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Critique de Denis_76


J'aime Houellebecq.
Ici, pour moi, c'est une sorte de chef d'oeuvre.
Captivant, inimitable avec son style socio-humoristique, ayant l'air de se fiche des activités des humains dans leur ensemble... Et puis il y a les retournements de situation...
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Dès les premières phrases, on prend Jeff Koons et Damien Hirst au sérieux ; "Hirst buvait une Budweiser Light".
En fait, le "héros" n'est pas une de ces deux personnes, mais Jed Martin, photographe et peintre. Il peint, au début du livre, dans sa troisième "période". Il y eut d'abord La "Série Quincaillerie", ou il est obnubilé par la précision de l'usinage, puis l'exposition sur "Les cartes routières" où, fasciné par les nombreux détails évoqués par les cartes Michelin, il a affiché côte à côte des photos satellites et des représentations-photos agrandies Michelin des mêmes espaces : "La carte est plus intéressante que le territoire", d'où le nom du bouquin. En plus de la magnifique Olga, qui travaille chez Michelin, et qui le choisit comme sex-friend, il récolte un succès, car l'exposition est originale. Jed empoche du fric.
Mais ce n'est pas tout ; ensuite, au bout de 10 ans, vient la série des "Métiers Simples" qu'il réalise en peinture, ce coup-ci.
Franz, son galeriste lui propose de prendre contact avec Michel Houellebecq, un écrivain connu : peut être fera-t-il un texte de présentation pour cette nouvelle exposition.
Cela me fait penser au Belge Constantin Meunier et ses gravures, sculptures de travailleurs de la mine, un pendant en images de l'oeuvre de Zola, une évocation de ce sculpteur par un Zweig récemment lu.
Dans cette série se place le tableau " Jeff Koons et Damien Hirst se partageant le marché de l'art", décrit en introduction.
Nouveau coup de poker gagnant, les tableaux de Jed sont vendus pas loin d'un million !
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J'aime le côté sociologique de Michel Houellebecq, baba cool comme moi, mais sans doute beaucoup plus riche, LOL : il donne, par l'intermédaire de ses personnages, des avis aussi divers que :
les retards des plombiers, l'absurdité des prix des Picasso ( et des Jed Martin), la laideur des ensembles de le Corbusier, l'incompréhension de la messe, les théories économiques vaseuses, le capitalisme menacé de mourir mais qui renaît à chaque fois de ses cendres, la Parisien qui s'installe à la campagne, la nouvelle ruralité, les touristes russes et chinois, etc...
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Sur le plan de l'humour, tout au long du livre, son chauffe-eau fait des siennes. Mais il arrive à nous faire sourire sur l'euthanasie, la vieillesse, l'auto-dérision qui peint un Houellebecq sans doute pire qu'il n'est, la Suisse, l'inutilité des experts à la télévision, etc...
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Puis le livre se transforme en thriller avec un meurtrier atroce qui découpe sa victime au laser.
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Enfin, la fin de vie de Jed Martin, 90 ans dans les années 2050, nous montre un artiste un peu gaga, riche à millions travaillant des séquences vidéo à effets spéciaux, avec un message subliminal assez philosophique : la nature triomphe toujours de l'humain : et comme l'écrit Etienne de Montety, "Houllebecq peut être tenu pour l'héritier des naturalistes". C'est pour moi, quelque part, un successeur de Rousseau. :)
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