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Citations sur Astoria (22)

Une nouvelle classe d'hommes naquit graduellement de ce trafic : on les appelait Coureurs des Bois. Après avoir longtemps accompagné les Indiens dans leurs expéditions et s'être familiarisés avec les différentes tribus, ils étaient devenus, pour ainsi dire, les colporteurs du désert. Ils partaient de Montréal avec des canots remplis de marchandises, d'armes, de munitions, et, suivant les rivières sinueuses qui découpent les vastes forêts du Canada, côtoyant les lacs les plus reculés, ils créaient de nouveaux besoins, de nouvelles habitudes chez les Naturels. Quelquefois ils demeuraient parmi eux des mois entiers, se pliant à leurs goûts et à leurs moeurs avec l'heureuse facilité des Français, adoptant jusqu'à un certain point les costumes indiens, et prenant assez souvent des femmes indiennes pour compagnes.
Douze, quinze, dix-huit mois s'écoulaient parfois sans qu'on eût d'eux aucune nouvelle. Mais un beau jour ils redescendaient en chantant la rivière Ottawa, et leurs canots étaient remplis de peaux de castors. C'était alors le temps des plaisirs et du repos...
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"L'art de la réussite est de savoir transformer ses défaites en victoires", aimait à répéter Astor, volontiers sentencieux. Sa plus belle réussite, en fin de compte, n'aura pas été son tas d'or, aujourd'hui oublié, mais d'avoir osé rêver Astoria, de s'être projeté, depuis son bureau de New York, dans l'infini des plaines du Missouri, d'avoir franchi les Rocheuses, atteint le Pacifique - et puis, surtout, d'avoir su faire partager son rêve à Irving. Que valent en effet la plus belle des aventures, le plus beau des voyages sans le récit - sans la légende - qui les avive, et en prolonge la trace ?
Michel Le Bris - Préface
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La monotonie de ces immenses paysages serait aussi fatigante que celle de l'Océan, si elle n'était rachetée, en quelque manière, par la pureté, par l'élasticité de l'atmosphère, et par la beauté du ciel. Le firmament resplendit de cette délicieuse teinte bleue qui a fait le renom de l'Italie ; le soleil brille sans être offusqué par aucune vapeur, par aucun nuage ; enfin une nuit étoilée dans la Prairie est paraît-il un spectacle admirable. Cette pureté, cette transparence de l'atmosphère augmentent à mesure qu'on approche des montagnes et qu'on monte graduellement jusqu'aux prairies les plus élevées.
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L'acquisition de trois hardis chasseurs était une excellente affaire, surtout en de si dangereux parages. La connaissance qu'ils avaient acquise de l'intérieur du pays était d'une grande importance. Il engagèrent ainsi M. Hunt à changer la direction de sa route. Il s'était d'abord proposé de suivre les traces de MM. Lewis et Clark dans leur fameuse expédition exploratrice, c'est-à-dire de remonter le Missouri jusqu'à ses Fourches, et une fois là de franchir les Montagnes Rocheuses. Les trois chasseurs lui firent remarquer qu'en suivant cette route il serait obligé de passer à travers un pays infesté par les Pieds-Noirs, lesquels, on le sait, avaient juré une haine mortelle aux Blancs à cause de la mort d'un de leurs guerriers, tué par le capitaine Lewis. Nos aventuriers conseillèrent donc à M. Hunt de faire route plus au midi, vers les sources des rivières Platte et Yellow Stone. C'était par là qu'ils étaient revenus, en franchissant les Montagnes par un défilé beaucoup plus praticable que celui de Lewis et Clark. En prenant cette route, M. Hunt devait traverser un pays abondant en gibier, où il avait toutes chances de se procurer les provisions nécessaires, et où il courrait moins de risques d'être molesté par les Pieds-Noirs. S'il adoptait ce projet, il ferait bien d'abandonner la rivière au village des Aricaras, où on allait arriver sous peu de jours. Comme les Indiens de ce village possédaient plus de chevaux qu'il ne leur en fallait, il pourrait leur en acheter un nombre suffisant pour son grand voyage par terre, qui commencerait en cet endroit...
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"Nous tuons les hommes blancs, répondit un des chefs, parce que les hommes blancs nous tuent. Cet individu-là même, ajouta-t-il en montrant Carson, une des nouvelles recrues, a tué un de nos frères l'été passé. Les trois hommes blancs ont été immolés pour venger sa mort."
Le chef avait raison. Carson confessa que se trouvant avec un parti d'Aricaras sur le bord du Missouri, et voyant un parti guerrier de Sioux du côté opposé, il avait déchargé sa carabine vers l'autre rive. C'était un coup perdu, tiré sans en attendre grand résultat, car la rivière avait près d'un quart de lieue de largeur. Malheureusement un guerrier sioux tomba, et ce meurtre, commis de gaieté de coeur, provoqua une terrible vengeance. C'est ainsi que des Blancs, par méchanceté ou par étourderie, commettent fréquemment des outrages contre les Naturels. Les Indiens y répondent suivant une loi de leur code, qui demande sang pour sang ; et leur action, qui n'est chez eux qu'une pieuse vengeance, retentit à travers les terres comme un acte de cruauté perverse et non provoquée. Le voisinage se lève en armes : une guerre s'ensuit, qui finit par la mort de la moitié de la tribu, par la ruine des survivants, et par leur expulsion de leurs demeures héréditaires. Telle est, trop souvent, la véritable histoire des guerres indiennes. On attribue leur origine à quelque caprice sanguinaire d'un Sauvage, tandis que l'outrage du misérable Blanc qui l'a provoqué est ordinairement passé sous silence.
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La vie d'un Indien, dans son village, est toute d'indolence et d'amusement. C'est sa femme qui est chargée des travaux de la maison et des champs. Elle arrange la loge, apporte du bois pour le feu, fait la cuisine, sale la venaison et la chair de bison, prépare les peaux des animaux tués à la chasse, cultive enfin le petit champ de maïs, de citrouilles et de légumes qui fournit une grande partie des provisions. Les femmes indiennes, occupant ainsi leurs journées, ne prennent de repos et de récréation qu'au coucher du soleil. Elles se rassemblent alors pour s'amuser à de petits jeux, ou pour converser ensemble, assises sur le toit de leurs loges.
Quant à l'Indien, c'est un animal de combat, qui ne doit pas être dégradé par des travaux domestiques. Il suffit qu'il s'expose aux fatigues de la chasse, aux périls de la guerre ; qu'il rapporte à la maison de la viande pour la nourriture de sa famille ; qu'il veille et combatte afin de la protéger ; tout autre soin est indigne de son attention.
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La plus grande difficulté était de se procurer l'interprète sioux. Il n'y avait à Saint Louis qu'un seul individu qui fût capable de ce service... un métis nommé Pierre Dorion.
Pierre était fils de ce Dorion qui accompagna MM. Lewis et Clark en qualité d'interprète dans leur fameuse expédition exploratrice à travers les Montagnes Rocheuses. Le vieux Dorion était un de ces créoles français, descendant des anciens colons du Canada, qui abondent sur la frontière de l'Ouest et s'amalgament avec les Sauvages. Il avait séjourné parmi différentes tribus, et avait peut-être laissé de sa progéniture chez toutes ; mais sa femme habituelle et régulière était une squaw sioux. Il avait eu d'elle une couvée de fils métis pleins d'espérance. Notre Pierre était l'un de ces enfants. Les affaires domestiques du vieux Dorion étaient conduites suivant le système indien. Père et fils s'enivraient ensemble chaque fois qu'ils le pouvaient, et alors leur cabane devenait le théâtre de grossières clabauderies, de disputes et de batailles, dans lesquelles le vieux Français était souvent fort maltraité par sa race croisée. Dans une de ces affreuses rixes l'un des enfants, ayant renversé le vieil homme par terre, était sur le point de le scalper. "Arrête, mon fils ! s'écria le pauvre diable d'une voix suppliante ; tu es trop brave, trop généreux, pour scalper ton père !" Cet appel toucha le côté français du coeur du Métis, et il permit au vieillard de garder intact son cuir chevelu.
C'est un des membres de cette aimable famille que M. Hunt désirait engager comme interprète.
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En remontant le Haut-Missouri, il fallait passer à travers le pays des Indiens Sioux, qui avaient maintes fois mis à mal les marchands blancs, et qui rendaient leurs entreprises extrêmement périlleuses. Des bords escarpés de la rivière ils faisaient feu sur les bateaux qui passaient au-dessous d'eux, et s'en prenaient même aux campements des caravanes...
Si l'on était assez heureux pour traverser sans accident le pays des Sioux, on devait trouver au-delà une tribu encore plus sauvage, et mortellement ennemie des Blancs, c'étaient les Indiens Pieds-Noirs, qui menaient une vie errante et faisaient la loi à travers d'immenses territoires.
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Un jour il établit son camp dans une vallée étroite, sur les bords d'un étang limpide quoique plein de joncs. A l'entour croissaient des arbrisseaux couverts de cerises sauvages, de groseilles et de groseilles à maquereau, blanches et rouges. Tandis que le repas du soir se préparait, il monta en compagnie de M. Mac Kenzie au sommet d'une colline voisine. De là, grâce à la transparence de l'atmosphère, ils découvrirent à leurs pieds un immense paysage. Au-dessous d'eux s'étendait une plaine couverte d'innombrables troupeaux de bisons. Les uns étaient étendus sur l'herbe, d'autres rôdaient au loin dans la prairie ; quelques-uns se livraient de terribles combats, et leurs graves mugissements retentissaient comme le puissant murmure du ressac sur une côte lointaine.
Bien loin, vers l'ouest, (ils) aperçurent une rangée de hautes montagnes qui se découpaient sur le clair horizon, et dont quelques unes étaient coiffées de neige...
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Les Aricaras sont divisés en plusieurs bandes, chacune portant le nom d'un animal, comme le bison, l'ours, le faisan. La troupe comprenait quatre de ces bandes desquelles était celle du chien. C'est la plus estimée dans la guerre ; elle est constituée de jeunes hommes au-dessous de trente ans, connus par leurs prouesses et qui sont mis en avant dans les occasions les plus désespérées. Les fantassins venaient d'abord, en peloton de dix ou douze, ensuite les cavaliers. Chaque bande portait, en guise d'enseigne, une lance ou un arc décoré de grains de verroterie, d'aiguillons de porc-épic et de plumes peintes. Chacune avait ses trophées de scalps élevés sur des perches et dont les longues chevelures flottaient au vent ; chacune enfin était accompagnée de sa musique sauvage. La procession s'étendait sur près d'un quart de lieue. Les guerriers étaient armés de différentes manières ; quelques uns avaient des fusils, d'autres des arcs et des flèches ou des massues ; tous portaient ces boucliers de peau de bison si chers aux Indiens des Prairies, qui ne peuvent pas se mettre à l'abri derrière des troncs d'arbres comme leurs frères des forêts. Tous les guerriers étaient peints dans le style le plus farouche. Quelques-uns avaient sur la bouche la marque d'une main sanglante, signe qu'ils avaient bu le sang d'un ennemi.
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