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Citations sur Les enquêtes de l'inspecteur Higgins, tome 7 : L'énigme d.. (23)

Higgins connaissait tous les chemins de cette forêt épaisse où personne n’osait plus s’aventurer. Son adolescence, en Orient, lui avait permis de maîtriser la peur. Il avait acquis une familiarité avec les hôtes invisibles qui peuplaient ces lieux où l’homme n’avait pas sa place.
En s’approchant d’un des plus hauts chênes, que les bûcherons d’antan avaient surnommé le « Juge éternel », Higgins crut voir dans la pénombre un étrange spectacle.
Il s’arrêta, interloqué. Ce n’étaient tout de même pas les contrariétés de la soirée qui pouvaient troubler sa vue à ce point.
Il avança à petits pas, s’approchant du géant aux branches puissantes.
L’ex-inspecteur-chef n’était pas victime d’une hallucination.
À l’une d’elles était bien accrochée une corde au bout de laquelle se balançait très lentement un pendu.
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Franchissant le pont, il s’enfonça dans la forêt, marchant sur le premier tapis de feuilles mortes qui étouffait les bruits. L’air était chargé d’humidité, un vent léger faisait gémir les branches hautes des chênes et des hêtres. Les arbres avaient déjà oublié l’été, s’endormant dans la douceur humide de l’automne. Les plus vieux d’entre eux se souvenaient des chasses au sanglier, du passage d’équipages rutilants, des cavalcades des chasseurs ou des rites accomplis par les magiciens qui venaient chercher le message des esprits au cœur des rares clairières.
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– J’ai préparé un petit festin pour l’anniversaire de Trafalgar, annonça Higgins. Du bœuf grillé avec une sauce à la cardamome, à la cannelle et au gingembre. Une recette médiévale oubliée, Trafalgar en raffole.
L’oreille droite du siamois s’était dressée. De ses longues conversations avec Higgins devant l’âtre, il avait retiré la pratique d’un vocabulaire étendu, surtout dans le domaine culinaire. Au sortir d’une douzaine d’heures de sommeil réparateur, la faim lui tenaillait l’estomac.
Le soleil d’automne nimbait de teintes fauves les dernières feuilles des arbres, la forêt s’enfonçait peu à peu dans le mystère du couchant. Comme chaque soir, le pont sur la rivière exprimait quelques gémissements, sans doute dus au passage des premières ombres du crépuscule.
– Offrez-vous le luxe d’une promenade dans la roseraie, proposa Higgins, pendant que je prépare la viande.
Une demi-heure plus tard, Scott Marlow n’était pas revenu. Higgins, après avoir servi Trafalgar, sortit de son domaine. La roseraie était vide. Pris d’une inspiration subite, il se dirigea vers la cuisine de Mary.
Scott Marlow était là, attablé devant un râble de lapin à la moutarde et un pudding à la graisse de bœuf, assorti de tartines de lard et de saindoux. Une odeur puissante montant d’un chaudron de cuivre où la gouvernante, mélangeant plusieurs sortes de malt et de houblon, préparait sa bière personnelle. Mary se dressa devant l’ex-inspecteur-chef.
– Vous laissez mourir de faim vos invités, déclara-t-elle, c’est une honte. Même si c’est un policier, il a le droit de manger. Je me demande parfois si vous n’avez pas une pierre à la place du cœur. Il est beau, votre sens de la justice
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– J’ai beaucoup d’estime pour vous, mon cher Marlow, mais vous savez bien que j’ai horreur des colifichets et des médailles ; elles détruisent l’harmonie d’un blazer. Mon tailleur, de chez Trouser’s, n’accepterait plus ma clientèle si je lui imposais pareille infamie.
– Vous pourriez peut-être faire une exception, suggéra le superintendant, désespéré.
– Souvenez-vous du poème de Harriett J. B. Harrenlittlewoodrof : Quand le ruisseau commence à couler de côté, il risque de devenir fleuve. N’en parlons plus. Vous restez dîner, je suppose ?
Scott Marlow n’avait pas faim. Mais il tenterait sa chance jusqu’au bout, bien que personne n’ait pu se vanter d’avoir fait changer d’avis l’ex-inspecteur-chef.
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Comment ajouter que la reine en personne serait peut-être présente lors de la cérémonie ? Scott Marlow vouait un culte à la plus belle et à la plus intelligente des souveraines. Son rêve était d’appartenir un jour au corps d’élite s’occupant de sa protection rapprochée ; encore fallait-il mener une carrière en tous points impeccable. Ne pas réussir à convaincre Higgins de se laisser décorer constituerait une faute qui ne lui serait pas pardonnée.
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Higgins puisa une bouteille de Royal Salute, whisky de bonne compagnie.
Scott Marlow vida rapidement un premier verre. Il en avait besoin pour se donner du courage.
– Vous connaissez le Yard aussi bien que moi, Higgins. Votre réputation y demeure intacte, le grand patron vous considère comme le meilleur de ses « nez », même si vous avez pris quelque distance.
– Une distance définitive : la retraite.
– Bien sûr, Higgins, bien sûr. Mais personne ne comprend pourquoi elle fut anticipée à ce point.
– Raisons strictement personnelles.
– Moi, je vous comprends. Mais vous devez admettre que certaines obligations...
– C’est le privilège de ma position, mon cher Marlow : ne plus avoir d’obligations.
– Aucun doute là-dessus ! Mais tout de même...
– Ne vous torturez pas davantage, recommanda Higgins, bienveillant. Quelle est la mission inavouable que vous a confiée le Yard ?
Scott Marlow accepta un deuxième verre de Royal Salute.
– Le Commissionner Chief Constable1 organise une remise de médailles pour les inspecteurs les plus méritants la semaine prochaine à Londres, et…
– Et je figure sur la liste, n’est-ce pas ?
– Exactement, avoua Scott Marlow, baissant la tête
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Trafalgar, un superbe siamois aux yeux bleus, dormait roulé en boule sur le meilleur fauteuil. Il ouvrit imperceptiblement l’œil et fit semblant de continuer à dormir.
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– Tâchez de ne rien déranger, exigea Mary. C’est une maison propre et en ordre.
Mary avait horreur de la police. Elle se régalait des histoires croustillantes du Sun où la morale était souvent mise à rude épreuve.
Scott Marlow bredouilla quelques formules de politesse en passant devant elle. Higgins guida son collègue jusqu’à un salon douillet qu’éclairaient les lueurs chaudes d’un feu de bois.
– Asseyez-vous sur le canapé, recommanda Higgins, et ne parlez pas trop fort. Vous pourriez réveiller Trafalgar.
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À l’entrée du salon se tenait Mary, la gouvernante qui, en vertu du pacte conclu avec Higgins, régnait sur la moitié du cottage. Vénérant Dieu et l’Angleterre, cette robuste personne âgée de soixante-dix ans depuis toujours, avait traversé guerres mondiales et crises économiques sans même souffrir d’un rhume. Contrairement à Higgins, elle croyait au progrès. Aussi avait-elle installé dans son domaine téléphone, télévision et ordinateur, instruments dont l’ex-inspecteur-chef désapprouvait la présence.
Désireux d’éviter des conflits incessants, Higgins avait accordé à Mary un domaine réservé, lui interdisant en contrepartie de pénétrer dans son bureau et d’y classer ses papiers.
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Higgins accueillit son hôte sur le seuil de la porte du domaine, conformément aux anciennes coutumes.
– Heureux de vous revoir, superintendant.
– Moi de même, Higgins. Cet endroit est charmant.
– Une vieille demeure de famille sans prétention. Le hasard a guidé vos pas, je présume ?
– Pas exactement. Le Yard m’a confié une tâche... comment dire...
– Vous prendrez bien un verre ? Les mauvaises nouvelles attendront.
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