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Critique de Alfaric


Peplum, récits vikings, cape & épée, western, pulp policier… Quelque que soit le décor, l'auteur texan a toujours mélangé pour le plus grand plaisir de ses lecteurs histoire, fantastique et aventure avec un grand « A » ! Mais il y a toujours eu de la noirceur et du nihilisme dans ses créations, et cela resurgit encore souvent ici…
R.E. Howard a toujours un don unique car il lui suffit de quelques lignes pour accrocher lecteur, de quelques pages pour l'immerger dans son univers et dans son histoire (chez lui ni 100 pages de démarrage, ni 300 pages de mise en place, ni tome(s) d'introduction à la con). Si on ne vibre pas toujours voire pas souvent au cours de la lecture chez le créateur de Conan le barbare, il faut reconnaître que c'est un des rares auteurs dont la magie opère encore une fois le livre refermé, laissant toujours ne tête plein de représentation des bruits et des fureurs de ses récits !


"Les Dieux de Bal Sagoth" :

Cette nouvelle constitue un des nombreux avatars / brouillons des fabuleux Clous Rouges, donc c'est une bonne nouvelle ! Mais le fait que tout se déroule en moins de 24h n'est pas crédible du tout : si les divers points forts du récit s'étaient étalés sur plus de jours et plus de pages on aurait tenu un récit nettement plus abouti…

"Le Crépuscule du Dieu Gris" :
Là encore une excellente nouvelle dans laquelle nous assistons à une confrontation entre une alliance chrétienne conduite par le roi irlandais Brian Boru et une alliance païenne conduite par le roi viking Brodir. 2 hommes de fer qui conduisent à la guerre des hommes de fer.
Beaucoup de bruit et de fureur donc, mais reste la désagréable impression d'avoir loupé un ou plusieurs épisodes (comme souvent pourrait-on dire avec Howard).
Car si le récit est très net sur certains points (la soif de revanche de Conn, les rivalités entre clans irlandais, les apparitions du Dieu Gris, les guerriers dalcassiens), il est plus nébuleux sur d'autres…

"Lance & Croc" :
Une novelette préhistorique mais au final rien de très intéressant car cela ne vaut pas un bon vieux "Rahan" ! ^^

"Dans la Fôret de Villefère" :
Un conte macabre de quelques pages de peu d'intérêt si ne revoyait pas de Montour dans "La Tête de Loup"…

"La Tête de Loup" :

… "La Tête de Loup" est la suite de "La Forêt de Villefère" et une chouette nouvelle qui rappelle à la fois le huis-clos du "Sang de Belshazzar" et les aventures africaines de "Solomon Kane".
Et la Tête de Loup dont le regard instille horreur, bestialité, envie de meurtre et soif de sang à celui qu'elle hante me rappelle le regard perçant de la sorcière vaudou de "L'Enjomineur" de Pierre Bordage qui ne laisse aucun répit à celui qui ne tue pas...
Mais évidemment cette nouvelle reste bancale car traitée au pas de course. Que donnerait un tel synopsis dans un récit plus abouti ?
Réponse dans "Réflexions pour l'hiver de mon âme" de Karl Edward Wagner... ^^

"Le Crâne Vivant" :

Le côté feuilletonnant est assumé, et finalement plus cohérent et plus digeste que dans d'autres nouvelles traitées au pas de course tel Jack Bauer sauvant tout et tout le monde des Russes, des Arabes, des Latinos, des Chinois et des traîtres à leur patrie (rayez les mentions inutiles).
Evidemment le tout est assez daté car les serials issus de l'univers des pulps appartiennent à une autre époque. le synopsis ci-dessus pourrait être repris à quelques mots près pour tous les épisodes des "Mystères de l'Ouest", de la saga "James Bond" ou d'une bonne partie des films d'actions des années 1980. Howard ajoute des éléments de son univers au schéma du Fu Manchu de Sax Rohmer : le héros brisé (ici un ancien soldat de la 1ère Guerre Mondiale victime de troubles post-traumatiques), les drogues et leurs effets (toxicomanie, addiction, manque, délire…), le surnaturel (ici un sorcier atlante).
Quant au fantasme raciste de la grande alliance des Noirs, des Bruns et des Jaunes contre le règne bienveillant de l'Homme Blanc, il mériterait pour sûr une analyse plus en profondeur (pourquoi a-t-on peur de leur révolte ? parce qu'on sait qu'on les exploite et qu'à leur place on chercherait aussi à se rebeller sinon à se venger). Mais notre Patrice Louinet national a déjà su délimiter la place du racisme dans l'oeuvre de R. E. Howard.

"Le Moment Suprême" :
Nouvelle « coup de poing » qui ne dépareillait pas dans un univers lovecraftien.

"Le Feu d'Asshurbanipal" :

Un bon récit d'aventure à l'ancienne ! Que demander de plus ? Une cité antique, une noire légende, un trésor fabuleux, un gardien monstrueux…
Encore une fois, l'influence lovecraftienne est évidente, surtout dans le final.

"Les Guerriers du Valhalla" :
Howard reprend la thématique de la confrontation entre civilisés, barbares et sauvages au travers des fameux treks aryens. Tout cela pour aboutir une nouvelle quelque part entre "Les Dieux de Bal Sagoth" (très bien) et "La Vallée des Femmes Perdues" (très bof bof).
Par contre il est intéressant de voir les passages sur la métempsychose des personnages principaux annoncer quelque part les aventures du Champion éternel de Michael Moorcock.

"Les Morts se Souviennent" :
A travers lettres et témoignages, on revit les derniers instants d'un cow-boy texan victime de la malédiction d'une sorcière vaudou. Une nouvelle classique et efficace, mais là aussi je revoie la sorcière africaine de "L'Enjomineur" de Pierre Bordage.

"Querelle de Sang" :
Deux Cow-boys vident leurs querelles dans les collines du Texas dans un nouvelle « coup de poing » : très classique et très efficace.

"La Maison d'Arabu" :

Howard nous conte le récit d'un nouvel avatar du barbare du Nord venant trouver aventure et fortune dans les royaumes civilisés du Sud.
Ici on retrouve la Mésopotamie antique avec ses dieux et ses démons, ses cités-Etats, ses rois et ses reines, ses généraux corrompus et ses prêtres comploteurs… Une belle réussite qui fait regretter que cette période ne soit pas plus visitée.

"L'Ombre du Hun" : (inachevé)
Flashback dans la vie Turlogh O'Brien racontée dans une nouvelle qui aurait pu constituer la suite des Dieux de Bal Sagoth. Avec la lutte entre Aryens et Turaniens, entre Chrétiens et Musulmans, on reste dans l'ambiance du Seigneur de Samarcande.


Il faut aussi mentionner un travail soigné de la part des éditions Bragelonne, supervisé par Patrice Louinet, éminent spécialiste de l'auteur américain, qui ici signe la traduction, l'introduction et la postface de l'ouvrage. Et on nous a gâté avec les nombreuses illustrations intérieures de Didier Graffet : encore du bel ouvrage !
Maintenant vous êtes invités à entrer dans un univers of High (Dark) Adventures… Bonnes lectures à toutes et à tous, et enjoy !
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