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Critique de Sofiert





Quelle surprise que ce livre qui mélange Breaking bad, Tarantino, Stephen King et Romero! Entre autres excentricités!
Je viens de découvrir Gabino Iglesias qui revendique l'invention d'un nouveau genre littéraire, le barrio noir, un genre qui combine le crime avec l'horreur, sur fond de multiculturalisme hispano-américain et de questions politiques et sociologiques.
Curieusement, alors que je suis très sceptique sur l'intrusion du paranormal et plutôt méfiante envers les zombies, j'ai été embarquée dans ce mélange hallucinogène de crime et d'horreur.

Au début du roman, Mario, le narrateur, et sa femme Melisa viennent d'apprendre que leur petite fille Anita a reçu un diagnostic de leucémie. Quelques semaines plus tard, Mario est licencié de son travail à cause d'un trop grand nombre d'absences pour les rendez-vous médicaux . Les factures s'accumulent, et en désespoir de cause, Mario contacte Brian, un ancien collègue devenu dealer qui lui propose d'éliminer un pédophile en échange d'une belle somme d'argent.
" La pauvreté est un marteau qui tape sur votre détermination et votre bonheur jusqu'à les réduire en poussière."
Le système de santé américain est accusé avec véhémence non seulement parce qu'il ne permet pas de recourir à des traitements qui auraient pu sauver la vie de son enfant mais aussi parce qu'il condamne la famille à une double peine : le deuil et la pauvreté.

Mario, dont la mère consommait de la drogue, a toujours dit qu'il avait des anges qui veillaient sur lui, et il a eu des visions éveillées toute sa vie.
" Ma junkie de mère me répétait souvent que des anges volaient autour de moi. Elle était convaincue que comme j'étais né" coiffé ", c'est à dire entouré de ma poche de liquide amniotique, j'avais la capacité de voir des deux côtés du voile."
Ainsi on apprend dès le début du roman que Mario est perméable au monde surnaturel tout comme il l'est à l'univers des narco-trafficants, presque de naissance. Et il accepte plutôt aisément les avertissements de danger émises par les apparitions de quelques fantômes de son passé.

Toutefois, après la mort de sa fille et le départ de sa femme, il accepte une mission périlleuse auprès des cartels mexicains dans l'espoir de sortir sa femme de la misère.
Mario fait équipe avec son ami accro à la méthamphétamine, Brian, et un membre du cartel nommé Juanca pour aller dérober une énorme somme d'argent à des concurrents et venger la mort d'un frère.
Des scènes hyper réalistes d'une grande violence fusionnent alors avec des incursions paranormales et des diableries en tous genres.

"A la lueur des phares, deux grands yeux blancs dépourvus de pupilles apparurent, ainsi qu'une gueule hérissée de crocs jaunes scintillants. Lentement, la créature de cauchemar se hissa sur ses deux fines pattes de derrière et poussa un cri perçant."
Après avoir rencontré des créatures extra-terrestres dans les souterrains sous la frontière, le trio de tueurs va découvrir la magie noire.
Ils vont alors devoir supporter des scènes de torture insoutenables qui vont s'achever en apothéose par des crocodiles affamés et une sorcière aveugle en lévitation.

Gloria est" une sorcière. Une esclave. Au début quand Don Vazquez l'a récupérée, c'est parti en sucette. Et pas qu'un peu. Elle a tué plusieurs de ses hommes. Au final, ils ont été obligés de lui arracher les dents et de lui couper les mains pour pouvoir la contrôler. "
Depuis, la sorcière est l'associée du cartel, sa cruauté et ses pouvoirs diaboliques sont entrés en concurrence avec ceux des gangs.

Ballotté entre frayeurs réelles et frayeurs surnaturelles, le lecteur doit aussi se heurter aux ravages du racisme envers les Latinos, aux propos haineux des suprémacistes, à la précarité de nombreuses familles américaines et aux dégâts de la politique de Trump directement accusé.
Dans la lignée des grands romans noirs en forme de dénonciation, Gabino Iglesias apporte une large palette de surnaturel qui, à ma grande surprise, ne détonne pas mais apporte au contraire une touche de noirceur bien plus insondable.
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