Que notre pays rougisse d'avoir eu recours à cet instrument ignoble. Argument suprême de la justice où l'accusé n'a plus qu'à se tapir dans l'ombre à l'attente de son heure dernière. Mais d'où vient cette haine viscérale pour son prochain ?
Que les hommes comme Hugo fleurissent, qu'ils instaurent l'unité au profit de la division. Faut-il mieux décapiter ou gracier, haïr ou aimer, ouvrir son coeur ou bien le fermer. En un pareil acte sauvage, l'homme étale ouvertement toute sa bêtise. « Le vrai courage n'est pas de savoir quand supprimer une vie, mais quand en épargner une. » dirait ce cher Gandalf. Et c'est précisément en cela que l'Homme se distingue de l'animal et qu'il ne répond pas à un instinct primitif, à une vulgaire pulsion. C'est dans sa capacité à éprouver de la compassion qu'il tire son humanité. Une société digne ne peut être basée sur des valeurs immorales telle l'aversion. Elle est morale ou elle n'est pas.
En nous exposant le sort de ce malheureux, l'auteur nous fait prendre conscience de l'absurdité de la peine de mort, qu'un tas de citoyens dépravés cautionnent encore. L'absurdité même de tuer celui qui a tué. C'est reproduire sa faute mais c'est surtout oublier sa qualité d'homme, lui refuser son droit premier de vivre. Celui-ci même à qui personne ne pense, qui ne reçoit aucune sorte affection, dont la fille ne reconnaît pas les traits. Eh bien figurez-vous qu'il a un nom. Il nourrissait jadis des espérances, vite balayés par la société.
L'État s'octroie le droit de vie ou de mort sur ses citoyens. Légale, oui, mais louable ... ?
La foule aura bien vite fait de le juger et de le jauger. le jour de l'exécution, vomissent des portes les troupeaux d'hommes et de femmes venus célébrer cette réunion festive et solennelle dans une mise en scène macabre. Toute la haine emmagasinée de ce peuple innocent et souffrant dont le condamné seul devra porter tout le poids tout en se hissant tant bien que mal sur l'estrade où siège la bête terrifiante. CONDAMNÉ, ce mot lui colle à la peau. Dans le froid, la boue, l'attente ; le désespoir règnera toujours.
Mais l'espoir est bel et bien là. La position manifeste de Hugo ne tarde à illuminer nombre d'ignorants. Et comme l'auteur le disait lui-même dans
Claude Gueux « Mettez un homme qui contient des idées parmi des hommes qui n'en contiennent pas, au bout d'un temps donné, et par une loi d'attraction irrésistible, tous les cerveaux ténébreux graviteront humblement et avec adoration autour du cerveau rayonnant. ».
Puissant, frappant, éminent, magistral, illustre, remarquable, troublant, percutant, sombre, impressionnant, émouvant, saisissant, palpitant, stupéfiant, vif, impétueux, bouillonnant, agressif, passionné, profond, intense, brûlant, incisif.
Diablement bien mené par
Victor Hugo,
le Dernier Jour d'un Condamné est tout ça à la fois. Espérons que les hommes graviterons encore pendant longtemps autour de ces penseurs vénérables.