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Citations sur Convoi pour Samarcande (51)

N’ayant aucune possession, même pas des habits ou des chaussures, privés de parents et de maison, et souvent même de souvenirs d’enfance, les enfants n’étaient maîtres que d’une chose : la langue. C’était leur richesse, leur patrie et leur mémoire. Ils l’inventaient. Ils y mettaient tout ce qu’ils avaient trouvé en chemin.
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"Nous n’avons plus de nourriture depuis longtemps, aucune. Nous avons abattu le bétail et la volaille l’automne passé déjà, et aussi attrapé tous les chiens et les chats, les souris et les lézards. Ce que nous mangeons ? Toutes sortes de saletés : de l’herbe trouvée sous la neige, des branches écrasées et bouillies. Des branches de pin, des pommes de pin, de la mousse. Des glands écrasés, bouillis dans sept eaux. Les plus fous mangent même des cailloux, font des soupes de sable. Ils ont essayé de moudre du bois, mais n’ont pas pu le manger."
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Les loups ont d’abord couru derrière nous, puis à notre hauteur, puis ils nous ont encerclés. Et on ne pouvait plus avancer ni reculer, de tous les côtés, les gueules jaunes montraient leurs dents. Il y en avait beaucoup.
Alors ma mère a détaché ma sœur de son dos et l’a assise sur le chemin. Les loups se sont approchés d’elle. Ma mère m’a pris par la main et s’est mise à courir – elle n’avait encore jamais couru aussi vite. J’ai couru aussi, et je n’avais encore jamais couru aussi vite. J’ai voulu me retourner pour voir ma sœur – il n’y avait que les animaux qui grondaient, se battaient, mais pas de sœur.
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Un autre voisin attendait que sa famille meure : sa femme et leur nouveau-né. Il voulait partir seul en Perse, sans eux, pour voyager plus facilement. Il avait déjà préparé son chariot, ferré le cheval. Il venait nous voir pour se plaindre à ma mère, parce qu’ils ne mouraient pas. Puis ils sont enfin morts. Mais le cheval est mort le même jour, et le voisin n’est allé nulle part.
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La foule humaine se mouvait vers le nord, inexorablement, comme une plante se tourne vers le soleil. Qu’espéraient y trouver ces paysans et paysannes couverts de poussière, amaigris, miséreux, ayant perdu leurs enfants en chemin ? Deïev avait vu cette Moscou et il savait qu’ils n’y trouveraient rien, ne feraient qu’y perdre leurs forces. Moscou, en ces jours, était mauvaise, affamée. Elle écrasait les gens comme une meule. Ceux qui y entraient pauvres, en sortaient miséreux. Ceux qui y entraient miséreux, en partaient les pieds devant.
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La porte s’ouvrit bruyamment sur une tête de cheval dont l’haleine formait de petits nuages, aux cils et à la crinière couverts de givre, suivie par un corps de cheval tapant des sabots, poudré de neige, les flancs gonflés. Un paysan en bonnet de fourrure à poils longs était perché dessus, le nez et les joues rouge vif à cause du gel, des glaçons recouvrant entièrement sa barbe.
...
– Mais pourquoi a-t-il fait entrer le cheval ? demanda Blanche.
– S’il le laissait dehors, il se le ferait voler tout de suite, répondit la postière en haussant les épaules.
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La prudence était désormais inutile : aucune personne dotée de bon sens n’aurait décidé de chercher des œufs et du beurre, de la crème ou du sucre sur les bords de la Volga. Depuis quelques années déjà, ces mots ne servaient pas à désigner de la nourriture, mais à se souvenir du passé. On ne mangeait pas de beurre, on en rêvait. On ne mangeait pas de chocolat, on en parlait aux enfants. On ne mangeait que des ersatz.
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– Neuf millions d'enfants souffrent de la famine dans la Volga. Si nous en sauvons six millions, est-ce peu ?
– Et les trois autres millions ?
– Si nous sauvons six millions d'enfants, dans vingt ans, ils en feront naître encore plus. C'est ainsi que les pays survivent, Deïev. Et que le monde survit.
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La veuve du fonctionnaire proposa fort à propos d'organiser un chœur : l'idée fut acceptée. Il aurait été bon d'occuper les enfants avec autre chose – des travaux manuels ou des cours de politique – pour qu'ils ne tournent pas en rond, mais par manque de pédagogues dans le train, il fallut se contenter de poésie et de musique.
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La bonté exige du courage. Elle doit avoir du culot et les dents pointues, sinon ce n’est pas de la bonté, mais de l’apitoiement.
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