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Critique de urbanbike


Ce livre est une fiction basée sur des faits historiques, l'amour intense d'une dame mariée pour un architecte également marié. En ce début du XXI°, sans aller jusqu'à dire que cela ne choque plus personne, disons que cela est devenu assez banal avec, comme résultat, des familles recomposées en grand nombre.

Sauf que dans Loving Frank, ce se passe il y a 100 ans aux USA du côté de Chicago — Oak Park — dans un milieu respectable, bien pensant et aisé…!

C'est effectivement en 1909 que Mamah Borthwick Cheney, mariée et mère de deux mouflets part en Europe avec son amant pour près de deux ans. Ce dernier laisse également derrière lui une épouse — qui refuse d'entendre même parler de séparation — et ses six gamins…! Berlin, Paris, Florence et retour aux USA dans le Wisconsin, entre Chicago et Minneapolis.

Une histoire lourde, deux êtres poursuivis par la pression d'une société bien pensante qui juge fort mal — et on peut comprendre ! — l'abandon de ces enfants et conjoints, le tout mis en musique par une presse à sensation qui tient là un sujet en or. Sans oublier l'incroyable coup du destin (ou de folie, au choix) en août 1914. Mais ceci est une autre histoire qu'il vous appartiendra de découvrir.

Il faut rappeler que l'architecte en question n'est autre que le jeune Franck Lloyd Wright, effectivement l'un de ceux qui a révolutionné l'architecture moderne et véritable “people” à l'époque (il est mort en 1959). On lui doit un ensemble incroyable d'oeuvres dont la fameuse maison sur la cascade — Fallingwater — ou encore le musée d'art moderne de New-York, le Guggenheim. Bref, un architecte emblématique dont les travaux inspirent encore et toujours des générations d'architectes.

Et c'est bien pour cela que ce livre m'est tombé des mains.

Certes, je comprends que l'auteur se soit attaché à remettre en mémoire au lecteur la cause des femmes en ce début du siècle dernier, à montrer le poids de la société et des moeurs de l'époque. Certes Mamah Borthwick est une femme étonnante, touchante au même titre que son mari Edwin, sincèrement épris de sa femme et peu enclin à la laisser disparaître au bras de l'architecte qui a dessiné sa propre maison, maison inspirée de celle d'un de ses amis…!

Oui, Mamah Borthwick est le personnage essentiel de ce roman, partagée entre cet amour intense pour Franck et ce mari dont elle reconnaît les qualités mais qu'elle a épousé un peu par défaut ; ses enfants qu'elle adore mais abandonne ; sa soeur féministe qui est venue s'installer chez elle et avec qui, peu-à-peu elle, se brouille. Bref, elle fait le choix de tout larguer pour vivre sa passion à fond.

La faiblesse de ce roman est peut être due au personnage de l'architecte lui même. Il est décrit comme beau, séduisant, aimant, un peu léger côté finances et gestion, flamboyant, génial. Et en même temps, je ne retrouve jamais dans les descriptions nombreuses qui parsèment ce livre la force, elle bien réelle, de son architecture novatrice, de ses réalisations. Même la construction de son célèbre site de Taliesin m'a paru franchement caricatural.

Ma connaissance de Wright s'est faite à l'école d'architecture via des cours sur ses réalisations, sur ses projets. Cela avait été d'ailleurs un choc pour moi étudiant, ce modernisme nourri de mille influences. La nature, certes, mais aussi le Japon (qu'il découvrit en 1917, bien après ces faits). Et là, je découvre sous la plume de Nancy Horan un personnage tout droit sorti d'une série Harlequin, un “Ken” si caricatural qu'il en devient pathétique et même antipathique. Autant le personnage de Mamah Borthwick Cheney a du corps, autant celui de Wright sonne creux. Inversement Edwin Chenay, l'autre personnage masculin — le mari de Mamah Borthwick Cheney, échappe à ce traitement et s'avère bien plus attachant que l'architecte…!

Bref, un livre bien écrit et bien traduit, une histoire captivante. Sauf que je ne suis jamais arrivé à superposer le Franck Lloyd Wright décrit tout au long de ces pages au véritable créateur des oeuvres architecturales que j'ai étudié et, certainement, fantasmé. Bref, à mes yeux, c'est la seule faiblesse de ce livre. Dommage.

Lien : http://www.urbanbike.com/ind..
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