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Critique de ASAI


Lectrice des romans de Hwang Sok-yong depuis quelques mois, afin de prolonger ma rencontre des oeuvres et de son auteur, je me devais de me plonger (le mot est encore éloigné de la réalité) dans ce monument qu'est le Prisonnier.
Je mets ci-dessous la présentation de l'auteur et de l'oeuvre par son éditeur en France, les éditions Zulma.

« Né en 1943 en Mandchourie, où sa famille s'était réfugiée pour fuir les Japonais, Hwang Sok-yong se retrouve quelques années plus tard à Pyongyang, la cité rouge repeinte aux couleurs soviétiques, puis à Séoul, où il est surpris par la guerre de Corée. Avant de partir combattre au Vietnam, de rentrer au pays, et de se lancer dans d'autres luttes, au nom de la démocratie. de 1993 à 1998, il est expédié en prison pour avoir osé se rendre à Pyongyang, afin de soutenir les artistes du Nord. Lorsque j'étais en détention, raconte-t-il, on n'avait pas le droit d'avoir un stylo bille. On m'a mis au cachot pendant deux mois pour avoir gardé secrètement un stylo. Je me suis battu énergiquement. J'ai fait dix-huit fois la grève de la faim. Certaines ont duré jusqu'à vingt jours. Hwang Sok-yong est un écrivain du défi. Un idéaliste dans un monde privé d'idéal. »
André Clavel

J'ai découvert les livres de Hwang en 2020, et j'ai lu, passionnément, avidement, fascinée par la puissance de l'écriture et des « histoires »,
Monsieur Han, Princesse Bari, puis Toutes les Choses de notre vie, La Route de Sampo, l'invité, le Vieux Jardin, Sim Chong, fille vendue, et enfin L'étoile du chien qui attend son repas.
Fascinant, éblouissant, lumineux, violent, cruel parfois, chaque roman est tout à la fois politique, historique, social, et humaniste.
Voici donc une autobiographie – partielle – de cet écrivain exceptionnel. Il raconte son combat, combat que j'ai vu, lu, à travers les livres ci-dessus cités. Un combat incessant pour son pays d'abord, la Corée, qui n'est qu'une, qui devrait n'être qu'une. Une lutte permanente pour les droits élémentaires de tout être humain. Combat et lutte qu'il mène avec d'autres Coréens, en tissant des réseaux, via des associations, des comités, puis des rencontres, des congrès, entre artistes, écrivains, peintres, poètes, et cette mobilisation, l'engagement de ces personnes, leur activisme (terme non péjoratif), sont décrits minutieusement par Hwang, et c'est à couper le souffle.
Il raconte aussi ces années d'emprisonnement. Et nous avons oublié ou n'avons jamais appris quelle dictature avait été la dictature sud-coréenne, tandis qu'on nous enseignait son développement économique, formidable (je me souviens de mes cours de géo).
La lecture de cet ouvrage monumental, de 800 pages dans un assez grand format, mais petits caractères, est exigeante. Hwang déploie moult détails et les noms des personnes coréennes ne sont pas facilement mémorisables.
Néanmoins, c'est une lecture passionnante quant au combat mené par un homme qui est à l'inverse d'un prisonnier. C'est un homme libre, quoiqu'on lui interdise, qui continue d'écrire et n'a de cesse de raconter et de livrer bataille pour les libertés élémentaires auxquels ont droit tous les êtres humains.
Les descriptions de ces années en prison, les relations entre incarcérés, gardiens, condamnés à mort (et exécutés), les interrogations que se pose Hwang, sont incroyables, remuantes.
Et puis, en 2023, terminant cette lecture, je me suis posée la question : qui en a à faire de la Corée ? Et j'ai refermé le livre avec une grande tristesse.
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