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Critique de MarcelP


"Ah ! pouvoir se taire, se taire à soi-même, en voilà une grâce !"

Affriandé par les blandices infernales de Là-bas, je regimbai, tout d'abord, sous l'aiguillon céleste d'En route. La conversion de son héros Durtal, ses tâtonnements d'aveugle au pied de la croix me semblaient d'un autre temps. Les palabres sur l'art du plain-chant ou sur les divagations mystiques de fous de Dieu d'un Huysmans touché par la grâce, très peu pour moi ! Mais le style somptueux, mêlant l'ordure et les fleurs, du génial écrivain et le cheminement de ronces et d'épines d'un athée vers la foi m'ont finalement catéchisé.

La première partie d'En route est rêche qui décrit les oscillations d'un Durtal sidéré de ce qu'il pressent : tabernacle insoupçonné, son coeur se dilate au contact des ascétiques cantilènes grégoriennes, s'exalte en présence des mystères liturgiques et s'éplore d'être une âme en perdition. le fruit est mûr, il n'a plus qu'à être cueilli. L'Abbé Gévresin, consolant directeur de conscience, suggère une retraite à la Trappe de Notre-Dame de l'Âtre.

En neuf chapitres (comme les neuf dons de l'Esprit de Dieu, d'après Saint Paul), Durtal expérimente la discipline monastique. C'est une porte bien étroite qu'il emprunte et un escalier fort roide qu'il gravit. Croché par ses démons -stupre et doute, succubes assoiffés- le néophyte, lors d'une émouvante confession auriculaire, se purgera d'une partie de ses sanies. Malgré une eucharistie analgésique, Durtal devra passer par la "Nuit obscure de l'âme" (Jean de la Croix), sevrage forcé et douloureux. Hanté par les tentations, les scrupules et un sentiment atroce d'abandon, le converti échappera finalement à cette obscurité spirituelle.

Cette pause conventuelle agira comme une douche émolliente pour Durtal qui reprendra sa vie de parisien, décrassé, astiqué, récuré, prêt à cheminer vers l'oblature.

Exigeant, d'une érudition rebutante et souvent abrupt, En route nous questionne sur le phénomène de la conversion. Durtal le rattache à l'atavisme, à la vacuité existentielle et à son amour pour l'art sacré mais le mystère reste entier qui fait passer un homme du vide au plein (ou l'inverse, selon où l'on se place), de la soif à la satiété, de l'affliction à l'espoir.

Impressionnant.
Lien : http://lavieerrante.over-blo..
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