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L'Ogre (05/01/2017)
3.55/5   57 notes
Résumé :
Après le suicide de son amie d’enfance, un homme entreprend de poursuivre le carnet dans lequel ils avaient ensemble construit un monde imaginaire et terrible. À la fois lettre d’amour, tentative de rédemption et manuel de survie à nos pulsions autodestructrices, La Maison des Épreuves est un rêve fiévreux à ranger aux côtés de La Foire aux atrocités de J. G. Ballard et de La Maison des feuilles de Mark Z. Danielewski.
« Ce livre a juste besoin d’... >Voir plus
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Une ombre plane sur la littérature, et cette ombre est celle de l'Ogre. Ogre-dieux, ogres-mages, les livres de maison d'édition de l'Ogre ne cessent de surprendre par leur diversité et leur pouvoir d'invention. Si fantastique il y a via cette évocation de la figure de l'Ogre, c'est dans la capacité de métamorphose du réel par le langage. Et peut-être aussi leur capacité à nous emmener dans l'Orcus, le royaume des morts (ogre se dit bien orco en italien).

« La Maison des Épreuves n'aura aucun ou peu d'effet thérapeutique sur toute autre personne que sa destinataire. Mais le fait que je puisse me tromper dans les deux cas m'a coûté de nombreuses heures de sommeil et, au final, j'estime qu'un peu de quiétude spirituelle vaut bien cette atteinte à ma vie privée. de là ma décision de publier la Maison des Épreuves. »

La Maison des épreuves est un livre des morts à l'usage des vivants, un regard d'Orphée vers une Eurydice suicidée.
Le livre, qui découle du choc de la nouvelle de la mort de cette femme que le narrateur a perdu de vue à la fin de l'enfance, se présente comme l'impossible remède qui aurait pu, peut-être, ramener son amie vers la vie en voyant qu'il reprenait enfin à son compte leur imaginaire enfantin et cruel du « terrain d'essai » porté à un niveau supérieur, celui de la "Maison des épreuves". Ce livre, imagine-t-on, les aurait remis en relation et aurait peut-être permis de la détourner de son suicide. le livre déploie cet impossible. Un livre « pour tous et pour personne », comme disait l'auteur de la « Grande Santé ».

Car fondamentalement ce livre sur la mort est nécessairement un livre sur la vie. Et il se présente bien à la fois dans son propos liminaire que je viens de citer, que par sa forme en petites sections presque indépendantes du point de vue narratif, comme un livre-cachet à s'administrer régulièrement, thérapeutiquement, par section, pour trouver dans la littérature une sorte de survie, une « petite santé » faite (et forte) de devenirs, d'inachèvement, de lignes de fuite, de fictions, comme le disait Deleuze dans un très bel article intitulé « La littérature et la vie » (repris dans Critique et clinique).

Ce livre est un coup de maître dans le jeu littéraire. le terme de « jeu » est attirant de par la forme que le livre adopte. Après l'introduction présentant Orphée et Eurydice, je veux dire le narrateur et Fiona, trois sections s'enchaînent, chacun avec ses règles d'écriture, ses risques, son jeu, son niveau d'interprétation.
La première section se présente par une mise en situation assortie de QCM où l'humour et la cruauté se combinent de manière merveilleuse :

« 12. Tard un soir, sous une lumière extrêmement vive, vous vous déshabillez devant le miroir. Vous êtes l'image même de la femme radieuse. Votre peau est impeccable, votre silhouette riche en promesses sexuelles. Sur votre dos, juste au-dessous des omoplates, deux bosses osseuses avec des plumes ont commencé à saillir et percer la peau. Ce sont vos ailes. Si on les laisse pousser, quel effet physiologique auront-elles ?
A. Elles entraîneront la chute de vos cheveux.
B. Elles coûteront à votre peau son éclat et sa souplesse.
C. Elles vont rendront incapable de nager.
D. Elles vous rendront stérile.

(...)

Un extrait de la Lettre de la sorcière des mers du Sud
« La constellation dite du Charognard est visible dans cet hémisphère entre les mois de décembre et de mai. Quand des comètes passent devant le torse du Charognard, des chevaux meurent dans leur sommeil et des enfants naissent avec des difformités de la colonne vertébrale. Il est flanqué de l'Anorexique à sa gauche et à sa droite du Nécrofile. Les étoiles qui composent son visage luisent davantage quand je me déshabille. » D'après la reconfiguration que fait l'auteur du ciel nocturne, quelles constellations sont situées respectivement de part et d'autre de l'Anorexique et du Nécrofile ?
A. L'Incendiaire et le Bébé Bicéphale.
B. La Danseuse de pole dancing et le Virologue.
C. L'Ivrogne et la Mitraillette légère.
D. L'Usine et l'Épileptique. »

Malgré l'aspect de divertissement que présente cette section et son aspect disparate, une certaine narration est à l'oeuvre : on aborde les salles de ladite Maison des épreuves qui donne son nom au livre. On s'aperçoit aussi rapidement que tous ces passages, même ceux les plus anodins, sont en réalité une mise à l'épreuve. Une mise à l'épreuve qui s'affirmera de plus en plus au fil des sections de manière claire et... éprouvante. La section II déploie ainsi de courts scénarios où la fantaisie s'est effacée pour laisser place à des situations plus réalistes, plus sombres, plus angoissantes. Je prends à titre d'exemple le début des premiers scénarios mis à la suite les uns des autres :

« Vous faites la queue devant la tente d'un guérisseur… Vous traversez les ruines d'une ville dévastée par des bombes incendiaires… A l'âge de vingt-trois ans, vous épousez un grand et bel étranger… Vous trouvez un boulot de détective privé… A l'âge de vingt-cinq ans, vous tombez enceinte… Tard le soir, alors que vous allaitez votre nouveau-né, vous regardez par la fenêtre et voyez deux hommes en train de creuser un trou dans le terrain vague derrière votre jardin... »

Face à chaque situation s'offre un choix pour une destinatrice qui s'imagine ne plus en avoir, si ce n'est celui de se supprimer. Cet arrière-fond, peut être oublié du lecteur, est ce qui donne tout son sens au récit. En même temps il ne s'agit pas de choix. Car il n'y a pas à choisir, c'est l'étoilement du possible qui reste le plus important. C'est le « jeu » entre les réponses, le « jeu » comme l'entrebâillement de la porte du désir et de l'angoisse qui doit être maintenue comme telle, dans cette liberté, dans ce foisonnement de la fiction qui est à la fois terrible et salvatrice, « volonté de chance » dirait Bataille. Et qu'importe la direction choisie, la littérature est un « navire de nulle part », qui erre sans destination, se guidant ici sous la constellation du Charognard.

La troisième et dernière section est celle qui nous emmène jusqu'au fond de l'horreur de la « Maison des épreuves ». Ici le découpage part d'un scénario numéroté, et se décompose en sous-section (1.a, 1.b, 1c et sequitur) chacune avec son lot de questions sûrement sans réponses adressées à la lectrice / au lecteur. Prolifération de l'introspection, de la fiction comme de la vie, de la vie comme une exquise bactérie qui pullule. C'est dans cette partie que l'on atteint le coeur de l'expérience de la Maison, par-delà l'épreuve presque, et Fiona semble prendre fictivement la parole, parole de spectre mis en scène au sein de la Maison.

« Quel est le secret pour rester silencieux quand on subit une épreuve ? Ce savoir est-il réservé aux commandos et agents secrets ? Ne devrait-il pas être également dispensé aux enfants comme moi, du moins jusqu'à ce qu'ils soient assurés d'être en sécurité ?

(…) Pourquoi la tristesse est-elle toujours présente même les fois où je ressens la plus grande joie ? (…) de propos infiniment clair et délibéré, j'ai mis fin à mes jours. Ai-je commis là une chose horrible ? Prescrivez-moi une autre solution. Imaginez-moi un avenir dans lequel je retrouverai l'éloquence qui est la mienne ce soir en tant qu'enfant choisissant de se suicider. »

Dont acte.

La Maison des épreuves est un livre des morts, un livre de vie, un livre d'amour. Face à l'impossible de la mort et du deuil nous est livré l'impossible de la littérature, irréalité contre irréalité. Cette solution pourrait être mise à la réflexion à travers toute une littérature tant philosophique que littéraire (de Cioran à Primo Levi, que la littérature a sauvé dans les camps mais dont la "petite santé" n'a pas empêché ensuite son suicide).

« Pourquoi consacrons-nous plus de passion aux amours qui nous détruisent qu'à celles qui nous guérissent et nous complètent ? Est-il inévitable que nous nous comportions de la sorte ? Imaginez que votre mort ne mette aucun terme au désir, qu'il vous plonge dans des états désirants encore plus fous et plus puissants. Bien qu'on vous enterre seule sous la terre froide et définie, vous brûlerez de désir pour votre amour à jamais secret. Discutez. » Excipit
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Faites-vous parfois de ces rêves qui ne sont ni des cauchemars ni à proprement parler des rêves agréables ? Pensez-vous parfois à votre enfance et aux différents choix qui vous ont conduit jusqu'à cette vie d'adulte aujourd'hui ? la vie c'est une chose étrange : on y arrive sans l'avoir demandé, on passe de l'enfance à l'âge adulte en suivant un chemin plus ou moins compliqué, tout ça sans autre sens parfois que celui que nous donne l'obligation sociale d'aller à l'école, d'apprendre des choses, ensuite de travailler, muni de ce savoir scolaire, puis de mourir, en ayant pour certains d'entre nous projeté dans cette vie d'autres enfants qui feront un chemin similaire.

Pour en revenir aux rêves qui ne sont pas des cauchemars mais un peu quand même, je les vois comme une projection de ce qui aurait pu être, ou qui a été, dans un chemin parallèle ponctué de « si ». Peut-être que je me pose trop de questions, peut-être que je ne me contente pas suffisamment « d'être », peut-être que je cherche des questions à des réponses qui me plaisent. Peut-être que je me raconte des histoires et que j'aime que l'on m'en raconte : de belles, d'intenses et douloureuses histoires, qui seraient les réponses aux questions qu'on évite de se poser.

Le livre de Jason Hrivnak, La Maison des Épreuves, est de ces recueils d'histoires qui ouvrent une porte cachée dans l'ombre de notre imaginaire. Cette porte qu'on évite, sous peine de sentir le coeur battre trop vite.

Je me suis « administré » La Maison des Épreuves, exactement comme le souhaitait l'auteur.

Qu'est-ce que ce livre ? Difficile de le réduire à une case : un roman d'initiation, un manuel d'Amour absolu, un guide pour ne pas mourir.

Cela commence comme un roman classique. le narrateur vient d'apprendre le suicide de son amie d'enfance Fiona. Dès lors il évoque le souvenir de cette amie et de leurs années d'enfance communes.

Fiona l'a en quelque sorte choisi à l'école, et depuis ils ne se sont plus quittés, jusqu'au déménagement de la petite fille. le lecteur découvre une amitié sans faille, une amitié qui fait des deux écoliers une seule entité, une seule respiration, le tout clos dans un univers sorti des fantasmes les plus sombres que l'on puisse imaginer. Cet univers est une protection, contre l'école, les camarades, contre la faible santé qu'on devine de Fiona, contre toutes les brimades que la vie peut amener à deux jeunes enfants. Cet univers est formalisé par les deux amis sous le nom de Terrain d'Essai. Cet endroit imaginaire est comme un monde d'épreuves où viennent ceux qui veulent confronter leurs peurs, leurs angoisses et la réalité de leurs désirs.

Il s'agit vraiment d'éprouver. de comprendre ce que l'on est prêt à donner de soi pour réaliser un désir. Il s'agit aussi d'éprouver la force de ses sentiments, haine ou amour, et de s'abandonner totalement au sort.

Ce Terrain d'Essai était l'oeuvre commune du narrateur et de Fiona, qui en rédigeaient chacun des épreuves, les plus folles, les plus douloureuses et angoissantes les unes que les autres. Puis tout s'est arrêté au déménagement de Fiona. Après quelques tentatives de relation épistolaire, le lien entre les deux amis s'est étiolé, jusqu'à se rompre. Tandis que le narrateur avançait dans une vie d'adulte qui ne le satisfaisait pas, jusqu'au point de ne désirer qu'une vie sans événements et sans soubresauts, Fiona, elle, expérimentait les plus sombres folies de ce bas monde : alcool, drogue, errance et oubli de soi. Jusqu'au suicide, dans leur ancienne école, au plus près de ce qui symbolisait son amitié avec le narrateur.

Cette première partie du livre explique la genèse de la Maison des Épreuves, et ce à quoi elle est destinée : aider ceux qui en ont besoin. Et c'est là que l'on bascule dans un tout autre livre. Après l'introduction, les sections I, II et III nous emmènent dans un labyrinthe d'événements et de personnages, avec comme soutien : vous, le lecteur. Chacune des trois sections décrit des situations, parfois morbides, romantiques, violentes, effrayantes, miraculeuses, sous forme de paragraphes numérotés (et même de QCM dans la section I)

La narration est poussée dans des limites surréalistes, avec une adresse tant à Fiona, qu'à quiconque se soucierait de « sauver » quelqu'un. Car c'est le coeur du sujet : montrer à Fiona, et à qui en aurait besoin, qu'elle est vue, qu'elle existe, que sa propre traversée des épreuves a une signification. Les trois sections sont une succession de mondes et de situations oniriques aussi bien que bassement réalistes. C'est un labyrinthe dans lequel le lecteur pourrait se perdre, s'il ne reconnaissait les mêmes deux personnages, changeant de peau, de costumes, de vie et de désir, au fur et à mesure des épreuves. Il est facile d'identifier Fiona et le narrateur, qui se cherchent l'un l'autre au fil des tableaux, mais ce pourrait être vous, moi, n'importe qui. Je me suis vue endormie dans le verger des pommes blanches, errant à la recherche de mon premier amour, ou élaborant des stratégies de morts chaque fois plus horribles.

Livre de chagrin et de consolation, la Maison des Épreuves, comme son nom l'indique, est destiné à éprouver, à montrer, et à illuminer dans le même temps qu'il nous plonge dans l'abîme. C'était une sorte de songe cauchemardesque à lire, mais libérateur, qui m'a rappelé mon rêve à moi : celui d'une pièce blanche, silencieuse et vide de tout.

Oui, le chagrin imprègne ses pages, mais aussi l'Amour et le désir d'enfance. J'ai ressenti ce livre comme un miroir de notre imaginaire d'enfant, protecteur et plein d'espoir. C'est autant une quête d'Amour et de compréhension qu'un manuel de psychothérapie à l'usage des malades de la vie.

J'ai attendu ce livre, avant qu'il ne sorte ce début d'année, tant j'ai été admirative de ce qu'en disait son traducteur pour la France, Claro, sur son blog le Clavier Cannibal.

Si vous avez aimé La Maison des feuilles de Mark Z Danielewski, tout les livres de Thomas Pynchon, ou le Tunnel de William H. Gass (d'ailleurs également traduit par Claro), foncez, lisez ce livre sans plus attendre. Si vous aimez être bousculé dans vos certitudes, ou simplement si vous êtes un vrai lecteur, curieux de tout, lisez-le aussi.

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Une merveille. Un piège, un road-trip, un livre des règles, un jeu de rôles, et sans doute l'une des plus belles déclaration sur l'amour que j'aie pu lire dans une fiction.
Une manière de transformer la mort, la perte d'un être cher en un itinéraire, une voie vers la re-découverte de l'autre. le meilleur de Clive Barker rencontre Jorge Luis Borgès, et c'est d'un bonheur aussi inattendu que profondément troublant.
Indispensable.
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Tu entres dans une pièce.
Au milieu, un livre. Petit, noir, vicieux.
Tu t'approches sans faire de bruit car tu as la sensation que les murs t'épient, qu'ils crépitent.
Une fois devant la petite table en bois, tu discernes mieux le titre du livre-mystère : La Maison des Épreuves.
D'instinct, tu le retournes pour tenter de trouver un résumé mais il n'y en a aucun, seul une citation étrange qui te met mal à l'aise.
Sur la couverture, un entrelacs de lignes brisées avec quelques noms au milieu : Jason Hrivnak, un auteur canadien qui t'es inconnu, et Claro, un traducteur français qui adore les textes fous et sans limites.
Tu te sens oppressé par le livre que tu tiens. Coïncidence, les éditions qui l'éditent portent le doux surnom de L'Ogre. Est-ce un piège ? Qui t'as parlé de ce livre et pourquoi semble-t-il aspirer tes moindres désirs entre ses pages fines et craquelées ?

Tu décides de l'ouvrir.
Mais rien ne va. Après une trentaine de pages, tu réalises que le récit que tu viens de lire semble être déjà terminé. Un étrange narrateur te parle de son amitié (amour ?) avec une femme qu'il connaît depuis l'enfance. Malheureusement pour lui, elle s'est suicidée. Pour en faire son deuil, il a l'idée d'écrire un texte sous forme d'épreuves pour exorciser et tester celui qui le lit. Il semblerait que le narrateur ne soit pas quelqu'un de particulièrement sain d'esprit, tout comme Fiona, son amie suicidée qui s'amusait avec lui à créer les pires tortures possibles dans ce qu'il imaginait être le Terrain d'Essai.
Qu‘est-ce qui cloche dans cette histoire d'amour :
1- Se trancher la carotide n'est pas romantique
2- Concevoir des épreuves sadiques ne constituent pas une passion acceptable
3- Les maladies ne peuvent pas nous unir durablement
4- Tenter de sauver Fiona n'a aucune valeur si elle est déjà morte

Bien sûr, le glauque de cette histoire au noir te surprend. Pire encore, tu comprends que cet amour dysfonctionnel puisse avoir quelque chose d'attirant pour qui tient le livre entre ses mains. Tu t'aperçois que toi-même, tu es incapable de lâcher l'objet qui s'enracine entre tes doigts.
Tu le secoues mais rien n'y fait. Il t'obsède avec ses leitmotivs et des rengaines morbides.
Concevoir l'amour comme un jeu macabre est-il raisonnable ? Peut-on vraiment imbiber d'essence une personne que l'on aime et la regarder brûler sans hurler ?

Vous arrivez dans la Maison des Épreuves.
Avez-vous dormi ? Etes-vous réveillé ? le livre est toujours là mais il ne semble ne plus y avoir de véritable histoire. le suicide de Fiona était-il une conclusion ? Il ne semble pas puisque le narrateur vous emmène à travers trois sections déroutantes et de plus en plus angoissantes.
Votre pouls s'accèlère et votre respiration se fait bancale. S'il y avait de l'oxygène ici, il n'en reste peut-être plus assez pour vous.
Le manuscrit de l'amant-ami de Fiona mute sous vos yeux. D'une sorte de livre dont vous êtes de héros, il s'aventure ensuite vers un simili-jeu de rôle ou un jeu vidéo sanglant et perturbant.
Chaque page recèle des interrogations imprévues. A choix multiples ou non, vous devenez le témoin privilégié d'une série d'histoires horribles sorties de l'esprit d'un dément sachant manier la plume.
Peut-on empêcher le suicide d'une personne en lui parlant de meurtres et de tortures ? Que cherche à dire le narrateur de cet OLNI en ressassant des obsessions qui vous triture les entrailles ?

On joue avec votre inconscient.
Plus les pages se tournent (d'elles-mêmes ?) et plus votre esprit vacille. Tout ça ne semble avoir ni queue ni tête mais vous êtes fasciné par l'inventivité maladive de l'auteur. Vous n'êtes plus le héros ni le lecteur de ce livre maudit mais une sorte de cobaye dont on teste les barrières mentales. Petit à petit, vous vous surprenez à répondre aux questions farfelues qui vous sont posés. Chacun doit réagir différemment mais vous, vous vous mordez l'intérieur de la joue.
Est-ce que le goût de votre propre sang apporte quelque chose de plus horrifiant à ces histoires ? Pourquoi vous semble-t-il que le livre entre vos mains vous étudie autant que vous à son envers…si ce n'est davantage ?

Vous n'avez plus de repères.
Finalement, l'aventure s'arrête aussi abruptement qu'elle avait commencé. Tout vous semble étrange et totalement logique à la fois. Tout s'emboîte dans votre cerveau et, sans le comprendre vraiment, quelque chose vous dit que c'est très beau. Cette lettre-questionnaire-testament comme ultime radeau de sauvetage dans un océan de noir.
Jason Hrivnak est-il le narrateur ? Ou est-ce vous ? Qu'avez-vous compris à la Maison des Épreuves et quelle expérience en retirez-vous ? Avez-vous déjà posé la main sur le montant de la porte pour sortir de ce cauchemar expiatoire ou préférez-vous vous attardez dans l‘obscurité ?

La Maison des Épreuves vous teste, elle n'est ni un roman ni un amusement. Un cauchemar qui vous révèle votre véritable moi et qui vous questionne sur vos peurs-désirs les plus intimes.
Une expérience qui vous a fait connaître d'autres réalités, un livre qui refuse de vous lâcher parce qu'il sait désormais qui vous êtes.
Voulez-vous vraiment en parler à d'autres que votre aimée ?
Lien : https://justaword.fr/la-mais..
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J'ai découvert ce livre il y a un petit temps sur la chaine youtube de Flo Bouquine (mais je ne retrouve plus la vidéo xD) et la structure inhabituelle de l'ouvrage ainsi que son contenu dérangeant m'avait donné envie de lui donner sa chance. Je suis donc super contente de l'avoir reçu pour mon anniversaire ! Je me suis lancée directement dans sa lecture et j'ai eu du mal à le lâcher avant la fin. J'étais toujours équipée d'un crayon, car j'ai décidé de répondre aux questions posées dans le livre directement par écrit à la suite du texte.

L'ouvrage se divise en quatre parties : une introduction, un test à choix multiples, une section avec des petites situations à résoudre et une partie avec de plus longs récits où des questions sont également posées.

L'introduction commence avec l'annonce du suicide de Fiona, l'amie d'enfance du narrateur. Avec nostalgie, ce dernier se souvient de leur relation à part. Alors qu'au départ, ce sont juste deux gamins qui s'amusent ensemble, car rejetés par les autres, ils créent le « terrain de jeu » : un concept dans lequel ils mettent au point des tests et des tortures pour « aider » les gens de leur entourage à surmonter leurs faiblesses. Heureusement pour leurs proches, tout cela restera sur papier et ne sera jamais mis en oeuvre. Fiona et ses parents déménagent et les deux jeunes vont se perdre de vue. Alors qu'il apprend son suicide, le narrateur va prendre la plume et écrire ce livre pour tenter de sauver toutes les Fionas qui peuvent encore l'être.

Avec une telle introduction, je m'attendais à des situations vraiment trash à décortiquer ou des dilemmes moraux horribles. Au final, on est plutôt dans l'étrange et le bizarre que dans le gore, ce qui m'a tout autant plu ! En quelques mots, le contexte est posé pour chaque cas. Pour chaque petit récit, on endosse un rôle différent. Parfois, on se demande si on ne retrouve pas un ancien personnage qu'on a déjà incarné.

J'ai trouvé le concept du livre très intéressant, son contenu addictif et totalement décalé, j'ai par contre été méga frustrée par la fin. Il n'y a aucune conclusion à toutes ces questions et aux réponses qu'on y a apportées. Si j'ai beaucoup aimé lire ce livre, je suis passée totalement à côté du pourquoi il a été écrit. En soi, je ne vois pas vraiment en quoi répondre ou même seulement réfléchir à toutes ses interrogations aiderait qui que ce soit.

Le dernier mot du livre est « Discutez ». Peut-être que ce livre est dès lors une lecture à faire à plusieurs, à voix haute, afin de réfléchir ensemble à ces cas extrêmes, mais aussi pour découvrir quel genre d'entourage vous avez et ainsi pouvoir construire vous aussi votre terrain de jeu ?

Un livre surprenant au concept original, tourné vers l'étrange et le bizarre. Des situations hors normes, des questions sur comment réagir dans des cas pareils. Cependant, le manque d'une conclusion final sur le pourquoi de ce livre m'a clairement déroutée.
Lien : https://livraisonslitteraire..
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
7b. C’est au cours de ces premières années d’exil que votre sœur et vous avez inventé Clarion. Clarion est la ville des difformes. Ses rues et ses places grouillent des variations les plus saugrenues de la Nature sur la silhouette humaine et il n’y a pas deux habitants semblables par leur forme. Les philosophes de Clarion considèrent l’anatomie humaine conventionnelle comme une simple armature, un cintre sur lequel est suspendue, dans le cas de monstres, une forme plus singulière et plus noble. Si vos parents ou les autres villageois se promenaient dans cette ville, ils seraient des parangons de la plus grotesque laideur. D’autant plus que leur laideur est celle de la banalité. Dans quel domaine ou pour quelle spécialité les habitants de Clarion sont-ils réputés ? Sur quoi se fonde leur économie ? À quel point la lie de la ville est-elle sophistiquée et en quoi les notions de beauté conventionnelle figurent-elles dans leurs activités ?
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2c. Sept jours après votre arrivée, vous n'avez, toujours pas prononcé un mot. Votre mari pense que votre silence est la conséquence d'un traumatisme que vous avez subi pendant votre absence. Et bien quil ait très envie d'entendre votre voix, il veille à ne pas vous forcer à parler. Il se raccroche à la croyance qu'avec le temps vous recouvrerez l'usage de la parole. Quelles sont, en fait, les
chances statistiques pour que vous surmontiez votre mutisme ? Êtes-vous en mesure de le pallier par une autre forme de communication, comme écrire ou faire des dessins ?

2d. Au cours des semaines qui suivent, vous refusez de communiquer. Redoutant que sa présence ne fasse qu'aggraver votre état, votre mari se retranche dans une solitude parallèle. La situation lui est devenue quasiment insupportable. La douleur de vous perdre est revenue, encore plus forte, sa violence accrue par des images sombres et récriminatoires de votre souffrance. Ravagé
par un sentiment de culpabilité, il se terre dans son bureau nuit après nuit, et regarde de vieux albums photo en buvant jusqu'a perdre connaissance. Il se débat dans son sommeil comme s'il affrontait physiquement les démons qui vous ont éloignés de lui.

p. 102.
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Votre fils, après avoir reçu une lettre d’amour d’une fille de sa classe, a offert en retour à la fille un briquet et une bouteille d’essence. Il lui a dit alors qu’il l’aimerait éternellement si elle s’immolait par le feu. La fille a accepté et se trouve désormais à l’hôpital, dans une situation critique. Un examen préliminaire indique que votre fils a modifié l’essence avec une sorte de gélatine, dans le style du napalm, avec l’intention d’accroître sa puissance destructrice. Qu’est-ce qui ne va pas chez votre fils ? Comment allez-vous le traiter ou le considérer quand il vous sera rendu ?
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Le 7 mai 2006 au petit matin, mon amie d’enfance Fiona est entrée par effraction dans l’école élémentaire qu’elle et moi fréquentions il y a plus de vingt ans. Elle était vêtue de couches de vêtements élimés et portait dans un sac en toile l’intégralité de ses biens terrestres. D’une indépendance farouche, d’un naturel indocile, Fiona avait passé une bonne partie des dix dernières années à vadrouiller à l’étranger. Elle avait subsisté comme elle pouvait sur trois continents, toujours en quête des drogues les plus fortes et des plus sombres déshérités. Personne ne savait qu’elle était rentrée à Toronto. je l’imagine à la fois embellie et accablée par cette absence de responsabilité, par l’effroyable liberté de celle qui s’endort là où elle tombe et dont les points de chute sont un mystère perpétuel.
Une fois à l’intérieur de l’école, elle a déambulé dans les couloirs déserts, examiné les vieilles vitrines encombrées de trophées et de photos de classe à la recherche d’un nom ou d’un visage familier. Dans l’une des salles de classe situées à l’étage, elle s’est postée devant une fenêtre donnant sur la cour de récréation et a pleuré en silence dans le noir pendant presque une heure. Peu avant les premières lueurs du jour, elle est redescendue et s’est enfermée dans le vestibule reliant les quartiers de l’administration au bureau du principal. Elle s’est assise sur le petit banc capitonné où des générations de délinquants avaient attendu d’être reçus par le principal. Là, après avoir fumé une dernière cigarette, elle a ôté son manteau, remonté ses manches, et s’est ouvert les veines avec une lame de rasoir.
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8. Comme vous entrez dans l’adolescence, votre ami imaginaire aux yeux améthyste demeure votre seul compagnon sur terre. Préoccupés par votre absence d’intérêt pour les liens du sang, vos parents vous emmènent en balade jusqu’au lac. Un petit bateau à voile est amarré au quai. Vos parents hissent la voile et poussent le bateau vide sur les eaux. Ils vous disent que votre ami imaginaire est dans le bateau et qu’il s’en va pour toujours. Ils vous demandent de lui dire au revoir. Que décidez-vous de faire ?

A. Sauter dans l’eau et nager pour rejoindre votre ami, dans le but de le ramener.

B. Sauter dans l’eau et nager pour rejoindre votre ami, dans le but de s’exiler avec lui.

C. Cacher votre visage dans vos mains et pleurer.

D. Lui dire au revoir, comme on vous le demande.
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Vidéo de Jason Hrivnak
Jason Hrivnak vous présente son ouvrage "Le chant de la mutilation" aux éditions de L'Ogre.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2285931/jason-hrivnak-le-chant-de-la-mutilation
Notes de Musique : Free Music Archive
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