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Critique de JustAWord


Tu entres dans une pièce.
Au milieu, un livre. Petit, noir, vicieux.
Tu t'approches sans faire de bruit car tu as la sensation que les murs t'épient, qu'ils crépitent.
Une fois devant la petite table en bois, tu discernes mieux le titre du livre-mystère : La Maison des Épreuves.
D'instinct, tu le retournes pour tenter de trouver un résumé mais il n'y en a aucun, seul une citation étrange qui te met mal à l'aise.
Sur la couverture, un entrelacs de lignes brisées avec quelques noms au milieu : Jason Hrivnak, un auteur canadien qui t'es inconnu, et Claro, un traducteur français qui adore les textes fous et sans limites.
Tu te sens oppressé par le livre que tu tiens. Coïncidence, les éditions qui l'éditent portent le doux surnom de L'Ogre. Est-ce un piège ? Qui t'as parlé de ce livre et pourquoi semble-t-il aspirer tes moindres désirs entre ses pages fines et craquelées ?

Tu décides de l'ouvrir.
Mais rien ne va. Après une trentaine de pages, tu réalises que le récit que tu viens de lire semble être déjà terminé. Un étrange narrateur te parle de son amitié (amour ?) avec une femme qu'il connaît depuis l'enfance. Malheureusement pour lui, elle s'est suicidée. Pour en faire son deuil, il a l'idée d'écrire un texte sous forme d'épreuves pour exorciser et tester celui qui le lit. Il semblerait que le narrateur ne soit pas quelqu'un de particulièrement sain d'esprit, tout comme Fiona, son amie suicidée qui s'amusait avec lui à créer les pires tortures possibles dans ce qu'il imaginait être le Terrain d'Essai.
Qu‘est-ce qui cloche dans cette histoire d'amour :
1- Se trancher la carotide n'est pas romantique
2- Concevoir des épreuves sadiques ne constituent pas une passion acceptable
3- Les maladies ne peuvent pas nous unir durablement
4- Tenter de sauver Fiona n'a aucune valeur si elle est déjà morte

Bien sûr, le glauque de cette histoire au noir te surprend. Pire encore, tu comprends que cet amour dysfonctionnel puisse avoir quelque chose d'attirant pour qui tient le livre entre ses mains. Tu t'aperçois que toi-même, tu es incapable de lâcher l'objet qui s'enracine entre tes doigts.
Tu le secoues mais rien n'y fait. Il t'obsède avec ses leitmotivs et des rengaines morbides.
Concevoir l'amour comme un jeu macabre est-il raisonnable ? Peut-on vraiment imbiber d'essence une personne que l'on aime et la regarder brûler sans hurler ?

Vous arrivez dans la Maison des Épreuves.
Avez-vous dormi ? Etes-vous réveillé ? le livre est toujours là mais il ne semble ne plus y avoir de véritable histoire. le suicide de Fiona était-il une conclusion ? Il ne semble pas puisque le narrateur vous emmène à travers trois sections déroutantes et de plus en plus angoissantes.
Votre pouls s'accèlère et votre respiration se fait bancale. S'il y avait de l'oxygène ici, il n'en reste peut-être plus assez pour vous.
Le manuscrit de l'amant-ami de Fiona mute sous vos yeux. D'une sorte de livre dont vous êtes de héros, il s'aventure ensuite vers un simili-jeu de rôle ou un jeu vidéo sanglant et perturbant.
Chaque page recèle des interrogations imprévues. A choix multiples ou non, vous devenez le témoin privilégié d'une série d'histoires horribles sorties de l'esprit d'un dément sachant manier la plume.
Peut-on empêcher le suicide d'une personne en lui parlant de meurtres et de tortures ? Que cherche à dire le narrateur de cet OLNI en ressassant des obsessions qui vous triture les entrailles ?

On joue avec votre inconscient.
Plus les pages se tournent (d'elles-mêmes ?) et plus votre esprit vacille. Tout ça ne semble avoir ni queue ni tête mais vous êtes fasciné par l'inventivité maladive de l'auteur. Vous n'êtes plus le héros ni le lecteur de ce livre maudit mais une sorte de cobaye dont on teste les barrières mentales. Petit à petit, vous vous surprenez à répondre aux questions farfelues qui vous sont posés. Chacun doit réagir différemment mais vous, vous vous mordez l'intérieur de la joue.
Est-ce que le goût de votre propre sang apporte quelque chose de plus horrifiant à ces histoires ? Pourquoi vous semble-t-il que le livre entre vos mains vous étudie autant que vous à son envers…si ce n'est davantage ?

Vous n'avez plus de repères.
Finalement, l'aventure s'arrête aussi abruptement qu'elle avait commencé. Tout vous semble étrange et totalement logique à la fois. Tout s'emboîte dans votre cerveau et, sans le comprendre vraiment, quelque chose vous dit que c'est très beau. Cette lettre-questionnaire-testament comme ultime radeau de sauvetage dans un océan de noir.
Jason Hrivnak est-il le narrateur ? Ou est-ce vous ? Qu'avez-vous compris à la Maison des Épreuves et quelle expérience en retirez-vous ? Avez-vous déjà posé la main sur le montant de la porte pour sortir de ce cauchemar expiatoire ou préférez-vous vous attardez dans l‘obscurité ?

La Maison des Épreuves vous teste, elle n'est ni un roman ni un amusement. Un cauchemar qui vous révèle votre véritable moi et qui vous questionne sur vos peurs-désirs les plus intimes.
Une expérience qui vous a fait connaître d'autres réalités, un livre qui refuse de vous lâcher parce qu'il sait désormais qui vous êtes.
Voulez-vous vraiment en parler à d'autres que votre aimée ?
Lien : https://justaword.fr/la-mais..
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