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EAN : 9782355849930
336 pages
Sonatine (01/02/2024)
3.88/5   39 notes
Résumé :
Au Texas, la frontière est un point de non-retour.

Austin, Texas. Lorsqu'on diagnostique une maladie grave à sa fille, le monde de Mario s'écroule. Il se met à négliger son travail, se fait virer sans ménagement, les factures d'hospitalisation s'accumulent et sa femme cède lentement au désespoir. Décidé à relever la tête, Mario contacte Brian, un ancien collègue devenu dealer de meth. Celui-ci lui propose un marché d'une effroyable simplicité : la vie... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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Bonjour Booksta,
Voici « Le Diable sur mon épaule » de Gabino Iglesias. Un thriller sombre et terriblement dur. Preparez-vous à rencontrer Mario, un père désespéré par la maladie de sa fille, un homme couvert de dette, un mari inquiet pour son épouse. Acculé, il va accepter de devenir tueur à gages. L'engrenage est irréversible et le conduira à travailler pour un redoutable cartel de Juarez. Voici une intrigue captivante, bouleversante au rythme endiablé, une descente aux enfers dans un univers de violence extrême mêlant meurtres, drogue, magie noire, croyance, racisme et pauvreté. le cocktail est détonnant et se compose dans une atmosphère terrifiante et anxiogène. Les protagonistes sont décrits de façon fort réaliste. La plume est brillante, percutante et terriblement visuelle. Les scènes d'action sont terrifiantes à souhait. Une très belle découverte avec cet excellent thriller d'un auteur à suivre de près !
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Un jour, la vie de Mario bascule. Sa fille de quatre ans, Anita, a contracté une leucémie foudroyante. Et, comble de malchance, puisque sa femme et lui sont d'origine hispanique et que « même les maladies sont racistes », le taux de rémission est moins élevé que pour d'autres gamines. La fillette nécessite un traitement expérimental extrêmement coûteux, sans garantie de guérison. Mario est prêt à tout pour obtenir de l'argent. Même à tuer. C'est le début d'un engrenage fatal.

Mario a mis le doigt dans une machine dont il ne pourra se défaire. Son premier meurtre lui apporte l'argent espéré … et du plaisir. Il va donc continuer. Jusqu'à un coup. Un dernier coup. Vous savez, ce dernier coup qui permet ensuite d'arrêter, de partir, riche, et de commencer une nouvelle vie. Mais pour le réussir, il faut prendre des risques. Et se rendre sur un territoire où la violence est reine. Où, à la moindre erreur, on vous coupe un doigt, on vous ouvre le ventre, on vous arrache les intestins et on les fait manger par un crocodile. Toute l'horreur qu'on prête aux cartels mexicains et à la folie de certains de leurs dirigeants et membres. de la violence gratuite (ou non). Brutale. Écoeurante.

Même si ces scènes sont rares, elles sont éminemment puissantes et d'une force terrible. Impossible de rester de marbre devant certains passages. J'ai eu beau me dire que ce n'étaient que des mots, ceux-ci étaient suffisamment bien agencés pour que je ressente certaines sensations, que certaines images me sautent au visage. Mais je n'étais pas surpris : le barrio noir appelle ces moments d'horreur, percutants, terrifiants. Et je les ai appréciés à leur juste valeur.

Tout comme j'ai aimé la présence du diable sur l'épaule de Mario. Car ce texte baigne dans le fantastique, malgré son ancrage très fort dans le réel. On est bien dans la crasse des bas-fonds américains et mexicains. On sent la sueur des corps, l'odeur de graisse des diners. Malgré tout, peu à peu, Gabino Iglesias crée une atmosphère gothique avec l'apparition de personnages porteurs de magie noire. L'une cède contre de l'argent des reliques humaines aux pouvoirs magiques avérés.L'autre lévite et voit malgré ses yeux aveugles. Des créatures monstrueuses hantent les tunnels sombres traversant la frontière supposément inviolable de Donald Trump (dont on ne dit pas le plus grand bien dans ce roman). Là aussi, comme pour la violence, tout ne se fait pas d'un coup. C'est progressivement que l'on sent ces forces démoniaques pointer le bout de leur nez et tenter de pénétrer dans un quotidien déjà passablement détraqué. Et c'est cette montée en puissance que j'ai aimé. Voir Mario d'enfoncer dans l'horreur, renier parcelle par parcelle son humanité, dévoré qu'il est par les souvenirs d'une vie heureuse passée. Affronter le destin qu'il a fini par choisir.

Le Diable sur mon épaule est un récit noir, comme sa couverture, au rythme soutenu (à part un peu après le milieu, où j'ai ressenti une légère lassitude), à l'atmosphère irrespirable et à la pression savamment dosée. La découverte pour moi d'un auteur sur l'épaule de qui je vais, moi aussi, me pencher.
Lien : https://lenocherdeslivres.wo..
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Quelle surprise que ce livre qui mélange Breaking bad, Tarantino, Stephen King et Romero! Entre autres excentricités!
Je viens de découvrir Gabino Iglesias qui revendique l'invention d'un nouveau genre littéraire, le barrio noir, un genre qui combine le crime avec l'horreur, sur fond de multiculturalisme hispano-américain et de questions politiques et sociologiques.
Curieusement, alors que je suis très sceptique sur l'intrusion du paranormal et plutôt méfiante envers les zombies, j'ai été embarquée dans ce mélange hallucinogène de crime et d'horreur.

Au début du roman, Mario, le narrateur, et sa femme Melisa viennent d'apprendre que leur petite fille Anita a reçu un diagnostic de leucémie. Quelques semaines plus tard, Mario est licencié de son travail à cause d'un trop grand nombre d'absences pour les rendez-vous médicaux . Les factures s'accumulent, et en désespoir de cause, Mario contacte Brian, un ancien collègue devenu dealer qui lui propose d'éliminer un pédophile en échange d'une belle somme d'argent.
" La pauvreté est un marteau qui tape sur votre détermination et votre bonheur jusqu'à les réduire en poussière."
Le système de santé américain est accusé avec véhémence non seulement parce qu'il ne permet pas de recourir à des traitements qui auraient pu sauver la vie de son enfant mais aussi parce qu'il condamne la famille à une double peine : le deuil et la pauvreté.

Mario, dont la mère consommait de la drogue, a toujours dit qu'il avait des anges qui veillaient sur lui, et il a eu des visions éveillées toute sa vie.
" Ma junkie de mère me répétait souvent que des anges volaient autour de moi. Elle était convaincue que comme j'étais né" coiffé ", c'est à dire entouré de ma poche de liquide amniotique, j'avais la capacité de voir des deux côtés du voile."
Ainsi on apprend dès le début du roman que Mario est perméable au monde surnaturel tout comme il l'est à l'univers des narco-trafficants, presque de naissance. Et il accepte plutôt aisément les avertissements de danger émises par les apparitions de quelques fantômes de son passé.

Toutefois, après la mort de sa fille et le départ de sa femme, il accepte une mission périlleuse auprès des cartels mexicains dans l'espoir de sortir sa femme de la misère.
Mario fait équipe avec son ami accro à la méthamphétamine, Brian, et un membre du cartel nommé Juanca pour aller dérober une énorme somme d'argent à des concurrents et venger la mort d'un frère.
Des scènes hyper réalistes d'une grande violence fusionnent alors avec des incursions paranormales et des diableries en tous genres.

"A la lueur des phares, deux grands yeux blancs dépourvus de pupilles apparurent, ainsi qu'une gueule hérissée de crocs jaunes scintillants. Lentement, la créature de cauchemar se hissa sur ses deux fines pattes de derrière et poussa un cri perçant."
Après avoir rencontré des créatures extra-terrestres dans les souterrains sous la frontière, le trio de tueurs va découvrir la magie noire.
Ils vont alors devoir supporter des scènes de torture insoutenables qui vont s'achever en apothéose par des crocodiles affamés et une sorcière aveugle en lévitation.

Gloria est" une sorcière. Une esclave. Au début quand Don Vazquez l'a récupérée, c'est parti en sucette. Et pas qu'un peu. Elle a tué plusieurs de ses hommes. Au final, ils ont été obligés de lui arracher les dents et de lui couper les mains pour pouvoir la contrôler. "
Depuis, la sorcière est l'associée du cartel, sa cruauté et ses pouvoirs diaboliques sont entrés en concurrence avec ceux des gangs.

Ballotté entre frayeurs réelles et frayeurs surnaturelles, le lecteur doit aussi se heurter aux ravages du racisme envers les Latinos, aux propos haineux des suprémacistes, à la précarité de nombreuses familles américaines et aux dégâts de la politique de Trump directement accusé.
Dans la lignée des grands romans noirs en forme de dénonciation, Gabino Iglesias apporte une large palette de surnaturel qui, à ma grande surprise, ne détonne pas mais apporte au contraire une touche de noirceur bien plus insondable.
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▪️Chronique▪️


« Entre un homme désespéré et un cadavre, il n'y a parfois qu'une poignée de dollars. »

Nous ne sommes jamais prêts au malheur. Personne ne peut prévoir les coups durs de la vie, mais plus encore, nos réactions quand il s'abat sur nous. Mario est un de ceux-là. Un de ceux, qui d'un coup, se retrouve dans une situation si désespérante que l'enchaînement de ses actions, devient sa propre descente aux enfers. Bien sûr que l'origine, le contexte social et politique, l'état de faiblesse peut engendrer une suite d'événements indépendants de toute volonté. Mais quand on se voit perdre son enfant, d'une maladie rare, comment on encaisse cette douleur incommensurable? Et comment on y fait face? Ce père de famille perd tout, sous un coup du sort. Mais en grattant un peu, peut-être pas tant, par hasard…Et c'est là, que le sang vient à parler, à bouillir, à vouloir s'exprimer, à vouloir se venger. le sang appelle le sang. Et souvent le sang et l'argent aime bien à parler ensemble…L'engrenage était inévitable. Mais en même temps, qui ne tenterait pas tout, tout jusqu'au pire, pour sauver son enfant, sa famille, sa raison de vivre? Tout, même à accepter, le Diable sur l'épaule…

« Le truc, avec la pauvreté, c'est qu'elle se fiche de la géographie. »

Effectivement, je ne pense pas que ça joue des masses dans ce phénomène. Et pourtant, dans les livres de Gabino Iglesias, un certain point géographique revient encore et encore: la frontière americano-mexicaine. Chaque roman nous emmène sur ces terres empreintes d'histoires, de fantômes, de violences, de clivages, de folklores, de magies, de passages. Je suis toujours impatiente d'aller dans ses polars, parce qu'il a une plume brillante et engagée. Tout est fictif, et je sens que tout y est vrai. La cruauté humaine n'a pas de limites, et ça, je pense que l'auteur arrive à mettre cette vérité effroyable dans ces romans noirs bouleversants avec une grande lucidité, tout en y mettant, un morceau de son coeur en miettes, comme si, cette vérité le brisait de l'intérieur. Je crois, sincèrement, qu'il se soucie des pauvres gens qui errent sur ce bout de terre. Que ça le hante. Peut-être que c'est la Santa Muerte ou La Huesuda qui lui parle tout bas. Toujours est-il qu'avec Mario, il explore la trajectoire d'un homme lancé contre les mâchoires féroces des cartels de Juárez. C'est d'une violence inouïe. Mais jusqu'à la fin, nous sommes sensibles à son chagrin, à son désespoir, à ses failles…

« Quand les coïncidences commencent à s'accumuler, c'est en général qu'il ne s'agit pas de coïncidences. »

Donc, voilà. Trois romans, trois fois que j'en reviens, époustouflée. Il n'y a donc plus de coïncidences: je suis réellement convaincue que c'est un de mes auteurs favoris. Toutes ces influences d'origine syncrétique me charme comme jamais, et cette sensibilité qu'il a dans ses mots, me touche en plein coeur. Je vous invite donc à découvrir très vite le Diable sur mon épaule, non seulement parce que c'est mon coup de coeur mais parce qu'il risque de vous hanter longtemps…Et que si La Huesuda plane près de vous, alors vous saurez peut-être la valeur d'une vie…

« Je fus surpris en franchissant la porte de découvrir que le monde était encore là. »
Lien : https://fairystelphique.word..
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Mash-up littéraire ! Depuis que Gabino Iglesias a débarqué dans les librairies françaises, les lecteurs savent qu'il aime défier les genres. On le dit inventeur du « barrio noir », cocktail explosif à base de roman noir nord-américain et de mysticisme latino.
Dans son dernier livre, l'auteur reprend la recette mais la perfectionne en poussant la fusion à son paroxysme. Ça pourrait être du Breaking bad version Stephen King ou du Shirley Jackson façon Tarantino, mais il est vraiment temps d'arrêter les comparaisons et de dire que c'est tout simplement du Gabino Iglesias.

« le diable sur mon épaule » est l'histoire d'un homme désespéré qui accepte une dernière mission, la fameuse « dernière mission ». Celle qui lui permettrait de rembourser définitivement les dettes accumulées durant l'hospitalisation de sa fille malade, celle qui lui permettrait peut-être de récupérer l'amour de sa femme, celle qui va le projeter dans les griffes des cartels de Juárez. Entre violence radicale et phénomènes surnaturels, Mario s'enfonce dans un monde terrifiant où la Huesuda n'est jamais loin.

Sur une base ultra-réaliste et sociologique (la pauvreté, l'immigration, le racisme, l'oppression systémique des immigrés), lglesias vient ajouter à son intrigue une dimension fantastique teintée de syncrétisme religieux. le genre de mix qui pourrait facilement virer au grotesque sous d'autres plumes. Ici le résultat est bluffant et si ça fonctionne sur une cartésienne, athée comme moi, je pense que ça peut fonctionner sur tout le monde. On est tenu en haleine jusqu'au bout et on oscille entre mille émotions dont quelques grosses frayeurs.
Définitivement fan de cet auteur.
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critiques presse (1)
Marianne_
18 mars 2024
Dans son roman "Le Diable sur mon épaule", Gabino Iglesias laisse traîner sa plume acérée dans les marges d'une Amérique de la frontière que Biden et Trump ne font qu'apercevoir à travers les vitres de leurs voitures blindées.
Lire la critique sur le site : Marianne_
Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Je songeai que religion et violence allaient souvent de pair dans leur façon de flirter avec la mort, mais qu'à la fin, c'était systématiquement la mort qui remportait la partie.
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— Je sais pas où t’as vécu, tout ce temps-là, mais figure-toi qu’il y a beaucoup de gens qui peuvent pas blairer ton accent et ta couleur de peau. T’as la chance d’avoir des papiers, c’est déjà ça, mais t’auras beau te les agrafer sur le front, ça fera pas changer d’avis tous les racistes de ce pays, tu vois ce que je veux dire ? Avec cent mille dollars en poche et un costume sur mesure, tu vaudras toujours moins qu’un Blanc avec vingt dollars dans son portefeuille et un jean troué.
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– Oublie tout ce que tu crois savoir sur le trafic d’armes, le coupa Kevin. La drogue, ça rapporte beaucoup, mais c’est dix fois trop dangereux. Les cartels ont toujours besoin de flingues, et en quantité. Nous, on est là pour les leur fournir.

Je manquai m’étrangler. Ces deux "patriotes" faisaient partie intégrante du problème. Si la situation au Mexique était aussi catastrophique, c’était en grande partie à cause des fusillades constantes. Or, les armes impliquées dans ces fusillades provenaient de gens comme Kevin et Stevie.
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– Voilà, Mario. Le prends pas mal, mais il faut avoir des papiers pour acheter des armes aux États-Unis. »

Des papiers… Il avait vu ma couleur de peau, et il était parti du principe que j’étais un immigré clandestin. Je me retins de lui loger une balle dans la tête.

« Je suis citoyen américain, répliquai-je.

– Tant mieux pour toi ! fit Stevie. N’empêche que t’es hispanique… ou latino, je sais pas comment on dit. Vous changez tout le temps de mot, on a du mal à suivre. Non pas que j’en aie quelque chose à foutre, d’ailleurs. Bref, les armuriers avec qui on bosse partiraient du principe que t’es de mèche avec les cartels.
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On était venus pour récupérer un véhicule rempli d’armes, et Brian se voyait proposer un boulot tandis que je me faisais traiter d’immigré clandestin. Une belle illustration du racisme systémique.

C’était tellement absurde que c’en était presque amusant. Et, en même temps, j’avais connu ça toute ma vie : à côté d’un Blanc en costar, mon niveau d’études et mon CV ne valaient rien.

Sauf que là, le Blanc en question était quand même un toxico transpirant aux yeux écarlates qui avait passé la journée à gober des cachetons.
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