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Critique de BillDOE


Billy a quinze ans lorsque le récit de son histoire commence. Il voit bien qu'il n'est pas attiré par le même type de personne que ses camarades. La Nature s'est jouée des conventions et lui a attribué des goûts que la société réprouve, « le terrible fléau de la morale publique », comme il le lira plus tard dans le roman « La chambre de Giovanni » de James Baldwin.
Il y a pourtant Miss Frost, la bibliothécaire, femme à la quarantaine énigmatique avec sa poitrine prépubère et ses épaules carrées dont il est secrètement amoureux. Elle pourrait être la parade à ses déviances même si elle est une femme d'âge mur, et l'aider à réaliser sa vocation : devenir écrivain.
Son père a fui le foyer dès son plus jeune âge pour des raisons que seul un « honteux » secret de famille saurait justifier. le jeune Bill évolue dans une famille de théâtreux. Sa mère est souffleuse, pendant que son grand-père se travestit sur scène pour endosser les rôles des héroïnes des pièces qu'ils jouent.
John Irving narre avec toute l'humanité et la vraisemblance, les errances sentimentales et libidineuses d'un jeune homme.
Il est cet auteur dont la particularité est de commencer l'écriture de son manuscrit par la dernière phrase :
« Ne me fourrez pas dans une catégorie avant même de me connaître ! C'était ce qu'elle m'avait dit, et je ne l'avais jamais oublié. Faut-il s'étonner que je l'aie répété à mon tour au jeune Kittredge de toutes les certitudes, fils de mon ancien bourreau du coeur et amour interdit ? »
Phrase qui annonce bien toute la thématique de ce remarquable opus de l'oeuvre de cet auteur.
Architecte des mots, John Irving battit cette histoire comme une cathédrale dédiée à la souffrance morale et au calvaire intérieur que vivent bien des personnes égarées par le propre de leur nature tourmentée. Comme tout lieu saint, le roman-sanctuaire de John Irving invite au calme du recueillement, à la réflexion et à l'introspection. Au loin s'entendent les cris de ces païens, étrangers à cette scandaleuse religion, sans jamais troubler, perturber les convictions de ces âmes perdues pour la société impie et moralisatrice.
« A moi seul bien des personnages » est un roman qui, sans jamais tomber dans l'écueil du drame, avec beaucoup de gentillesse et de bienveillance, transcende la notion de liberté individuelle. C'est un hymne au droit de chacun de disposer de sa vie comme bon lui semble et un camouflet aux hordes de hyènes « bien-pensantes », à cette couarde foule, cette meute de furies à la condamnation facile, cette horde d'individus sclérosés par leurs frustrations, cette ignorance mère de toutes les abjectes bêtises.
John Irving délivre un message de paix et d'apaisement face aux tensions qui agitent trop souvent une société qui ne tolère pas la cohabitation des différences.
La richesse d'une société comme d'une vie est dans sa diversité (dixit votre dévoué).
Traduction de Josée Kamoun et Olivier Grenot.
Editions du Seuil « Points », 590 pages.
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