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Critique de ardoise


Ce que j'envie le plus de Nick Hornby, une des choses que j'aime le plus dans ses livres, c'est sa façon de parler de musique. Sa capacité de décrire très exactement ce que l'on ressent en écoutant une chanson, une bonne chanson, & toutes les choses qui font qu'une chanson particulière, qu'un album ou un bout de musique en particulier peut devenir aussi important & self-defining & extraordinaire pour quelqu'un. J'ai l'impression qu'il y a beaucoup de romans qui explorent pourquoi certaines personnes s'attachent à certains livres, comment la littérature façonne de façon subtile la vie de ceux qui lisent beaucoup, mais très peu qui parlent de ce que la musique fait aux gens. Je peux me tromper, peut-être que c'est une impression qui est pas fondée. Mais j'aime ce que Nick Hornby fait avec la musique dans ses livres, la façon qu'il a de l'imbriquer dans les personnages, d'en parler comme de ce qu'elle est : la forme d'art qui touche le plus facilement le plus de gens possible.

Dans' Juliet, Naked', c'est la sortie d'un album qui bouleverse la vie de Duncan & Annie, deux Anglais de près de quarante ans qui s'enlisent depuis une quinzaine d'années dans une relation fade mais réconfortante. L'album est de Tucker Crowe, singer-songwriter américain dont la carrière s'est mystérieusement interrompue dans les années 80. Modérément connus à l'époque, Tucker Crowe & ses chansons sont maintenant la cible d'analyses plus ou moins pointues & de divagations diverses de la part d'une poignée de fans obsédés. Dont Duncan. & quand une version démo du dernier album de Tucker Crowe fait son chemin jusqu'à Duncan, quand Duncan & Annie ont des réactions diamétralement opposées face au disque, quand Annie amorce par accident une correspondance avec quelqu'un qui dit être Tucker Crowe – tout déboule.

J'ai été surprise de voir à quel point ce livre ratisse large. L'auteur y creuse les questions auxquelles on s'attend après avoir lu le quatrième de couverture – qu'est-ce qu'on fait une fois qu'on a réalisé qu'on a perdu toute un bout de vie avec quelqu'un qui en valait pas la peine, qu'est-ce qu'on fait pour se donner l'impression de récupérer le temps perdu? – mais aussi d'autres tout aussi compliquées, qui ont toutes le potentiel d'être extrêmement mal-à-l'aisantes. Qu'est-ce que c'est que la famille, & qu'est-ce qu'on peut avoir comme relation avec des enfants qu'on n'a pas élevés & qu'on ne connaît pas? Qu'est-ce qui est mieux : faire de la bonne musique, ou être une bonne personne? Qu'est-ce qui arrive à l'art, à la musique, quand ceux qui en ont inspiré la création se révèlent finalement insipides & inintéressants? Etcétéra.

J'ai aimé ce livre par qu'il explore les petites trahisons & les lâchetés ordinaires des personnages, toutes les nuances de gris qui s'étendent entre le comportement que la plupart des gens savent qu'ils devraient adopter & celui qu'ils adoptent vraiment, la différence en ce qu'il faudrait faire & ce que nos mollesses & nos habitudes finissent par nous laisser faire. J'ai trouvé la fin un peu botchée, mais je l'ai quand même aimée parce que je trouve que ça force l'admiration, un auteur qui se permet d'explorer des questions & des difficultés auxquelles il n'apporte pas de réponse définitive. Je trouve que de laisser ses personnages dans le noir, les laisser se débattre avec leurs doutes & leurs peurs & leurs insuffisances, même une fois le livre terminé, ça a quelque chose d'authentique que j'aime beaucoup. Tout le monde n'apprend pas de ses erreurs, & tout le monde ne cherche pas non plus la rédemption, la vraie, la grande! & ici, dans ce roman truculent qui déborde de personnages délicieusement compliqués & désorientés, je garde surtout l'impression que l'important, l'essentiel dans une vie, c'est de tout mettre en oeuvre pour avoir le moins de regrets possible.

(Aaaaah que c'était pas concis. Lisez le livre, tant qu'à y être.)
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