AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de LaBiblidOnee


Une histoire qui semblait attractive, aux multiples facettes : Face A, une épidémie de tueurs crée une vague de morts sans précédent parmi les groupes de rock qui se produisent sur scène. Est-ce la sauvagerie des vibrations de la musique qui engendre la violence de l'acte ? La violence des messages véhiculés qui propagent la barbarie parmi les fans ? Une conséquence d'une société de plus en plus virtuelle qui passe à l'acte plus facilement ? Oui mais pourquoi ? Car derrière l'acte, il y a toujours une idée qui a germé d'une petite graine. Quelle est cette graine, se demande la petite amie d'un musicien qui va s'exposer sur scène malgré la paranoïa qui s'installe ? Est-ce qu'en comprenant, on parviendra à éradiquer l'épidémie et à organiser des concerts en toute sérénité ? Vous allez me dire, parmi ces nouveaux groupes alternatifs la plupart sont tellement mauvais que ce ne serait pas grave si le filon cessait. Comme quand vous regardez les chaînes de clips à la télé et que vous vous dites que, décidément, pas un de ces clips ne mérite la qualification de musique ! Si-si ne mentez pas, je sais que vous avez déjà pensé ça… du bruit tout au plus, ou un « son » comme il est à la mode de dire maintenant, car plus personne n'est dupe - même pas ces artistes : leur produit n'est souvent rien de plus. Parfois, on rêverait de les éliminer de la scène purement et simplement. Et si certains avaient juste décidé de passer à l'acte ? A moins qu'ils en rêvent juste très fort…? On tente avidement de répondre à ces questions en s'enfonçant corps et âme dans cet univers musical bien dépeint, dans lequel il fait bon déambuler et flâner. Mais arrive la fin de la face A, et nous n'avons toujours pas le fin mot. Vite, tournons le bouquin, et recommençons la lecture dans l'autre sens : Face B. « Quand j'écris, j'essaie toujours de penser face A, confie Shaun. Mais quand j'écoute, je préfère les faces B. C'est là que les groupes cachent leurs secrets. » Ahaaaa, on attend donc beaucoup de cette trame intrigante : Où l'auteur veut-il en venir dans sa face B ?


Hélas. Moi qui attendais la résolution de cette épidémie… Je n'ai trouvé, osons un jeu de mot laid, qu'un rock alternatif qui m'a laissée sur ma faim. On nous livre avec avarice quelques détails sur chaque tuerie survolée en face A, mais toujours point sur les motivations. Et puis surtout, on se rend compte que l'histoire racontée en face B est le miroir inverse de la face A : Les personnages masculins y ont leur double féminin et inversement. Ce n'est pas l'envers du décor auquel on s'attendait, c'est plutôt son contraire… WTF ? Hé Ho Jeff Jackson, mais qu'est-ce que tu nous chantes là ? Où veux-tu en venir ? Tout cela n'est-il qu'un miroir aux alouettes, à qui on rêve de tordre le cou pour qu'elles arrêtent de chanter ? Rembobinons un peu… Ah, oui, tu dédicaces ton livre à Johnny Ace, que tu dis être la première victime du rock'n roll… Une rapide recherche sur wiki rappelle qu'à la veille de Noël 1954, Johnny Ace se tire une balle dans la tête en jouant à la roulette russe dans l'auditorium de la ville de Houston. Johnny Otis, qui fut son producteur, prétend qu'il était coutumier du fait. Mais cette mort est maintenant remise en question, et la possibilité d'un suicide ou d'un meurtre est évoquée. Un peu comme les personnages de ce roman, quoi.


Aaaaaah, t'es en train de nous la faire à l'envers là, Jeff ? Des scénarii alternatifs comme autant d'interprétation des textes contenus dans le vinyle que symbolise ton bouquin…? Bel objet au passage, amusant de joindre le geste à la parole pour enclencher la lecture de la face B. Mais j'ai rien compris, tu sais, et je ne suis pas la seule. D'un côté c'est chouette de changer un peu, mais d'un autre côté si on ne capte rien, ça perd de son charme à l'arrivée. Parce que le lecteur, il aime pas trop se sentir bête en refermant son roman, tu vois. C'est dommage. L'immersion dans le monde du rock est pas mal, le concept de la face B qui délivre le revers de la médaille est bien trouvé ; l'idée de départ intrigue et les pages tournent vite car on veut comprendre… Et paf, le chien. C'est là que bat blesse quand finalement on ne pige pas, ou pas tout. Reste qu'on a la sensation de tenir un truc qui aurait pu se tenir. C'est frustrant, ça donne envie de retourner ça dans tous les sens pour choper la chanson cachée qu'on a manqué et qui va éclairer tout le reste. Mais on ne peut pas conseiller un livre qu'on n'a pas vraiment compris. En même temps, plus de lecteurs vont l'interpréter, plus on aura de chance de trouver une explication convaincante. Y'a pas un fan de Don DeLillo par exemple dans la salle ? Parce que j'ai la même impression qu'en refermant son dernier roman sur « Le silence ». D'ailleurs, il dit de ce livre « Une oeuvre impeccable, dont la narration diffractée est solidement encadrée. Fragiles ou en mouvement perpétuel, les personnages dessinent un monde intérieur incertain, à leur image ». Ouais, on comprend rien non-plus, je soupçonne l'auteur ou l'éditeur de lui avoir soufflé le texte…


Comme l'écrit Bernard Werber dans une préface pour Patrick Baud, « Une bonne histoire fonctionne un peu comme une blague, qui est en quelque sorte le haïku occidental. Elle se construit en trois temps. Et au dernier temps, il faut sortir le lapin du chapeau pour obtenir l'effet « waou ». » Ici seuls deux temps se répondent, face A/face B, mais manque le dernier temps : le lapin du chapeau, le truc qui fait waou. En tout cas, c'est la première fois que je lis un livre dont tous les lecteurs sur babélio avouent bons joueurs que c'était plaisant à lire mais qu'ils n'ont rien compris ! Avis.
Commenter  J’apprécie          5542



Ont apprécié cette critique (52)voir plus




{* *}