AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de chichi_zibest


A la suite de 'La carte et le territoire' du même auteur, et qui reprend quelques un des thèmes de ce roman, je viens de lire 'La Possibilité d'une île'.
On y retrouve les thèmes chers à M.Houellebecq, à savoir
- l'absence de transcendance et de spiritualité du monde occidental, qui se concrétise par la disparitions des religions au profit du syncrétisme et des sectes.
- la domination de la science pour répondre aux espoirs des humains afin de les maintenir jeunes, beaux, et d'allonger leur vie . La science qui vise à proposer un monde artificiel qui supplante peu à peu la Nature, par trop insoumise à l'humanité.
- Ces humains n'ayant plus de volonté réelle et d'ambition mais des besoins matériels et surtout sexuels.
- du fait, le monde se divise en deux catégories, ceux qui profitent de cette orientation, vivent bien; et ceux qui en sont exclus, à jamais indigents.
Mais surtout, les thèmes de ce roman sont :
- l'amour, tel qu'il est perçu par l'auteur, dénaturé par ce mouvement progressiste et implacable.
- la vieillesse qui altère les corps, et atteint ainsi les esprits de ceux qui se voient peu à peu s'étioler et devenir exclus d'un monde qui ne s'intéresse qu'aux jeunes. A tel point que Houellebecq pointe justement l'existence de 'kids'. Chacun devant maintenir à la fois un corps et un code vestimentaire de kid, ou d'adolescent, pour rejoindre la nécessaire insouciance et l'impérieuse indifférence aux questions fondamentales de l'existence et de l'accès au bonheur.
Le sexe et notamment les rapports sexuels sont très présents dans la narration, parfois crûment. Pour l'auteur qui semble se confondre avec le personnage principal, le sexe est l'accès à l'amour, et une porte inévitable vers le bonheur humain.
Ce roman est, du point de vue de l'abord de ces thèmes, très réussi. Cependant, bien que le style et l'écriture de M.Houellebecq ne saurait souffrir d'aucune critique de ma part, j'ai déploré la vulgarité dans laquelle je ne me suis pas reconnu ne serait-ce que dans mes pensées intimes. D'autre part, certaines descriptions (notamment dans les passages relatifs à la secte Elohim) sont longs, plutôt verbeux et sans réel intérêt. Depuis ce roman écrit en 1998, je trouve que le style de l'auteur a considérablement mûri, il ne perd pas son tranchant mais est devenu plus suggestif et imagé.
La fin du livre est, je trouve, assez grandiose, et pose là la conclusion de l'auteur sur la vie, l'amour étant nécessaire pour le bonheur. Cela étant démontré d'une manière cynique (comme est le ton général du livre, à l'image du personnage principal, un humoriste adepte de cette philosophie), par le dernier Daniel qui envie son chien disparu. Je n'en dirai pas plus sur le contenu ;-).
En conclusion, pour les néophytes des romans de Houellebecq et de leur ton, je proposerais plutôt de commencer par 'La carte et le territoire', ou 'Serotonine'. Mieux, regarder l'intervention de Houellebecq lors de 'L'émission politique' en 2017 sur France 2. C'est confondant de réalisme et de profondeur sur l'analyse de la société occidentale et de la France notamment.
Par contre, en toute amitié, je déconseille la lecture de ce livre pour remonter son moral ;-)...

Commenter  J’apprécie          50



Ont apprécié cette critique (5)voir plus




{* *}