Le vent, dont le hurlement menaçant ressemblait au rire du diable, traversait en mugissant le canyon, avant de venir lécher les bords glacés du lac de la Superstition et soulever des vagues aux endroits où l'eau était trop profonde pour geler.
Les séances de psychothérapie et les pilules anxiolytiques s'étaient révélées impuissantes à faire cesser l'horreur du cauchemar qui privait Julia de sommeil, lui causant des migraines qui l'obligeaient souvent à garder le lit pendant plusieurs jours.
Même au bout de cinq ans.
Alors, elle courait.
Chaque jour.
Qu'il pleuve ou qu'il vente.
Elle ne s'accordait de répit que lorsque la couche de neige lui arrivait à la cheville ou qu'il gelait si fort que les rues étaient verglacées.
Courir exorcisait les démons et l'aidait à dormir.
Il avait étudié l’Histoire : jamais il n’aurait dû faire confiance à une femme. Il n’y avait qu’à voir Cléopâtre, Mata Hari ou Wallis Simpson. Exemples parfaits de séductrices qui avaient changé le cours de l’Histoire.
Toute cette histoire à propos d’un petit ami n’avait peut-être été qu’une plaisanterie, finalement. Il fallait raconter un gros bobard à la nouvelle, histoire de l’intégrer.
Un peu de fermeté en même temps que de l’affection.
Tout ce qui m’intéressait, c’était fumer de l’herbe et sortir avec des garçons, j’ai même tâté de la méthamphétamine et de l’ecstasy. Mes résultats scolaires étaient en chute libre et je me suis retrouvée dans cet établissement, seule, sans amis. Au début, ç’a été l’enfer. Je ne te raconterai pas de bobards. Il existe une hiérarchie, là-bas, c’est sûr, comme dans n’importe quelle école, mais j’ai dû me débrouiller toute seule… et j’y suis arrivée.
Les lambeaux du rêve qui revenait régulièrement la hanter se replièrent dans les recoins obscurs de son esprit. Elle jeta un coup d’œil au cadran de la radio et poussa un gémissement lorsqu’elle se rendit compte, avec consternation, qu’elle avait oublié de remettre le réveil.