Elle s’était toujours considérée comme quelqu’un de profondément moral. Pas une prude, loin de là, mais une femme bien. Honorable. Elle ne se permettait pas de souligner les passages d’un livre de bibliothèque, ne laissait pas le boucher se tromper en lui rendant sa monnaie. Comment avait-elle réussi à se convaincre que commettre l’adultère avec le mari d’une amie n’avait rien de répréhensible ?
Les artistes ont le pouvoir de sauver le monde.
Les jardins en disent long sur une civilisation ... Ils donnent à voir ce qui comptait pour les gens.
"J'imagine que je ressemble un peu au tronc d'un cactus, lui avait-elle expliqué un jour. J'absorbe une certaine quantité de culture et de sociabilité au contact de mes amis, puis je me replie sur moi-même et j'en vis pendant un certain temps, jusqu'à ce que j'aie de nouveau soif. Il n'est pas bon d'entretenir une telle autarcie, une sorte d'exil volontaire, en fait. Cela vous rend différente "
Poursuivre le voyage tout en restant celui qui se réveille et celui qui rêve.
-Pourquoi tu as fait ça ?
-Je ne sais pas. Pourquoi les enfants se fabriquent-ils toujours des cabanes ? A toi de me le dire."
John réfléchit à la question. " Parce que nous aimons avoir des endroits secrets que notre meilleur ami est le seul à connaître. (p.95)
"Cette conversation vous ennuie ? lui demanda Else au bout d'un moment.
- Pas du tout. Je m'intéresse beaucoup à l'art moderne.
-Sans ce cas , Berlin est la ville qu'il vous faut. Les modernistes, les expressionnistes, les sécessionnistes. Sans parler des cubistes ! Cette ville est pleine de "istes" les écrivains et les peintres viennent des quatre coins du monde et la rencontre est féconde. (p. 287)
A peu près tous les habitants d'Oad Park se débrouillaient pour passer devant la nouvelle maison des Heurtley sur Forest Avenue. C'était soit une scandaleuse aberration, soit une oeuvre de génie, selon ce que vous inspirait son architecte Franl Lloyd Wright. Une "maison-prairie", disaient certains à propos des assises de briques étroites et allongées qui y couraient à l'horizontale comme les lignes des plaintes de l'Illinois.
Quand je la vis pour la première fois, la maison des Heurtley m'apparut comme une grosse boîte rectangulaire. Mais une fois à l'intérieur, j'eus l'impression de respirer. Tout n'était qu'espace, chaque pièce s'ouvrait sur la suivante, les poutres naturelles et les boiseries couleur écorce luisaient doucement et une lumière divine filtrait à travers les vitraux verts et rouges. Le lieu dégageait une atmosphère sacrée qui rappelait une chapelle de campagne. (p. 17)
Elle tomba sur quelques vers de Wordworth qui semblaient décrire Frank Lloyd Wright : " Il est un obscur et mystérieux travail qui rassemble les éléments discordants et les unit en un seul tout." Frank était tout cela à la fois: un homme-orchestre capable de créer une harmonie transcendantale, aussi bien qu'une cacophonie de cymbales.
Mamah avait toujours cru que l'âme de Frank se reflétait dans son oeuvre. Qu'il était bien l'homme qu'il croyait être: aussi fidèle à ses idéaux qu'on pouvait humainement l'être. (p. 453)
« Je me souviens, juste après la mort de Jessie, lui raconta Mamah. J'étais à une pique-nique organisé par l'église et il y avait une course en sac. Je regardais tous ces gens qui sautillaient frénétiquement à cloche-pied. Ils riaient mais ils mettaient toute leur énergie à gagner cette épreuve. Je me rappelle avoir pensé : Ne savent-ils donc pas qu'ils vont mourir ? »