Pour qu’apparaisse l’individu, il faut plusieurs individus (au moins deux). L’individu s’inscrit en négatif de la société (« L’individu est l’être social », a écrit Marx). Se définir en tant qu’individu c’est se définir par rapport aux autres (individus, membres d’une société), cela impliquerait donc déjà une sorte de retour à soi, et l’individu ainsi entendu est médiat plutôt qu’immédiat. Mes personnages sont, dans la mesure où ils (se) constituent (en) une société imaginaire, une réponse à la vraie société (« La violence sucrée de l’imaginaire console tant bien que mal de la violence amère du réel », comme disait Topor). Comme moi en tant qu’individu (socialement défini, institué), ils s’inscrivent en négatif de la société pour la traverser.
Il est toujours plus agréable de vivre dans l'illusion et l'ignorance. Nous ne nous trouvons pas en position d'humeur intermédiaire, torturés de doutes et de questions, entre l'enseignement théorique reçu et la mémoire intime. Nous ne cherchons pas à étudier la composition du bain de la vie, nous nous baignons innocemment en lui.
Lorsque le langage traditionnel se révèle incapable de traduire une idée, il faut détourner les codes de ce langage pour le rendre plus polyvalent. Nous devons déformer l'ancien pour former le nouveau.
Les souvenirs sont des mélodies, des airs de musiques, des parfums, des odeurs, des mouvements, des images, des couleurs, des choses que l’homme a pu arracher au temps…
Si je me dis que le temps passe, je me dis que le temps passe et que je ne fais rien, je me laisse porter. Si c’est avant tout moi qui passe, en revanche, je fais quelque chose, je ne fais plus rien, je suis le temps (à mon niveau, s’entend).
Axel Janvier lit sa nouvelle Le dernier lecteur