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EAN : 9782889600281
232 pages
La Baconniere (10/09/2020)
3.5/5   6 notes
Résumé :
Un livre foudroyant, qui transporte en pleine lumière de l'Alaska, dans les vents violents de l'île de Westray puis dans l'intimité de la narratrice, avec pudeur.
Kathleen Jamie s'exprime par des récits lumineux et trépidants où elle observe la nature, les êtres et le passé. Ses textes sont autant d'histoires autobiographiques, où chaque mot est pesé, autour de la notion du vivant. Sans jamais donner de leçon écologique, elle parle d'une vie où les voyages n... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Les strates, ce sont ces couches de terre qui s'érodent depuis quelques années à Quinhagak, aux confins de l'Alaska, et qui mettent à nu un village vieux de plus de cinq cents ans.
Ce sont aussi ces couches de sable sur l'île de Westray, dans les Orcades, sous lesquelles sont enfouis des murs d'un village du néolithique qui a vu des générations et des générations d'habitants s'approprier les lieux tour-à-tour avant de les délaisser.
Les strates, ce ne sont pas seulement celles de l'espace mais aussi celles du temps qui s'accumule comme ces vies prises en photo -la grand-mère, la mère, puis la fille - retenant quelques bribes du passé quand le reste sombre dans l'oubli: le son de leur voix, les rêves, les plaisirs, les pensées.
Kathleen Jamie explore ces vestiges du passé qui se mêlent au présent, comme ces objets artisanaux et ces reliques vieilles de plus d'un demi-siècle qui, dans une Alaska acculturée par la colonisation américaine, reprennent racine et se voient réappropriés lors de danses traditionnelles.
Tout comme les archéologues qu'elle suit pendant des mois en Alaska ou aux Orcades, elle rêve en tentant de se représenter la vie de ces ancêtres sur ce lieu même qu'elle foule des pieds, leurs aspirations, leurs tâches quotidiennes et leurs préoccupations peut-être semblables à celles des habitants d'aujourd'hui, comme la nécessité de construire un mur pour protéger leur bétail du vent.
Et puis, cette autre grande interrogation: quelle strate laisserons-nous aux futurs archéologues: une couche de plusieurs centimètres de plastique sur la terre? La honte.
L'écriture de Kathleen Jamie est tout à la fois limpide, lumineuse, inquiète et profondément humaniste. Passionnée d'archéologie, grande voyageuse - à 27 ans elle a vécu plusieurs mois aux frontières du Tibet dans les années 80 - cette auteure observe le monde dans lequel nous vivons par le biais du passé et ne cesse de s'interroger sur la voie que nous prenons, mais surtout, elle ne porte pas de jugement; elle regarde.
C'est un livre magnifique, un vrai plaisir de lecture et d'ouverture au monde que je n'aurais sans doute jamais lu sans la Masse critique, donc je remercie encore une fois Babelio de me permettre de découvrir tant de lectures enrichissantes et différentes. Merci également aux éditions la Baconnière qui publie Kathleen Jamie. Une belle rencontre.




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J'ai choisi ce livre pour son résumé et pour l'envie que j'avais de suivre l'auteure, Kathleen Jamie dans ses différents voyages : en Alaska au sein des Yupik et sur l'île de Westray en Ecosse pour participer à des fouilles archéologiques. Creuser, déblayer, découvrir ceux, humains ou animaux, qui vivaient dans ces endroits il y a parfois des milliers d'années, des éléments dans les couches de glace en Alaska et que le réchauffement climatique met à jour désormais. Sur l'île elle fera trois séjours car après avoir participé, elle a souhaité revoir ses compagnons de fouilles mais aussi voir l'aboutissement de celles-ci avant l'arrêt pour manque de subventions.

Mais il est également question d'autres voyages : au Tibet il y a quelques années au moment où les étudiants se révoltaient mais aussi des voyages intérieurs concernant elle-même et sa famille mais aussi avec le départ de ses enfants devenus adultes, ses randonnées avec des amies plus âgées qu'elle mais qui sont l'occasion de prendre soin de d'un père vieillissant.

Ces récits sont une sorte de recueil de journaux de voyage (d'ailleurs elles gardent précieusement ses carnets pour s'y replonger parfois), des instantanés de voyages mais aussi des regards sur le monde, sur les gens qu'elle rencontre lors de ses séjours. Elle partage avec le lecteur ses rencontres sur les différents sites, que se soit les Yupik en Alaska avec à la fois les traditions maintenues (et j'ai retrouvé beaucoup de points communs avec de pierre et d'os de Bérangère Courmut avec en autres le chamanisme, la transmission des noms de génération en génération pour perdurer le souvenir des personnes disparues) mais aussi la chaleur de la communauté sur l'île de Westray.

L'auteure s'attache à décrire, sans pesanteur, les paysages, les évocations et pensées que ceux-ci provoquent pour finalement à lever le voile sur des étapes de sa vie (séparation d'un conjoint ou départ des enfants) qui l'ont amenée également à donner une autre orientation à son futur. S'intéresser au passé, trouver des similitudes entre les différentes régions pour amener à une réflexion sur sa propre vie et ses étapes marquantes.

A la fois document de voyage mais également de courts textes plus intimes, le monde et son monde, dans une écriture fluide agrémentée de quelques photographies m'ont poussée à avancer dans le récit, tournant les pages comme on creuse les couches, pour en découvrir un peu plus sur ses régions, sur leurs habitants et sur elle. Les strates du monde et les strates d'une vie de femme, à la fois voyageuse, aventurière et femme, qui nous délivre un message sur un monde qui disparaît et sur le sien fait de petits billets teintés de tendresse et d'humilité.

Une zone de lecture qui n'est pas habituelle pour moi mais à ma grande surprise, je n'ai eu à aucun moment l'envie de l'abandonner, j'ai aimé l'accompagner dans ses déambulations, ne cherchant pas à juger mais à simplement à l'écouter me raconter ses expériences et je dois avouer que ceux touchant ses voyages en Chine et au Tibet sans oublier "Anciens" concernant son père sont particulièrement émouvants. Grâce à sa façon non didactique de décrire ses expériences tout en fournissant nombre de détails, de significations etc... elle donne fluidité et intérêt à sa narration.

Je garderai le souvenir d'un voyage à la fois informatif mais aussi sentimental sur les traces du passé que ce soit celui du monde mais aussi sur celui d'une femme qui cherche à comprendre le présent, le futur dans les traces laissées par les générations précédentes.

"Les objets, exhumés, sont dans les mains des gens qui les rappellent à la mémoire et les reconnaissent, les soupèsent, les testent, les nomment. Ils ont vraiment retrouvé leur place. (p91)"
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Ce livre Strates se lit comme des couches successives de la vie de l'autrice. Nous parcourons des paysages où le froid est perceptible, où les anciennes cultures des peuples de l'Alaska sont sous-jacentes. La fin du livre se base plus sur sa vie personnelle et la coupure est plutôt abrupte après toutes ces fouilles dans divers endroits et lieux sauvages.

J'avoue avoir plus accroché au début du récit et à son expérience à Quinhagak. L'écriture est agréable à lire et la lecture est aidée par les quelques photos essaimées dans les différents chapitres.
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Une journée d'hiver rigoureux en France, un ressenti frôlant les -20°C, c'est le moment idéal pour feuilleter Strates, un ouvrage qui tient à la fois du carnet de voyage et de la sphère autobiographique.

Strates met en scène un temps dilaté qui interroge sur notre rapport à l'objet, à nos ancêtres et sur la formidable adaptabilité de l'Homme à son environnement.

L'auteure revient sur ses expéditions à caractère archéologique dans une communauté Yupik et dans une île écossaise, se remémore un voyage de jeunesse dans une Chine révoltée, puis termine son récit par des considérations d'ordre plus personnelle en rapport avec sa famille et la mort de son père… difficile de saisir l'unité globale de ce livre qui n'est pas dénué d'intérêt mais qui m'a paru très éclaté. Plusieurs photos illustrent ces tranches de vie, mais elles m'ont toutes paru fades, sans titre, sans date, sans légende, nous laissant comme de pauvres ères perdus au milieu de décors immenses auxquels nous sommes tous étrangers.

Heureusement, la plume de Jamie est douce et fluide, son récit s'apparente à une promenade solitaire dont les descriptions sont souvent magnifiques et saisissantes. On ressort étonné et un peu sceptique, curieux et perplexe, vaguement mélancolique devant ce livre présenté comme un recueil de nouvelles et qui n'en est pas un.
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Archéologie de soi, instantanées de cet entre-deux où, d'une civilisation à l'autre, notre vie s'écoule. Caressant la mélancolie, effleurant souvent la plénitude, la douce et précise écriture de Kathleen Jamie saisit et se souvient de fouilles, d'un séjour au seuil du Tibet, de son père. Strates ou tout ce que le passé laisse remonter, tout l'effacement de notre présent qu'il éclaire.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
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critiques presse (1)
LaCroix
23 novembre 2020
Dans ce recueil de nouvelles, la poétesse écossaise poursuit son observation de la nature et des êtres dans le monde.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Le temps est une spirale. C'est un incessant va-et-vient. La cassette est retrouvée, mais cinq mille ans sont déjà passés. A présent nous sommes des milliards, avons construit des mégapoles avec des moyens de communication globaux instantanés, et nous envoyons des vaisseaux spatiaux pour explorer des rivages inconnus. Nous pouvons atteindre l'âge de quatre-vingts, quatre-vingt-dix, cent ans! Vous autres fermiers préhistoriques ne soupçonnez pas à quel point vous avez prospéré. Mais des millions croupissent dans la pauvreté. D'autres érigent des murs élevés et fabriquent des missiles. Le niveau des océans monte, les vents de tempête nous assaillent. Notre strate - plastique et déchets - commence à nous faire honte.
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Les objets, exhumés, sont dans les mains des gens qui les rappellent à la mémoire et les reconnaissent, les soupèsent, les testent, les nomment. Ils ont vraiment retrouvé leur place. (p91)
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Je devais faire un effort pour réaliser combien de siècles séparaient les deux périodes, même si cette distance n'était matérialisés que par quelques centimètres de terre.
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