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4,03

sur 7506 notes
Il n'a ni nom , ni crime défini mais dans six semaines , il sera guillotiné .

Hugo fut souvent le témoin d'éxécutions capitales . Toute sa vie , il combattit ardemment la peine de mort . Il écrivit ce court mais intense récit à l'age de 27 ans . Sa parution en 1829 souleva un véritable tollé . Cependant , nombreux furent les pays abolitionnistes ( Colombie , Portugal... ) a lui rendre un hommage vibrant pour leur avoir ouvert la voie . La graine est desormais semée et nombreux seront les porte drapeau de renom ! En effet , Jaures , Dostoievski , Camus , Robert Badinter ( qui réussira à en obtenir l'abolition en 1981 , il ya juste 30 ans ! 30 ans seulement ! ) s'y opposeront farouchement , parfois avec succes...

Le dernier jour d'un condamné est d'une force rare ! L'empathie et l'identification que suscite un tel monologue ne peut laisser insensible . L'on partage les états d'ame d'un condamné sans avenir ; le questionnement d'un sursitaire en proie à la terreur face au chatiment qui lui est réservé loin de ceux qu'il aime et qu'il ne chérira plus ; la torture psychologique engendrée par un compte à rebours désormais inéluctable égrénant les jours , les heures , les minutes beaucoup trop rapidement à son gout . Ah , pouvoir arreter le temps... Et cette question qui ne cesse de le tarauder , quid de la souffrance ?
Le condamné égrenera une palette de sentiments . de l'acceptation a la panique la plus complete en passant par le fol mais vain espoir d'une grace royale . Si Hugo condamne de telles pratiques , il jette également l'opprobe sur tout un peuple qui vient assister à cela comme l'on vient au spectacle . Indécence terrifiante de l'humain qui vient se réjouir de la mort de l'un des siens .

Un theme fort traité magistralement !
Pour peu que vous soyez curieux de ce que l'on peut ressentir dans une telle situation , le Dernier Jour d'un Condamné devrait pleinement répondre à vos attentes ! Pour peu que celles-ci n'excedent pas six semaines...

Chiffres Amnesty International 2010 :
- 23 pays ont procédé à des éxécutions .
- 17833 personnes etaient sous le coup d'une peine capitale .
- Méthodes utilisées : décapitation , électrocution , pendaison , injection létale , fusillade .
- Officiellement , de 714 en 2009 , l'on serait passé à 527 en 2010 .
Officieusement , la Chine aurait éxécuté des milliers de prisonniers en 2010 mais garde le secret absolu sur son application de la peine de mort . le 25 Fevrier 2011 , elle aurait voté un amendement au code pénal qui retire 13 crimes passibles de la peine capitale . Desormais , 55 crimes sont passibles de la peine de mort au lieu de 68...Cynisme quand tu me tiens...
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Victor Hugo - le dernier jour d'un condamné -1831 : Une société civilisée doit-elle faire mourir un condamné ? La loi du talion peut-elle être la seule alternative pour répondre à un meurtre ? le jeune Victor Hugo s'engageait dans cet ouvrage contre le système judiciaire français coupable à ses yeux d'encourager la mise à mort des prévenus par gout du spectacle et du sang. Quarante ans après Maximilien Robespierre qui fut un des plus fervent abolitionnistes de la peine de mort avant de faire lui-même de la guillotine l'outil principal de son régime de terreur, Victor Hugo s'inscrivait comme un des maillons prépondérant d'une chaine de volontés qui mènera jusqu'à la déchéance constitutionnelle de cette peine cruelle sous l'action combinée de Robert Badinter et de François Mitterrand. L'horreur que Victor Hugo ressentait pour ce châtiment transformait ces lignes éprouvantes en un indicible plaidoyer. L'impasse terrible dans laquelle était plongée le condamné était vécue de l'intérieur par le lecteur qui vibrait à l'unisson de sa terreur et de son désespoir. Victor Hugo ne disait rien du crime de son personnage, il n'en disait rien car il ne souhaitait pas justifier l'acte promulgué par une société barbare par un autre tout aussi horrible. L'écriture de Victor Hugo était ici très simple et émouvante. Les sentiments du condamné lors de sa préparation à l'exécution, sa dernière rencontre avec sa petite fille, ses échanges avec l'aumônier chargé de l'assister, tout participait à un sentiment de claustrophobie effarée que ne contrebalançait même pas l'attente d'une grâce qu'on devinait dès le début impossible à obtenir. Bien sur certains nous diront que les affres des victimes valaient celles des meurtriers et que la pitié montrée dans ce livre pour l'assassin aurait dû surtout aller vers elles. Soit mais il est impossible de penser que le futur auteur des misérables ait pu manquer à ce point d'empathie envers des êtres ou des familles frappés par la violence. Quand on voyait le malheureux tenter de gagner du temps pour une minute de survie dérisoire jusque sur l'échafaud on ne pouvait qu'être révolté par l'ignominie de son supplice. C'était là tout le propos de ce manifeste qu'on pouvait considérer comme historique car il faisait figure de précurseur de toutes les pensées humaniste du 19ème et du 20ème siècle... édifiant
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Je ne connaissais de Victor Hugo que les poèmes des Contemplations, c'est donc la première fois que je me penche sur un de ses textes, et quel texte !!!!
Hugo vous prends par la main dès les premières lignes pour accompagner un condamné vers la guillotine ; pendant les six dernières semaines de sa vie, tantôt longues, tantôt courtes, certaines seront teintées d'espoir, les autres de cris et de douleurs.
C'est un texte magnifique qui vous fait vous rappeler qu'il y a seulement un peu plus de trente ans, on votait l'abolition de la peine de mort. C'est aussi un texte qui vous rend fière, quelque part, au fond, de faire partie des pays l'ayant abolie, un peu tard par rapport aux souhaits d'Hugo, mais plus tôt que d'autres.
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Comme un cri de révolte et d'indignation lancé à la face de la société de 1827, ce récit est bref et coupant ; il claque à l'oreille et dans l'esprit de ceux qui l'entendent et le lisent.

Manifeste contre la peine de mort, plein d'audace et d'humanité, "Le dernier jour d'un condamné" garde aujourd'hui encore toute son actualité et pose les mêmes questions métaphysiques sur le droit de vie et de mort et sur l'usage que les hommes en font.

Alors que Hugo est très jeune au moment de la rédaction de cette oeuvre, on sent déjà entre ses lignes la grandeur de l'homme exceptionnel, du poète cérébral, de l'artiste engagé, de l'intelligence humaniste. Bien des années plus tard, à l'heure de la maturité, Hugo traitera à nouveau avec brio le thème du bagne dans "Les Misérables" et offrira à Jean Valjean cette seconde chance capitale que la société refuse aux condamnés, et lui ouvrira ainsi la voie de l'expiation, de la réhabilitation, du don de soi, en un mot, de l'humanité.
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Victor Hugo n'a que vingt-sept ans quand il publie Le dernier jour d'un condamné mais a déjà assisté à des exécutions capitales qui l'ont profondément ému. Elles sont probablement à l'origine de son engagement contre la peine de mort. Avec emphase et pathos le grand poète nous fait ressentir l'horreur de la sanction. Au fil des heures le condamné, qui imagine son horrible fin et livre ses pensées torturées, nous inspire de la pitié. Il n'est pire souffrance que les tourments psychiques, imaginer un supplice est souvent pire que de le vivre.

Pour donner une forme d'universalité à son plaidoyer, à aucun moment Victor Hugo ne nous renseigne sur le véritable crime du condamné. Il s'agit de parler de la souffrance de tout homme qui se retrouve devant ses juges, afin d'inciter ceux-la à plus de clémence et d'humanité pour qu'ils renoncent à la peine capitale. Et cela quel que soit le crime, aussi horrible fut-il, pour ne pas répondre à la barbarie par la barbarie. Une grande cause, hélas toujours d'actualité, magnifiquement défendue par ce poète qui, longtemps après sa mort, continue de parler juste.
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Splendide texte engagé. A seulement 27 ans lors de sa parution, Victor Hugo délivre un réquisitoire contre la peine de mort, sans discours, ni démonstrations, mais de façon subtile et pleine de maturité, en faisant parler le condamné sur ce qu'il ressent avant son exécution. Ce genre de propos n'était pas acceptable politiquement au début du 19ème.
De plus, en le choisissant coupable, l'auteur ne s'est pas rendu la tâche facile, mais cela donne encore plus de poids à son engagement qui est de dénoncer la cruauté de la peine de mort.
Le livre refermé, je suis impressionné par le courage de l'écrivain quant à sa défense de la dignité humaine par rapport aux conditions de détention dans les prisons, le départ honteux des bagnards pour Toulon et enfin "les cris de hyènes" de la foule sur la charrette du supplicié. Un livre d'actualité.
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En relatant les derniers instants d'un condamné à mort, depuis la prononciation de sa sentence jusqu'aux dernières minutes dans sa cellule, juste avant qu'il soit guillotiné, Victor Hugo livrait une magnifique diatribe contre la peine de mort avec "Le dernier jour d'un condamné". Même s'il s'agit d'un long monologue, ce roman n'est jamais ennuyeux, bien au contraire, et l'on vit ses derniers instants avec ce condamné dont on ne sait rien, hormis qu'il va être prochainement exécuté et qu'il espère, jusqu'à la dernière minute, qu'il sera gracié. Ce que j'ai aimé dans cet ouvrage, c'est la façon dont Victor Hugo a permis au lecteur de se mettre à la place du condamné, de ressentir (toutes) ses émotions : de la peur à l'espoir, en passant par la résignation. Et je crois que peu importe que l'on soit pour ou contre la peine de mort, l'on ne referme pas ce livre indemne.
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Petit roman de Victor Hugo, ce qui nous change des pavés comme Les misérables et Notre Dame de Paris...
Ici le sujet est directement abordé.
On plonge dans le monde de ce grand écrivain. On y reconnait la plume critique de la société parisienne de l'époque. On ressent les sensations, les odeurs, les bruits, la vie de la capitale.
Victor Hugo décrit les derniers moments d'un condamné à mort. On ne connait ni son nom, ni son crime. On découvre quelques moments de son enfance, de sa jeunesse, on sait qu'il est père d'une petite fille. Cela s'arrête là pour sa vie personnelle. Et surtout, on découvre ses dernières pensées, ses dernières sensations.
Un plaidoyer contre la peine de mort. le fait de ne pas connaître l'identité et le pourquoi de cette condamnation empêche le lecteur d'avoir un jugement sur cette "justice exécutée". Pas de parti pris. Juste les derniers ressentis d'un homme.
Un petit classique à découvrir.
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Plaidoyer contre la peine de mort

Ecrit par Victor Hugo à 27 ans, en trois semaines.
Il affirmera, dans une longue préface ajoutée trois ans plus tard, avoir commencé à écrire ce livre le lendemain de l'exécution d'un certain Louis Ulbach, qui avait poignardé une jeune femme pour désespoir amoureux. Ce jeune assassin de 20 ans avait projeté de coucher sur le papier le récit de sa vie.

A sa publication ce livre déchaine des critiques : le scandale vient de l'incroyable force du texte, sans parti pris, ni larmoyant, il est l'un des premiers monologues intérieurs de la littérature.
On ne connaît ni le nom, ni le crime de l'anti-héros : peut importe, ce sont ses pensées qui sont primordiales.

A cette époque (1829), sous la Restauration, une exécution par semaine se produit ; tandis que les députés ont voté une abolition partielle de la peine capitale pour les crimes politiques (en réponse à la période de la Convention en 1793 et 1794 ?), ils ne sont pas disposés à la supprimer complètement...
"Se laver les mains est bien, empêcher le sang de couler serait mieux" écrit Hugo en 1832.

Très émouvant : surtout dans l'espoir d'une grâce qui ne viendra pas, et lors de la visite de sa petite fille qui le croit mort....

Le seul livre à lire pour être convaincu de l'abolition de la peine de mort
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Que notre pays rougisse d'avoir eu recours à cet instrument ignoble. Argument suprême de la justice où l'accusé n'a plus qu'à se tapir dans l'ombre à l'attente de son heure dernière. Mais d'où vient cette haine viscérale pour son prochain ?

Que les hommes comme Hugo fleurissent, qu'ils instaurent l'unité au profit de la division. Faut-il mieux décapiter ou gracier, haïr ou aimer, ouvrir son coeur ou bien le fermer. En un pareil acte sauvage, l'homme étale ouvertement toute sa bêtise. « Le vrai courage n'est pas de savoir quand supprimer une vie, mais quand en épargner une. » dirait ce cher Gandalf. Et c'est précisément en cela que l'Homme se distingue de l'animal et qu'il ne répond pas à un instinct primitif, à une vulgaire pulsion. C'est dans sa capacité à éprouver de la compassion qu'il tire son humanité. Une société digne ne peut être basée sur des valeurs immorales telle l'aversion. Elle est morale ou elle n'est pas.

En nous exposant le sort de ce malheureux, l'auteur nous fait prendre conscience de l'absurdité de la peine de mort, qu'un tas de citoyens dépravés cautionnent encore. L'absurdité même de tuer celui qui a tué. C'est reproduire sa faute mais c'est surtout oublier sa qualité d'homme, lui refuser son droit premier de vivre. Celui-ci même à qui personne ne pense, qui ne reçoit aucune sorte affection, dont la fille ne reconnaît pas les traits. Eh bien figurez-vous qu'il a un nom. Il nourrissait jadis des espérances, vite balayés par la société.

L'État s'octroie le droit de vie ou de mort sur ses citoyens. Légale, oui, mais louable ... ?

La foule aura bien vite fait de le juger et de le jauger. le jour de l'exécution, vomissent des portes les troupeaux d'hommes et de femmes venus célébrer cette réunion festive et solennelle dans une mise en scène macabre. Toute la haine emmagasinée de ce peuple innocent et souffrant dont le condamné seul devra porter tout le poids tout en se hissant tant bien que mal sur l'estrade où siège la bête terrifiante. CONDAMNÉ, ce mot lui colle à la peau. Dans le froid, la boue, l'attente ; le désespoir règnera toujours.

Mais l'espoir est bel et bien là. La position manifeste de Hugo ne tarde à illuminer nombre d'ignorants. Et comme l'auteur le disait lui-même dans Claude Gueux « Mettez un homme qui contient des idées parmi des hommes qui n'en contiennent pas, au bout d'un temps donné, et par une loi d'attraction irrésistible, tous les cerveaux ténébreux graviteront humblement et avec adoration autour du cerveau rayonnant. ».

Puissant, frappant, éminent, magistral, illustre, remarquable, troublant, percutant, sombre, impressionnant, émouvant, saisissant, palpitant, stupéfiant, vif, impétueux, bouillonnant, agressif, passionné, profond, intense, brûlant, incisif.
Diablement bien mené par Victor Hugo, le Dernier Jour d'un Condamné est tout ça à la fois. Espérons que les hommes graviterons encore pendant longtemps autour de ces penseurs vénérables.
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