[...] jamais le consumérisme ne remplacerait la passion ou l'émerveillement.
Ce qui pourrait bien nous sauver, d'après le naturaliste Edward O. Wilson, c'est un caprice de l'histoire. Plus qu'un caprice, "Un cadeau miraculeux de la nature humaine aux générations futures" dont nous commençons seulement à nous rendre compte. Par nature humaine, Wilson entend la nature des femmes. Nous ne nous "reproduisons" pas. Quand les femmes ont le choix, jouissent d'une bonne santé et d'un certain confort matériel, elles font immédiatement en sorte d'avoir moins d'enfant, voire pas du tout. Wilson attribue cela à un instinct : "un choix instinctif universel". Il affirme qu'il se pourrait bien qu'au cours du siècle prochain, à travers l'émancipation des femmes et l'amélioration des soins donnés aux nouveaux-nés, la population humaine se stabilise puis commence à chuter. A son tour, l'exploitation des ressources de la planète diminuera aussi, et nous pourrons peut-être éviter une catastrophe, et assurer notre survie, et celle d'innombrables autres espèces. C'est une vision rassurante. Une sorte de frugalité. Elevez un ou deux enfants qui, à moins d'un désastre, deviendront des adultes en bonne santé, puis vous êtes libres de retourner contempler la mer. (La colonie de fous de Bassan)
En fin de compte, on ne perçoit que ce qu'on s'attend à voir, ce à quoi on est habitué. Parfois, il faut un regard neuf, ou un esprit moins conditionné...
Il se dégage des montagnes, de la glace et du ciel, un silence minéral qui exerce une puissante pression sur nos corps. C'est un silence venu de très loin, effrayant, qui fait ressembler le bruit sous mon crâne au cri d'une oie criarde. J'aimerais réduire mon esprit au silence mais je pense que cela prendrait des années.
Continuez à regarder, même quand il n'y a pas grand-chose à voir. Ainsi votre oeil apprend ce qui est normal, et quand quelque chose d'anormal apparaîtra, votre oeil le repèrera.
Parmi les passagers, il y a des médecins, des dentistes et des ingénieurs: des gens qui, de part leur profession, sont peu habitués à douter. Des gens comme moi - et Polly, j'ai l'impression - qui sont moins sûrs de ce qu'ils sont. Qui savent que nos vies sont courtes, que nous nageons à la surface d'un silence abyssal, à la surface d'un fjord d'un kilomètre de profondeur, parsemé d'iceberg, que nous sommes mus par une force mystérieuse, évanescente et verte.