- Je suis désolé, murmura Chase, si proche qu'elle sentit son souffle sur sa tempe.
Il n'en fallut la davantage. Ces trois petits mots, ce souffle si léger... cela suffit à détourner sa rage et à la diriger contre Chase.
- Ne mens pas. Tu n'es pas désolé.
Elle lui frappa le torse avec le plat de la main.
Immobile, il se contenta de soutenir son regard, comme s'il lisait dans ses pensées et dans son coeur. L'espace d'une étrange seconde, elle eut la certitude qu'il n'y avait pas le moindre secret entre eux deux. Il savait tout, bien plus que ce qu'il avouait. Il connaissait toutes ses failles, tous ses regrets.
Et elle n'aimait pas cela du tout.
- Tu as raison, dit-il d'une voix grave et sincère. Je ne suis pas désolé d'avoir la possibilité de te prouver que nous sommes faits l'un pour l'autre. En revanche, je t'interdis de douter que je suis désolé de te voir souffrir. J'ai lu la douleur dans tes yeux à l'instant où tu es entrée dans le bureau de Burnett et je vois bien que tu essaies de la refouler encore maintenant. Je la ressens, moi aussi, Della. Et je suis vraiment, vraiment désolé. Crois moi.
-Croix de bois, crois de fer! lança Della.
-Si tu me mens, je te jure que tu vas pourrir en enfer.
Il irait sans doute jusqu'à la retiré de Shadow Falls et l'inscrire dans un centre de redressement pour jeunes délinquants. Il était hors de question qu'elle perde Shadow Falls - qu'elle perde Kylie, Miranda, Holiday, Burnett, ou même la petite Hannah Rose.
Elle lui saisit le poignet.
- Pourquoi tu me touches toujours le visage ?
Il sourit.
- Parce que je n'ai pas encore le droit de toucher le reste.
Elle tenait à apprendre ce qu'il lui cachait. Ce type avait plus de secrets qu'un loup-garou vagabond n'avait de puces.
- Ça, répondit-il en les désignant tour à tour.
- C'est quoi, "ça" ? insista-t-elle.
- Nous, ici, maintenant.
Elle le fusilla du regard.
- Tu ne sais plus faire des phrases complètes ?
Elle faillit faire demi-tour pour lui poser la question, puis se ravisa. D'une part, obtenir des réponses franches de la part de ce type était plus compliqué que d'arracher une dent à un lion furieux, et puis...
- Attends ! Un dernier câlin, pour la route.
Della faillit refuser, mais empêcher Miranda de distribuer des câlins, c'était un peu comme d'essayer d'empêcher un petit chien de lever la patte en passant près d'un lampadaire. Impossible.
Il pinça les lèvres, l'air désolé.
- Je... Oh, putain, je ne sais pas comment te dire ça.
- C'est facile, tu ouvres la bouche et tu parles. Vas-y essaie.
Surtout, promets-moi de te souvenir que j'ai été le premier à t'aimer, même si tu tombes amoureuse de Chase.