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Critique de fabienne2909


Est-il possible de rattraper les années de sa vie que l'on a gaspillées ? Et si l'on souhaite essayer, comment faire ?
Telle est la question que se posent les personnages principaux de "Juliet, naked" : Annie, lors de la fin de sa relation avec Duncan après 15 ans de bons et loyaux services, et surtout après avoir supporté pendant toutes ces années la passion dévorante que celui-ci éprouvait pour la musique et le mythe que représente Tucker Crowe, un musicien moyennement connu qui a décidé du jour au lendemain d'interrompre sa carrière ; Duncan suscité, qui, s'il ne réfléchit pas beaucoup sur sa vie et se laisse mener par les évènements, se prend pour un tel "crowologue" qu'il ne laisse personne le contredire sur les analyses de la vie et de l'oeuvre de son idole, se demande un jour s'il n'est pas passé à côté de la juste analyse de la musique qu'il aime tant ; Tucker, qui a "bousillé" toutes ses relations avec ses ex tant il était soûl et refusait d'être un tant soit peu acteur de sa vie à partir du moment où il a arrêté la musique (on apprendra pourquoi au cours de la deuxième moitié du roman).

Ainsi, cette question, essentielle mais difficile à regarder en face, Annie décide d'y apporter une réponse en reprenant sa vie en main, aidée par une pichenette du destin : après avoir écrit une critique incendiaire du dernier album de Tucker Crowe (le brouillon de son chef d'oeuvre "Juliet"), elle est contactée par ce dernier et noue alors une relation épistolaire avec lui, qui va ensuite être transposée dans la réalité. Une relation qui va être bouleversante pour Tucker comme pour elle... et qui découvriront tous les deux que si l'on ne pet rattraper le temps perdu, au moins peut-on tenter de donner à sa vie un nouvel aspect, un nouveau ressort, en vivant plus intensément.

"Juliet, naked" met ainsi en scène des personnages un peu paumés, plein de doutes, profondément humains, qui tentent, de plein gré ou entraînés par les évènements, de rebondir dans leur vie, et qui deviennent ainsi, au fur et à mesure que le livre avance, plus matures.
Ecrit avec beaucoup de finesse et d'humour, empreint de mélancolie et de douce-amertume, l'ouvrage répond ainsi à des questions que l'on peut se poser sur le sens de la vie et ce que l'on peut faire de la sienne si elle ne convient plus (notamment les thèmes du célibat, de la peur de l'avenir, de la question des enfants - en avoir ou pas ? -, ces questions qu'Annie redécouvre soudain, même si celle des enfants était présente auparavant, sont très justement analysées), ou encore sur les relations que l'on peut (souhaiter) avoir, ou non, avec ses enfants et avec les autres de manière générale.

L'ouvrage pose également des questions sur l'art, à travers le motif de la passion de Duncan pour un artiste, mais aussi des propres interrogations de cet artiste : qu'est-ce que l'art ? Travestir la réalité est-il bafouer l'art ? Est-on de ce fait un imposteur ? En étant aussi fan de quelqu'un, en le possédant en analysant (le plus souvent à tort) les moindres aspects, aime-t-on vraiment un artiste, ou bien l'image que l'on s'en fait ?
L'auteur répond d'ailleurs par l'humour et l'ironie à cette dernière question, puisqu'au final, c'est la personne la moins investie dans "Tucker Crowe", Annie, qui le connaîtra le mieux, faisant ainsi apparaître Duncan ridicule.

"Juliet, naked" est assurément un bel ouvrage, que je vous conseille vivement !
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