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Critique de mylena


mylena
04 décembre 2022
Au bout de quelques pages (très peu, car c'est présent dès la première phrase) j'ai réalisé que cette lecture allait me poser un problème : la place de la religion s'y annonçait forte, et même omniprésente. C'est une des choses qui m'énerve le plus quand je lis un livre : quand pour l'auteur il va de soi que tout un chacun a une religion. En plus, là, il s'agit surtout des différents courants américains, congrégationnistes, presbytériens, baptistes, … entre lesquels je me perds et dont les nuances m'échappent ! Dans le même temps le personnage d'Owen Meany m'a littéralement happée. Je venais de lire «Le tambour» et les points communs entre Oskar et Owen sont évidents, entre les initiales de leurs noms et leur petite taille. En dehors du côté religieux c'est l'histoire d'une belle amitié et une tranche de vie de l'Amérique entre 1942 et 1987 (surtout entre 1953 et 1968 en fait). L'histoire d'Oskar et celle d'Owen n'ont rien en commun et le style de Grass et celui d'Irving non plus. Mais dans les deux romans il y a nombre de scènes fortes, loufoques et mémorables. le fait qu'Owen soit un personnage de type messiannique fait que le lecteur prend un malin plaisir à tenter de décrypter les petits cailloux semés par le narrateur, John, l'ami d'enfance, censé écrire en 1987. Les petits cailloux sont visibles comme le nez au milieu de la figure, et pourtant à chaque fois j'ai été surprise. Ce roman est mené de main de mettre, avec le bon dosage des aller-retour entre le récit du passé de John et Owen et le présent de John. L'idée d‘utiliser l'écriture en capitales pour transcrire la voix originale d'Owen (et parfois ses pensées) est toute simple mais très efficace. Owen est un personnage rare, lumineux, attachant, en lui-même, et par rapport aux personnages médiocres ou falots qui l'entourent. Il se passe bien des événements tristes et pourtant c'est plein d'humour. Quel roman sur la guerre du Vietnam (sans nous faire quitter l'Amérique du Nord!), mais aussi sur d'autres épisodes de la politique extérieure américaine (de la baie des Cochons à l'Irangate) ! Il y a aussi, car John est devenu prof de littérature anglaise au Canada, plein de références à la littérature (pas toujours parlantes pour moi, j'aurais dû noter au fur et à mesure la liste des livres cités !). le roman date de 1989 et pourtant on y voit apparaître les prémices du wokisme au Canada en 87 avec l'attitude de la nouvelle collègue de John. Un chef d'oeuvre, moins connu que le monde selon Garp (en France en tout cas), mais à mon avis encore plus marquant.
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