La nuit est pénible. C'est difficile à expliquer, mais la douleur est oppressante. Je devrais pouvoir faire toutes sortes de choses, vivre pleinement chaque instant, et pourtant, voilà où j'en suis réduit : je suis là, immobile, incapable même de bouger le petit doigt. C'est cela qui est douloureux : d'être incapable, finalement, de devenir un autre que moi-même. Je n'ai rien à faire que d'être là, pendant que le temps s'écoule en accéléré. Je ne demande rien d'autre que de vivre, alors que je me contente de respirer au ralenti derrière les barreaux de l'existence. Je voudrais respirer pleinement mais je n'y arrive pas. Si je me force, j'étouffe.
C'est à partir de cette époque-là que j'ai réalisé que quelque chose s'était brisé en moi. Si le monde dont je ressentais confusément la présence autour de moi était ainsi, c'était donc que je n'étais pas normal.
Je ne savais pas comment étaient les autres. Je ne savais pas non plus si les autres, de leur coté, étaient oui ou non brisés, et s'ils l'étaient, de quelle manière ils l'étaient.
Ce qui est douloureux, c'est d'être incapable, finalement, de devenir un autre que moi-même.
Vous comprenez, j'ai toujours l'impression d'être idiot et vraiment pas intéressant.Je le suis certainement, mais en ce moment, j'aimerais bien pouvoir l'oublier un peu
Je suis capricieux et égoïste, je ne suis pas malade, mais incomplet.