Terre Sainte, 1174, Milon de Plancy, régent du royaume chrétien de Jérusalem, est sauvagement assassiné par trois hommes cagoulés. Guillaume, l'archidiacre de Tyr, et son protégé Beaudouin, le futur roi, mènent l'enquête. le jeune souverain est également préoccupé par la disparition de treize jeunes filles, orphelines et tatouées d'une main de Fatima sur l'avant-bras. Des actes de barbaries qui semblent cependant dissimuler de plus lourds secrets, capables de faire vaciller la chrétienté.
Dessinateur, scénariste et directeur de trois collections aux Éditions Soleil,
Jean-Luc Istin associe deux de ses talents à celui de
Thimothée Montaigne, qui signe ici son premier album. Après "L'Ordre des Dragons", l'auteur prolifique livre donc un deuxième scénario au sein de sa collection ‘Secrets du Vatican'. A l'instar du nom de la collection, le titre évocateur et la couverture accrocheuse situent immédiatement cette nouvelle saga au sein d'un genre emmenée par "Le Troisième Testament", véritable référence en la matière.
L'action se déroule au temps des templiers, entre la deuxième et la troisième croisade. Cette fiction ésotérique est ainsi renforcée par un contexte historique riche en conflits, des personnages ayant existés et des lieux réels balayés par plusieurs courants religieux à cette période. La scène d'ouverture montrant une jeune fille, enchaînée au fond d'un puits, exécutée par son bourreau, plante immédiatement une ambiance sombre et pesante. A coups de complots, luttes de pouvoir, enlèvements, manoeuvres politiques, sociétés secrètes et meurtres, l'auteur développe ensuite habilement plusieurs intrigues parallèles. Plusieurs fils rouges emmenés par des personnages dont
Istin soigne particulièrement le développement psychologique ; du rôle d'enquêteur d'un
Guillaume de Tyr au raisonnement limpide à celui d'un jeune roi audacieux, torturé par la maladie.
Si le sujet aura du mal à surprendre les aficionados du genre, l'entrée en matière de
Thimothée Montaigne au sein du neuvième art ne passera pas inaperçue. L'assistant de
Mathieu Lauffray sur la colorisation de "Long John Silver" livre un premier travail pour le moins remarquable. Malgré quelques imperfections au niveau des expressions, le style élégant et précis du talentueux dessinateur n'a rien de celui d'un débutant. Appuyée par la mise en couleurs admirable d'
Elodie Jacquemoire, le graphisme s'accorde parfaitement à l'atmosphère mystérieuse et sombre du récit et se place ainsi au diapason de ce polar ésotérique prenant.
Malgré un filon ésotérique au bord de l'épuisement,
Jean-Luc Istin parvient à livrer un thriller clérical parfaitement maîtrisé. Quant au graphisme, même les plus mécréants seront tentés de l'accueillir d'un ‘alléluia' à peine masqué.