Bon, c'est parti. J'ai enfin terminé
Sous nos yeux de
Cara Hunter.
Daisy, 8 ans, disparaît lors d'une fête organisée par ses parents, enfin sa mère vu que son père avait un peu oublié de venir aider, mais donc la fête s'est magnifiquement déroulée, sauf que personne ne s'était aperçu que la gamine s'était envolée. C'est simple, non seulement personne n'avait remarqué sa disparition mais personne ne lui avait adressé la parole depuis bien avant la fête. Elle était en théorie déguisée en pâquerette, et une pâquerette a bien été aperçue régulièrement, participant à la grande fiesta, mais aucun invité, ni adulte ni enfant ne se souvient lui avoir parlé.
Pas bizarre du tout, mais bon, admettons. Ensuite évidemment, j'ai dévoré le livre, je ne le cache pas, parce que je voulais savoir ce qu'était devenue cette mignonne petite Daisy.
L'auteure nous trimballe bien de fausse piste en fausse piste, au niveau du suspense, vraiment rien à redire, et si on croit deviner ce qui s'est passé, croyez-moi, on se trompe complètement jusqu'à la toute fin.Je ne l'ai pas vue venir du tout, cette fin.
Et là vous vous dites : de quoi elle se plaint ? c'est un thriller, y a du suspense, les pages se tournent vite, c'est parfait...
Sauf que non. Rien n'est parfait justement, à cause de la façon dont l'histoire est relatée particulièrement exaspérante.
Pour commencer, il y a un paquet d'enquêteurs ; pas moyen de retenir leur nom, ni aux uns ni aux autres, et je n'ai même pas cerné quel était celui qui chapeautait l'enquête et narrait les événements. Je l'ai appris vers la fin. Il a d'ailleurs lui-même vécu un drame... on le traîne plus ou moins par touches successives tout au long du livre, on devine assez vite ce qui s'est passé, mais l'auteure le révèle sur la fin. Donc voilà, j'ai pataugé allègrement dans les personnages et c'était vraiment détestable. L'auteure ne parle absolument pas d'eux, niveau psychologie des protagonistes, zéro pointé. Quelques petits détails évoqués par-ci, par-là, mais rien de notable, ce ne sont que des silhouettes et on ne retient pas vraiment qui fait quoi ni qui est qui. Il y a une femme parmi eux. J'ai oublié son nom, mais peu importe, elle ne se distingue pas particulièrement et hormis à un moment où l'enquêteur principal dit qu'elle a de l'avenir dans le métier, on ne sait rien d'elle.
Les voisins et connaissances sont interrogés mais eux aussi ne restent que des noms, aucun personnage secondaire n'est un creusé, tout est survolé. Faut dire qu'il y a du monde, forcément, mais bon ça aurait eu le mérite d'être un peu plus intéressant.
Ensuite, on navigue d'un passage ou d'un événement à un autre d'une manière plus qu'inattendue puisque comment dire...
Cara Hunter nous plonge dans une scène prenante, on est bien dedans et d'un coup, paf, on passe à autre chose n'ayant aucun lien. Un exemple parmi tant d'autres, à un moment, le père de la gosse est interrogé y a deux flics, ils posent des questions, enfin vous voyez bien le topo et sans même que l'interrogatoire soit terminé, hop passage suivant nous sommes dans la vie d'une autre famille qui fait je ne sais quoi, lié à l'enquête ou pas, peu importe, c'est le bazar. Et c'est très agaçant parce que moi j'aime bien que les scènes se terminent avant de passer à une autre ou au moins que les scènes s'imbriquent naturellement, ce qui n'était pas le cas ici, ce qui donnait un rendu très haché. Voilà le terme exact : "haché" définit parfaitement l'ensemble du roman.
Sans compter qu'on vogue dans le présent, puis dans le passé, puis retour au présent, etc. et tous ces personnages qui ont des vies parallèles ayant quelque chose à voir avec la gosse disparue ou pas, du reste. Entre les copines de classe, les amies de la gamine, ses fausses amies, les histoires du père qui adore sa fille, "sa princesse", bah oui des fois que... la mère trop rigoriste et indifférente qui n'aime manifestement pas ses enfants...
Ah oui, j'oubliais de dire qu'elle a un grand frère, la petite Daisy, mais il se fond tellement dans le décor, le pauvre gamin que même si c'est celui pour lequel j'ai éprouvé le plus d'empathie, je l'avais presque oublié. Il s'appelle Léo.
Bref très grosse déception que ce roman. Je n'en dis pas trop pour ne pas spoiler, contrairement à ce que se permet de faire
Cara Hunter en relatant carrément la fin de Rebecca de Daphné du Maurier. J'ai averti à plusieurs endroits, mais si vous comptez lire Rebecca, ne lisez surtout pas
Sous nos yeux. J'ai vraiment été choquée et très en colère.
Il faut dire qu'en plus, l'auteure aime bien les renvois pour un oui pour un non, pour des détails sans importance, mais ça doit faire bien d'avoir des "références", des fois que le lecteur soit un peu "limité", contrairement aux twitters, dont les tweets sont partagés au cours du récit (parce que l'enquête est très suivie sur les réseaux sociaux), qui eux maîtrisent parfaitement l'orthographe et la grammaire, puisque je n'ai décelé aucune faute dans leurs écrits. Alors je ne sais pas, je ne vais pas trop sur Twitter, mais ça m'étonne que sur tous les intervenants, pas une seule coquille ne se glisse, pas de langage SMS ou apparenté, enfin bref, nickel, toutes leurs interventions. Je peux me tromper, étant novice en la matière, mais ça m'a surprise.
Je m'aperçois que ma déception et ma colère transparaissent dans ce retour, donc j'en suis désolée... Pour vous qui me lisez, pour les personnes qui ont aimé le livre, encore que ça ne les prive de rien et j'en suis ravie pour elles. Quant aux lecteurs qui n'auraient pas lu ce livre, je vous invite à vous faire votre propre opinion. Si seul le fond vous passionne, vous aurez votre compte de suspense, ça c'est certain.