Le type féminin chez Bouts est régulier, mais impassible. Du reste, le peintre idéalise peu. Sous son pinceau, les martyres de saint Hippolyte et de saint Erasme se réduisent presque à de purs incidents. Les spectateurs, les acteurs eux-mêmes, s'en émeuvent peu. Dans le Martyre île saint Erasme, de la plus affreuse cruauté, puisqu'on y voit enrouler sur un treuil les entrailles du bienheureux, les tortionnaires s'acquittent de leur besogne en vulgaires tâcherons. L'un d'eux seulement serre les dents sous l'effort, et nous retrouvons précisément cette contraction du visage, à Anvers, dans le chef-d'œuvre de Quinten Massys, où l'on voit saint Jean plongé dans la chaudière d'huile bouillante.
Jan van Eyck mourut le 9 juillet 1440. Pour exceptionnelle que fût sa valeur, pour haut et étendu son renom, il n'était pas un isolé. L'histoire, pourtant, de même qu'elle nous laisse dans l'ignorance de ses précurseurs, omet de nous éclairer sur les continuateurs immédiats de son art.
Elle nous renseigne à peine davantage sur la connaissance et le maniement de la peinture à l'huile. Le procédé s'était toutefois vulgarisé avec une promptitude faite pour surprendre, à une époque où, entre individus et nations, les rapports semblent avoir dû être contrariés par des obstacles multiples.