Troie, qui pendant des années erra,
voyant beaucoup de villes, découvrant beaucoup d’usages,
souffrant beaucoup d’angoisse dans son âme sur la mer
pour défendre sa vie et le retour de ses marins
sans en pouvoir sauver un seul, quoi qu’il en eût :
par leur propre fureur ils furent perdus en effet,
ces enfants qui touchèrent aux troupeaux du dieu d’En-Haut,
le Soleil qui leur prit le bonheur du retour …
À nous aussi, Fille de Zeus, conte un peu ces exploits ! «

Sur la terre, il n'est rien de plus faible que l'homme, de tous les animaux qui marchent et respirent: tant que les Immortels lui donnent le bonheur et lui gardent sa force, il pense que jamais le mal ne l'atteindra; mais quand, des Bienheureux, il a sa part de maux, ce n'est qu'à contrecoeur qu'il supporte la vie.

Il courait, il volait, fendant le flot des mers, emportant ce héros aux divines pensées, dont l'âme avait connu, autrefois, tant d'angoisses à batailler sur terre, à peiner sur les flots. Maintenant, sans un geste, il dormait, oubliant tous les mots endurés. Juste à l'heure où paraît la reine des étoiles, qui vient pour annoncer le lever de l'Aurore en son berceau de brume, le navire, achevant sa course sur la mer, abordait en Ithaque.