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Critique de Cricri124


Prenez place dans le couloir de la mort. XIXème siècle, prison de Bicêtre, un homme d'une quarantaine d'année, dont on ne connaitra ni le nom, ni le crime, couche par écrit ses dernières impressions et pensées avant son exécution, des pensées captives de cette mort programmée.

«Mon corps est aux fers dans un cachot, mon esprit est en prison dans une idée. Une horrible, une sanglante, une implacable idée ! Je n'ai plus qu'une pensée, qu'une conviction, qu'une certitude : condamné à mort !»

Six semaines, c'est le délai que lui fait « gagner » son pourvoi en cassation.

«C'est comme si le couteau de la guillotine mettait six semaines à tomber.»

Et plus l'échéance approche, plus il écrit…

A travers le narrateur, c'est clairement un plaidoyer contre la peine de mort que l'auteur déroule. Il fustige la torture psychologique qu'elle engendre, inhumaine autant qu'inutile.

«Ils sont triomphants de pouvoir tuer sans presque faire souffrir le corps. Eh ! c'est bien de cela qu'il s'agit ! Qu'est-ce que la douleur physique près de la douleur morale !»

Pour l'époque, dénoncer l'ignominie de la peine de mort était pour ainsi dire révolutionnaire. Il en fallait moins que ça pour échauffer dame guillotine. Victor Hugo, prudent, a d'ailleurs au départ fait paraitre son roman en 1829 de manière anonyme.

Son approche, bien qu'introspective, est cependant un peu trop raisonnée et analytique selon moi. Il s'adresse avant tout à quiconque juge, comme il le souligne dans la préface, et cela se ressent. Au bout du compte, l'émotion est reléguée au second plan. Il y a aussi un peu de facilité pour justifier que le détenu puisse continuer à écrire jusqu'au moment fatidique.

Néanmoins, c'est du Hugo, il écrit bien le bougre. La vie quotidienne de la prison, son organisation, les procédures de renvoi, la hiérarchie des prisonniers entre forçats et suppliciés, le protocole auquel est soumis le condamné à mort, tout cela est admirablement décrit et fourmille de détails réalistes. Il fait vivre les bruits de la prison. On s'y croirait. Les passages sur la préparation des forçats en partance pour Toulon aux galères sont édifiants par exemple. Ceux avec la foule et le prêtre aussi.

Ce n'est à mon avis pas le meilleur livre de l'auteur mais le thème est indéniablement fort.

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