Citations sur L'agence Pinkerton, tome 2 : Le rituel de l'ogre rouge (6)
La branche Spéciale ne déçoit jamais. La branche Spéciale n'échoue jamais.C'est normal. Elle n'existe pas.
Quoi de plus réjouissant que d'assister alors à la métamorphose de cette figure en forme de poire qui du plus absolu mépris passa instantanément au respect le plus embarrassé?
Je m'attendais à trouver des gardes, des portes métalliques, et je ne sais quels autres signes intimidants d'autorité et de justice. Or, je pénétrai dans un vestibule tout juste digne d'un poste de police, mal éclairé par des globes lumineux. Un imposant portrait en pied de Mr. Pinkerton trônait sur le mur, brossé à traits puissants par le peintre, et constituait la seule touche de couleur des lieux. Juste au-dessous veillait le fameux symbole de l'Agence, l'Œil Ouvert, sous lequel se lisait la devise désormais célèbre : "Nous ne dormons jamais".
Au nord de l'État de Californie
Printemps 1870
Aussi loin que je me souvienne, jamais je n'eus aussi froid qu'en poussant mon cheval dans les derniers lacets menant à Trader Camp. Le crépuscule m'avait pris de vitesse et répandait ses encres sur les versants escarpés des monts Klamath. Des neiges résistantes nacraient les rochers drus et l'air giflait mon visage aussi durement qu'une cravache en cuir. C'est qu'ici l'hiver refusait de donner libre cours au renouveau des saisons. Il s'accrochait à chaque escarpement, chaque combe, avec la férocité d'un ours refusant de partager son butin.
J'avais passablement sous-estimé les rigueurs du climat de la Californie du Nord.
J'aurais dû plier sous une fourrure d'ours et porter un bonnet en bonne vieille peau de castor, mais non : cette marotte de toujours vouloir m'habiller avec élégance, en toutes circonstances, l'avait emporté sur la prudence la plus élémentaire. Ainsi, mon costume rayé et mon manteau à col d'hermine faisaient sûrement beaucoup d'effet, mais ils n'étaient qu'un maigre rempart contre ce blizzard. Et alors que des engelures naissaient à toutes mes extrémités, que mes jambes n'étaient plus que béquilles en bois, je commençais à craindre de ne pas arriver au terme de mon voyage.
"L'élixir de jouvence. Ces papillons recèlent le plus envié des secrets : l'élixir de vie. Ils peuvent survivre à l'humanité" !
Mon petit Han, édicta-t-elle, quand tu vois un type encore plus arrogant que le président des Etats-Unis en personne, c'est forcément un de ces satanés Pinkerton.