Les mots manquent aux émotions.
Les hommes sont tous condamnés à mort avec des sursis indéfinis.
Et puis , on ne souffre pas , en sont-ils surs ? Qui le leur a dit ? Conte-t-on que jamais une tete coupée se soit dréssée sanglante au bord du panier , et qu'elle ait crié au peuple : Cela ne fait pas mal !
Y a-t-il des morts de leur façon qui soient venus les remercier et leur dire : C'est bien inventé . Tenez-vous-en là . La mécanique est bonne .
Ils disent que ce n'est rien, qu'on ne souffre pas, que c'est une fin douce, que la mort de cette façon est bien simplifiée. Eh! qu'est-ce donc que cette agonie de six semaines et ce râle de tout un jour? Qu'est-ce que les angoisses de cette journée irréparable, qui s'écoule si lentement et si vite? Qu'est-ce que cette échelle de torture qui aboutit à l'échafaud?
Apparemment ce n'est pas là souffrir. p.77
Les mots manquent aux émotions.
Qu'est-ce que la douleur physique près de la douleur morale !
"Vous êtes les reflets et les rayonnements
Dont j'éclaire mon vers
Si sombre par moments.
Enfants, vous dont la vie
Est faite d'espérance ,
Enfants, vous dont la joie
Est faite d'ignorance .... "
Aussi ne connaîtrait-il pas de but plus élevé, plus saint, plus auguste, que celui-là : concourir à l'abolition de la peine de mort.
Je suis calme maintenant. Tout est fini,bien fini.
C'est mon dernier sommeil,de cette espèce.