Island fever

« Ces petites choses sont ce qui me fait craquer. Et je veux qu’il craque aussi. Je ne veux pas vivre cet amour seule. »

Après douze heures de détention dans la salle d’interrogatoire d’un aéroport mexicain, suivies d’un trajet de retour interminable avec mon père furibond, je m’étais juré de faire une croix sur les mauvaises décisions. Mais j’entame mon troisième mois de célibat et de soirées télé avec ma meilleure amie Ruby… Prendre un verre et flirter un peu, ce n’est pas méchant.

« Amalie Whitfield ? »

Levant les yeux, je découvre devant moi un homme séduisant, au visage vaguement familier. Il a les cheveux blond-roux, les yeux d’un bleu profond, le nez droit et royal. « Salut, dis-je.

— Bonsoir. »

Il se penche vers moi, esquisse un sourire. « Je viens vous sauver.

— Pardon ? » C’est la pleine lune ou quoi ce soir ?

« De mon cousin. Lexington. Je l’ai vu qui vous parlait un peu plus tôt, et je dois vous mettre en garde. Il traîne une certaine réputation avec les femmes dans la famille. Je ne voudrais pas que vous tombiez entre ses griffes.

— Ah, euh… merci. » Évidemment, c’est tout moi. Je n’attire que les mauvais garçons.

« Je me conduis simplement en gentleman : je vole au secours d’une jolie femme qui s’apprêtait à commettre une terrible erreur. »

Je ris, quelque peu déconcertée. La dernière chose que je veux, c’est décevoir mes parents, une fois de plus, ou finir en prison.

« Je m’appelle Armstrong », dit-il en tendant la main. Je lui offre la mienne et il la prend pour la porter à ses lèvres et y déposer un baiser. « Ma petite fête vous plaît ? »

J’essaie de masquer ma surprise : j’ai devant moi Armstrong Moorehead, le fils du PDG de l’entreprise !

« Oh oui. C’est génial. J’ai rencontré quelques nouvelles personnes.

— Je vois ça, oui. Je crains en revanche qu’elles ne soient pas toutes recommandables, précise-t-il avec une œillade complice. Voulez-vous danser avec moi ? »

Sans attendre ma réponse, il me prend mon verre vide des mains et le dépose sur le plateau d’un serveur qui passe. Il m’attire alors vers lui, tout en maintenant une distance respectable, place une paume au creux de mon dos, et m’entraîne sur la piste.

Chapitre 7 : La tête dans les nuages
Amie
«« Tu pars à Bora-Bora ? » J’essaie de masquer ma surprise et je suis sûre que j’échoue.
« Effectivement. Toi aussi, on dirait…
— Quelle coïncidence ! » Mais comment est-ce possible ? Jusqu’où mon humiliation me suivra-t-elle ?
Le visage de Lexington ne trahit aucune émotion. « Une sacrée coïncidence, oui. Je t’assure que je n’avais aucune idée que tu partais là-bas. »
Passer une heure à l’aéroport avec Lexington, c’est une chose ; découvrir que nous nous envolons pour la même destination, c’est différent.
Bora-Bora est une toute petite île, et Lexington gère une chaîne d’hôtels. Armstrong et moi avions réservé notre lune de miel dans l’un d’eux parce que c’est le top du top. Il y a donc une bonne chance que Lexington et moi passions les trois semaines à venir sur la même île et dans le même hôtel. Je sens mon corps s’émoustiller à cette idée et je n’aime pas ça. Te repousser était bien la dernière chose que j’avais envie de faire…»

Chapitre 2 : À la casserole… ou pas
Lexington
«« Tu es venu accompagné de Brittany Tortille-du-fion, non ? » Sa question ressemble davantage à une accusation.
Il faut dire que je ne suis pas sûr d’avoir bien saisi. Difficile de se concentrer sur ce qu’elle dit alors que je suis saoul et qu’elle se tient devant moi à demi nue, en agitant une paire de cisailles.
« Tu crois que tu pourrais poser ça ? », dis-je en montrant son arme.
Elle considère les ciseaux, puis les approche à cinq centimètres de mon cou, ce qui n’est pas pour me rassurer. « Réponds à la question, tu veux ! C’est toi qui as ramené cette salope de Brittany Tortille-du-fion à mon mariage ?
— Tu veux dire Brittany Thorton ? Oui, mais pas de gaieté de cœur. Tu veux bien poser ces cisailles maintenant ? Ta petite crise de massacre de robe m’a vraiment fait flipper, et tu continues à brandir ce truc. » Je pourrais les lui arracher, mais j’ai peur que l’un de nous deux ne se blesse.
« Ma petite crise te fait flipper ? Ma crise ? Tu as oublié ce qui vient de se passer ? Non, mais tu as une idée de l’humiliation que j’ai ressentie là-bas ? » Et la voilà qui agite les cisailles de plus belle.
J’essaie de les choper, seulement elle est rapide. Elle pivote et les pointe à nouveau vers moi. « Ne t’avise pas de recommencer ! », crie-t-elle en écartant sa frange de devant ses yeux. Les épingles qui maintenaient ses cheveux blonds se défont et quelques mèches tombent sur son visage ; elle a les joues en feu, des flammes dans le regard. Jamais je n’ai vu une femme plus désirable, qu’elle soit habillée ou en lingerie. J’enrage contre ce petit enfoiré d’Armstrong.
C’est le moment d’user de ma voix apaisante, celle que je réserve habituellement à ma mère, lorsqu’une de mes facéties l’a mise en colère. Dire que je suis encore parfois forcé d’y recourir… c’est assez alarmant quand on sait que je vais avoir trente ans. « Amalie, pourquoi tu ne me dis pas ce qui te contrarie à ce point ?
— Ce qui me contrarie ? Ta cavalière vient de sucer mon mari !
— Quoi ? »
...»