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Le préalable de la quatrième de couverture est saisissant :
« Alors oui, ici, il y a des histoires, un tas d'histoires, mais pas du genre qui s'entassent dans les livres et les bibliothèques, qui se lisent et qui durent, qui passent de génération en génération, non, ici, les mots sont arrachés par le vent à l'instant où ils sont prononcés ».
Une simple histoire familiale racontée avec une langue rugueuse, compacte qui murmure la vie, la douleur, les joies et les malheurs de tous les jours d'une famille norvégienne des années 1927 de la côte du Helgeland jusqu'à Oslo dans les années 1990.

Dans la première partie, c'est Marta, la narratrice. Elle nous fait découvrir la vie dans cette Norvège des années 1920, une vie âpre, où la faim et l'isolement remplissent tout l'espace dans une nature encore indomptée. Nous partageons ses émotions, ses amours pour cette famille pas vraiment gâtée par la vie, qui se débrouille comme elle peut pour survivre et qui ose tenter sa chance pour sortir de sa condition.

Dans la seconde partie, nous devenons citadin et accompagnons Marta qui laisse la narration à un de ses fils, le plus jeune, Rogern. le ton change … c'est un petit mec qui nous parle de son vécu, des petites choses du quotidien dans la banlieue d'Oslo … c'est un petit gars qui détaille ses grands soucis d'ado, les relations avec ses frères, avec sa bande et bien sûr avec les filles … c'est un jeune adulte qui voit le monde autour de lui changer, les copains qui s'éloignent, la mère victime du temps qui passe.

Un gros pavé qui ne peut laisser indifférent, on ressent le vécu qui nous rappelle tant de souvenirs communs, les réflexions, les sentiments, les incertitudes, …
L'écriture est linéaire, chronologique, plutôt compacte alors parfois, on reste assommé par la place que peuvent prendre des petits tourments.
J'ai adoré la première partie, je suis restée un peu plus neutre dans la seconde, peut-être parce que je suis une fille et que c'est un garçon qui nous raconte son histoire.
Un gros pavé, il faut oser prendre son élan pour se lancer dans cette saga, mais ça vaut le coup!
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Ce roman norvégien traverse le 20é siècle mais par deux styles d'écriture différents.
La première partie retraçant l'enfance de Marta, est absolument magnifique, ma préférée. Après quelques pages un peu déboussolantes de par la structure des phrases, on adhère ensuite totalement au parler de ce peuple ; peuple si travailleur mais restant toujours et encore si pauvre.
J'avais le sentiment de lire un Victor Hugo norvégien du 20é siècle.
Roy Jacobsen a réussi à entrer dans le cerveau de ces braves gens, de ces enfants si adultes avant l'heure, à tenir un tempo très fort, tout en prenant le temps de dépeindre ces coeurs plein d'amour pour les leurs. Les enfants et la famille y ont une place centrale. C'est beau à lâcher une larme.
La pauvreté, et surtout la grandeur d'âme des personnages, créé un trouble indéniable.
Le style est cru, à l'arrache, et très vite accrocheur. On vit à leur rythme, on colle à leur pauvreté mais aussi à la beauté de leurs sentiments.
Dans la seconde partie, on traverse la deuxième moitié du siècle en accompagnant le fils de Marta, Rogern. Là, le rythme nous est plus familier mais tout aussi intéressant.
Belle balade norvégienne.
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Roy Jacobsen parvient à émouvoir dans une première partie véritablement envoûtante. On suit Marta, petite fille qui vit avec sa famille, peu fortunée, isolée dans la campagne norvégienne... tout n'est pas facile mais la vie de famille, malgré les difficultés, est joyeuse, légère.
Pourtant, au-delà de cette vie monotone, récurrente, se dresse le constat de la précarité, du progrès qui laisse les plus démunis sur le carreau, qui pousse aux crédits pour survivre. Saison après saison, de pêches en récolte maigres, le temps passe, inexorablement, entre espoirs et désespoirs, qui, comme les saisons, se relaient, sans cesse.. On envoie les enfants en ville, pour une meilleure vie, une vie de tâches, de difficultés... confrontée à la ville, Marta ne comprend pas ou, justement, prend conscience des choses de ce qu'elle est et représente,… entre anecdotes, banalités et vie quotidienne de l'époque, on assiste à l'éveil d'un pays, des consciences, de l'économie même... un nouvel espoir, de nouveaux buts, des projets... même si la vie ne parvient pas toujours à s'en sortir, on se bat, on persiste, on essaie, on tombe, on remonte en selle...
En cela Jacobsen saisit alors ces instantanés entre tristesse et petits bonheurs...

Vient alors une deuxième partie... un autre monde. Marta est à Oslo, y est domestique. Les lieux, les réseaux, les obligations, les impératifs sociaux amènent plus de complexité et offre un roman totalement différent. En filigrane, on comprend toute l'ambiguïté de la guerre en Norvège, entre collaboration et résistance, entre occupation et impuissance... le poids de l'Histoire dans les histoires quotidiennes, aussi.

Enfin, on nous plonge dans les années glorieuses, ces Trente glorieuses qui ont vu l'émancipation de la femme, la contestation sociale et politique, la musique, la liberté, une certaine légèreté... loin de nos bases, de notre vision de ces années... c'est assez intéressant sociologiquement parlant aussi...on découvre le fils de Marta, et le poids du passé, de l'héritage, les échecs, les blessures qui perdurent de mère en fils, de famille en famille.. et on est toujours, là, survivants...
Mais le principal atout de ce roman est l'évocation de la lutte, des classes, des sentiments, sur la vie, dans une famille...
C'est les questions existentielles que tout le monde se pose à un moment donné de sa vie : qu'ai-je réalisé ? que suis-je devenu ? où voulais-je aller au début ? où suis-je ?
Le tout à la sauce norvégienne... teintée d'intimité, de lutte, de simplicité, de beauté, d'espoir, de résignation, de sentiments, de conscience, de rêve, de zones d'ombres, de ce qu'on perd en gagnant...
Bref, un roman à plusieurs facettes comme les masques que l'on doit porter au cours de notre vie... un roman simple, intime, à la beauté fébrile.
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Au début de ce récit, qui se déroule en Norvège en 1927, le lecteur fait la connaissance de Gunnar (douze ans) ses soeurs Randi (sept ans) et Marta (six ans). Par désoeuvrement ou simple défi, le garçon va voler de la dynamite à son père, Johan Strand, (qui – lui-même – l'avait volé dans un entrepôt …) et faire sauter le « Géant », une sorte de gros « rocher-phare », indispensable aux pêcheurs …

Depuis la mort de la mère, Ragnhild est venue prendre sa place dans la maison, avec ses propres enfants (trois également) malgré la misère ambiante. Six enfants, ce n'est plus possible pour le père qui envoie Marta vivre chez tante Marit et oncle Oscar et Randi chez tante Gunnhild et oncle Olav … Si Randi est choyée par le couple qui n'a pas d'enfants, Marta ne sera pas aussi chanceuse … Malheureusement, Johan Strand se montrera bien incapable de ne pas agrandir la fratrie recomposée avec sa nouvelle épouse et fera ainsi perdurer leur pauvreté … Dans cette famille, les hommes sont paysans-pêcheurs (voire maçons et un peu ébenistes …) de père en fils …

À l'âge de quatorze ans, Marta fera comme sa cousine Lylian et partira tenter sa chance à Oslo où elle deviendra domestique dans une grande maison. Elle y traversera la seconde guerre mondiale et se mariera. La seconde partie du roman sera consacrée à l'un de ses fils (Rogern) et au changement qui s'opère dans le pays, jusqu'à l'aube des années 1990 …

Une écriture prolixe et un style qui – s'il m'a paru un peu trop narratif dans les premières pages, a fini par me séduire ! – (ou alors je m'y suis finalement habituée …) Un roman très plaisant qui titille la curiosité du lecteur (pour ma part, j'ai découvert des aspects de la Norvège que je ne connaissais pas …) Si ce ne fut pas un réel coup de coeur, on peut dire que ça s'en approche !
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Norvège, dans le Northland 1927. On suit l'histoire d'une famille de paysans-pêcheurs pauvres. L'électricité, les chaussures, les meubles sont absents. La vie est dure pour cette famille recomposée aux nombreux enfants. le père de famille, pris par cette situation précaire décide d'envoyer deux de ses filles loger chez ses frères, plus aisés. C'est alors que nous commençons à suivre Marta. Marta à six ans au début du livre et est une petite fille toujours dans les pattes de son père, l'aimant à la folie. Une petite fille sensible qui pleure lorsque l'on doit abattre le bétail, mais aussi une petite fille forte travaillant d'arrachepied pour tenir la ferme et avoir un niveau acceptable à l'école. Pendant toute la première partie du roman nous allons suivre cette jeune fille, qui finira par quitter le foyer familial pour Oslo, cette grande ville si différente de ce qu'elle connait. Elle connaitra la guerre, l'amour, le mal du pays…
Dans la deuxième partie du roman nous passons à une tout autre époque, en effet nous suivons le fils de Marta cette fois-ci. Il nous raconte son quotidien , ses aventures avec ses copains d'école, ses amours ect.
Pour ma part j'ai adoré la première partie de cet ouvrage. Suivre une famille précaire totalement isolée en pleine campagne norvégienne m'as complètement transportée. L'écriture de Jacobsen me plongeait dans cette vie miséreuse mais heureuse à la fois. Les répétitions, les jours tous semblables et le soucis du détail de l'auteur m'ont conquis. Des lignes entières pour nous expliquer comment on fabrique une chaise, comment l'on ramasse du bois, les étapes pour partir en mer… Malheureusement je n'ai pas vraiment accroché à la deuxième partie, je l'ai trouvée beaucoup moins intéressante, trop anecdotique et beaucoup trop longue. le changement de narrateur (au début omniscient pour ensuite être le fils de Martha) m'a dérangé, j'avais l'impression de lire un autre livre.
Ça reste tout de même une jolie lecture qui vaut le détour, et je conseille à tous de lire la première partie, et si ça vous tente, pourquoi pas vous plonger dans la seconde !
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La gloire de ma mère

Chaque livre est un voyage, une invitation en tout cas. Au lecteur de se laisser emporter par les flots qui coulent de la plume de l'auteur. Une image qui n'a jamais été aussi vraie que pour ce récit.

Un voyage qui commence par un envol. L'auteur fait le choix dans cette première partie d'une narration à la troisième personne. Un choix qui permet au lecteur de survoler le fjord Norvégien et son climat rigoureux. du haut de son perchoir, le lecteur pourra observer cette famille recomposée lutter pour sa survie, subir les injustices et la guerre mais sans jamais trop s'approcher de ses membres. La narration nous maintient à distance.

Le but est de dresser un plan d'ensemble, peut-être un peu austère vu de loin, mais porté par une plume riche et exigeante qui nous emporte haut dans les cieux littéraires.

Puis survint la seconde partie. Fini de planer dans le ciel de Norvège, il est temps de toucher terre. Si le lecteur pouvait avoir l'impression d'être tenu à l'écart dans la première partie, il sera surpris, dans celle-ci, de se retrouver au plus près des personnages, presque à pouvoir les toucher. La narration change du tout au tout et passe du "il" à "je". le "eux" devient "nous" et le lecteur de vivre la jeunesse dans la Norvège des années 60, comme si le narrateur lui confiait tous ses souvenirs dans un long et passionnant entretien tout en lui tenant la main.

Le récit se transforme alors en une madeleine de Proust délicieuse où l'amour d'une mère et d'un père se heurte à la passion de la jeunesse, où les frères sont des modèles à imiter, où le rock reprend vie, où la gent féminine est un territoire inconnu. Chaque page vibre de l'amour que l'auteur porte à ces années, sans rien renier de leurs fureurs ni de leurs passions.

La dernière page refermée on ne peut qu'être admiratif de la capacité de l'auteur à nous faire voyager des cimes des arbres jusqu'à la terre ferme pour un récit qui se veut être un vibrant hommage aux années 60, à la Norvège, à la jeunesse vibrante de rage et de rêves inaccessibles. Un voyage qui vaut son ticket sans retour.

Lien : https://culturevsnews.com/
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Naissance d'une conscience de classe, mise en récit des aléas, des réussites et des destins individuels et collectifs du progrès induit par la sociale-démocratie norvégienne. de l'âpre précarité du pêcheur-paysan à la survie, plus aisée, de l'ouvrier pour parvenir à l'émancipation, à la contestation des années 60 et 70. Après une nouvelle description de la vie sur une île du Nord de la Norvège en 1927, Roy Jacobsen raconte, avec une grande délicatesse, la façon dont on se construit sur cet héritage. Les vainqueurs ou l'éternel, et nécessaire, tentative de donner une voix, pluriel et ici sceptique, à ceux qui, individuellement, subissent L Histoire et, collectivement, la font.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
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LES VAINQUEURS de Roy Jacobsen

Une première partie où l'auteur s'attarde sur Marta, la mère, laquelle à l'âge de quatorze ans doit quitter son île pour aller travailler en ville puis, une deuxième partie racontée par l'un des trois fils, le benjamin Rogern qui dépeint la transformation de la Norvège et les aspirations de la jeunesse des années 60 (Jacobsen est né en 1957).

À mon avis, ce n'est pas le meilleur roman de cet auteur (trop de personnages à peine esquissés) mais, c'est tout de même très bon.
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