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Critique de LisaGiraudTaylor


Roy Jacobsen parvient à émouvoir dans une première partie véritablement envoûtante. On suit Marta, petite fille qui vit avec sa famille, peu fortunée, isolée dans la campagne norvégienne... tout n'est pas facile mais la vie de famille, malgré les difficultés, est joyeuse, légère.
Pourtant, au-delà de cette vie monotone, récurrente, se dresse le constat de la précarité, du progrès qui laisse les plus démunis sur le carreau, qui pousse aux crédits pour survivre. Saison après saison, de pêches en récolte maigres, le temps passe, inexorablement, entre espoirs et désespoirs, qui, comme les saisons, se relaient, sans cesse.. On envoie les enfants en ville, pour une meilleure vie, une vie de tâches, de difficultés... confrontée à la ville, Marta ne comprend pas ou, justement, prend conscience des choses de ce qu'elle est et représente,… entre anecdotes, banalités et vie quotidienne de l'époque, on assiste à l'éveil d'un pays, des consciences, de l'économie même... un nouvel espoir, de nouveaux buts, des projets... même si la vie ne parvient pas toujours à s'en sortir, on se bat, on persiste, on essaie, on tombe, on remonte en selle...
En cela Jacobsen saisit alors ces instantanés entre tristesse et petits bonheurs...

Vient alors une deuxième partie... un autre monde. Marta est à Oslo, y est domestique. Les lieux, les réseaux, les obligations, les impératifs sociaux amènent plus de complexité et offre un roman totalement différent. En filigrane, on comprend toute l'ambiguïté de la guerre en Norvège, entre collaboration et résistance, entre occupation et impuissance... le poids de l'Histoire dans les histoires quotidiennes, aussi.

Enfin, on nous plonge dans les années glorieuses, ces Trente glorieuses qui ont vu l'émancipation de la femme, la contestation sociale et politique, la musique, la liberté, une certaine légèreté... loin de nos bases, de notre vision de ces années... c'est assez intéressant sociologiquement parlant aussi...on découvre le fils de Marta, et le poids du passé, de l'héritage, les échecs, les blessures qui perdurent de mère en fils, de famille en famille.. et on est toujours, là, survivants...
Mais le principal atout de ce roman est l'évocation de la lutte, des classes, des sentiments, sur la vie, dans une famille...
C'est les questions existentielles que tout le monde se pose à un moment donné de sa vie : qu'ai-je réalisé ? que suis-je devenu ? où voulais-je aller au début ? où suis-je ?
Le tout à la sauce norvégienne... teintée d'intimité, de lutte, de simplicité, de beauté, d'espoir, de résignation, de sentiments, de conscience, de rêve, de zones d'ombres, de ce qu'on perd en gagnant...
Bref, un roman à plusieurs facettes comme les masques que l'on doit porter au cours de notre vie... un roman simple, intime, à la beauté fébrile.
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