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Critique de Sarindar


Sur la période du bas Moyen-Âge, ce livre est devenu un classique. On a l'habitude de regarder les 14e et 15e siècles comme une époque charnière annonçant un déclin des modèles médiévaux, faits de ténèbres, et de répétitions des habitudes pourtant désavouées par les faits en cette fin de cycle.
Les temps de rupture et de passage posent problème dès lors que l'on cherche à poser des limites historiques tranchées entre ce qui finit et ce qui va commencer. Il est de fait significatif que l'on ait longtemps traduit le titre de cet ouvrage en employant le terme de "déclin" (Le déclin du Moyen-Âge), remplacé aujourd'hui par "automne", qui sonne plus juste.
Mais comment appliquer des coupures nettes entre Moyen-Âge finissant et début de la Renaissance ? N'y a-t-il pas plus de survivances que l'on ne croit de l'un dans l'autre ? La chevalerie et ce que l'on disait être son esprit étaient-ils vraiment morts au XVIe siècle ? Bayard, entre autres exemples, n'était-il pas lui aussi un modèle de chevalerie comme on l'entendait auparavant ? Tout ce qui se réalise au XVIe était bien en germe au XVe siècle ; il n'est que de regarder ce qui se passe à Florence, sous Laurent de Médicis, pour en trouver l'illustration. Fin et commencement ne sont pas si distincts et éloignés qu'on ne nous l'a abondamment répété. Si l'on déplace les limites du Moyen-Âge de 1453 - année de la prise de Constantinople par les Turcs et de la fin de la guerre de Cent Ans - à 1492 - année qui voit la fin de la Reconquista en Espagne et le ďébarquement de Christophe Colomb dans le Nouveau-Monde, on n'a pas encore répondu à la question de savoir pourquoi les hommes de ce que l'on appelle la Renaissance se comportent encore pour partie -si ce n'est en totale continuité - comme ceux du XVe siècle ? Même ce que l'on va désigner sous les termes de Réforme protestante n'est-il pas l'aboutissement de ce qui s'est produit avant, comme une tentative de réponse à des questions soulevées depuis des siècles ? L'HISTOIRE ne se découpe pas abusivement en tranches, comme on le croit un peu facilement. Et les périodes dites de "crise" ne sont finalement pas moins riches que celles que l'on qualifie de "dorées". Les 14e et 15e n'ont finalement pas moins apporté de nouveautés et/ou d'évolutions que les 13e et 16e siècles. Cela se voit mieux quand l'on cesse de schématiser, classifier et périodiser. La Renaissance n'a pas moins éte cruelle que le Moyen-Âge et celui-ci n'a pas moins vu d'avancées artistiques et politiques, entre autres choses, que le 16e siècle, même si ce dernier a rompu avec l'art gothique - évolutif depuis les XIIe et XIIIe siècle - pour renouer avec l'art gréco-romain - mais pas sans adapter encore pendant un temps une ultime forme de l'art ogival. Tout rentre bien dans tout, en dépit des affirmations de rupture.
Alors, il serait bien de "revisiter" le sujet traité par J. Huizinga, de manière à nuancer encore plus qu'il ne l'a fait.

François Sarindar
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