Il est si facile pour un auteur de se faire passer pour ce qu’il n’est pas.
J’avais beau être complètement obsédée, je savais, comme toute femme, que pour garder un homme à jamais, il valait mieux que je me comporte comme si je pouvais l’oublier en un clin d’œil.
Et voilà pourquoi je suis devenue écrivain.
Jour et nuit, je pensais à Jeremy, et je craignais que, si je ne parvenais pas à m’intéresser à autre chose d’ici à son retour, je serais incapable de lui cacher à quel point son absence m’avait anéantie. Alors j’ai créé un Jeremy fictif, appelé Lane. Chaque fois qu’il me manquait, je rédigeais un chapitre sur Lane. Durant les mois qui ont suivi, ma vie a moins tourné autour de Jeremy et davantage autour de mon personnage. Qui, dans un sens, demeurait Jeremy. Sauf que j’avais tout à gagner en écrivant sur lui plutôt qu’à nourrir mon obsession.
J’ai rédigé un livre entier pendant les quelques mois de son absence. Quand il s’est pointé sans me prévenir, un beau jour, je venais de relire la dernière page.
Signe du destin.
La chose que je déteste le plus dans les autobiographies, ce sont les idées fausses qui imprègnent chaque phrase.
Ce que vous allez lire pourrait parfois tant vous déplaire que vous aurez envie de tout recracher, pourtant, vous finirez par l’avaler et cela entrera en vous, dans vos tripes, et cela vous fera souffrir.
Pourtant… malgré ce généreux avertissement, vous allez continuer à absorber mes paroles, puisque vous voilà.
Humain.
Curieux.
Continuez.
Quand on trouve quelqu'un qui parvient à effacer tout aspect négatif dans votre vie, il est difficile de ne pas se sentir comblée.
Toute vérité n'est pas bonne à dire.
Parfois, j'avais l'impression que, sans lui, je ne pourrais plus exister.
Je ne sais pas si je vibre de tristesse ou de colère. Je sais seulement que tout cela a été écrit par une femme complètement dérangée -et dont j'occupe actuellement la maison.
C'était une tenue qui invitait au sexe, qui s'ouvrait bien quand on écartait les jambes. Les femmes commettent souvent l'erreur, quand elles choisissent leur tenue en vue de ce genre d'évènements, de ne pas l'envisager du point de vue de l'homme. Une femme veut offrir une jolie poitrine à celui qui va la serrer dans ses bras. Même si cela suppose de se coincer dans des sous-vêtements impossibles à enlever. Tandis qu'un homme qui contemple une robe ne tombe pas en admiration devant sa coupe qui épouse si bien les hanches ou marque finement la taille, mais cherche comment l'enlever le plus vite possible. Comment poser la main sur la cuisse de cette fille s'ils sont assis l'un près de l'autre à table? Comment la baiser dans la voiture sans devoir d'abord se taper fermetures Éclair et sous-vêtements gainants? Comment la baiser dans les toilettes sans devoir complètement la déshabiller?
- Vous dites que vous avez vu pire. De quoi s'agissait-il? […]
- J'ai sorti d'un lac le corps de ma fille de huit ans, il y a cinq mois. […]
- Je suis désolée, dis-je dans un murmure.
Et c'est vrai, Désolée pour sa fille. Également de m'être montrée aussi curieuse.
- Et vous? demande-t-il.
Il se penche sur le comptoir, comme s'il s'attendait à cette conversation, comme s'il allait trouver quelqu'un qui lui permette d'alléger un peu cette tragédie. C'est ce qu'on fait quand on a vécu le pire. On cherche des gens qui vous ressemblent… les gens encore plus mal lotis… et on s'en sert pour tenter de mieux supporter les horreurs qu'on a subies. […]
- Ma mère est morte la semaine dernière.