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Critique de Diabolau


Je suis en léger embarras.
Moi qui attendais avec fièvre le retour du Vieux Royaume, je suis obligé de dire, et croyez-bien que ça me pose un sérieux cas de conscience, que je ne suis pas complètement conquis par ce Tournoi des preux.
Pourquoi un cas de conscience ?
Parce que ça reste du Jaworski : excellemment bien écrit, avec un lexique d'orfèvre, de la poésie, de l'épique. L'hommage au roman de chevalerie est puissant, et la reconstitution d'un tournoi de chevalerie tel qu'il se faisait vraiment au moyen-âge la plupart du temps (c'est-à-dire pas sous forme de joutes à un contre un dans une lice, comme le cinéma nous l'a trop souvent enseigné) est criante de vérité. le gars a dû se farcir du Georges Duby et du Legoff plutôt deux fois qu'une, ce qui fait qu'à part les rares allusions à des "enchantements", ce n'est pour ainsi dire un roman de fantasy que parce que l'auteur n'a pas voulu s'embarrasser de références historiques, mais pour un peu, le Duc de Bromael aurait pu être le Duc de Bourgogne et le comte de Kimmarc celui de Nevers (tout comme dans ce roman, les deux étaient voisins, l'un étant vassal de l'autre, et ils ne pouvaient pas se saquer).
Dès le début, je suis rentré là-dedans comme dans du beurre et dès les premières scènes, j'ai crié au génie... Puis une sorte de train train s'est installé, parfois rehaussé de scènes formidables, mais toutefois, j'ai trouvé que si ses descriptions étaient bien souvent magnifiques, il finissait pas en faire trop, parfois pour pas grand-chose. L'impression de lourdeur s'est aggravée avec l'arrivée incessante de nouveaux personnages, et cette lourdeur était proportionnelle au poids de leur armure car il s'agissait très souvent de chevaliers avec des noms à coucher dehors, pas toujours bien différenciés en termes de tempérament (il faut dire que ce n'est pas facile quand ils font tous le même métier), de sorte qu'il est devenu bien difficile de les différencier et de se souvenir de toutes leurs petites affaires familiales, amoureuses, successorales, etc.
L'intrigue est à la fois complexe et très bien pensée, sans doute, et là encore on voit que l'auteur a bossé, car j'y ai retrouvé nombre de conflits familiaux et de vassalité lus dans diverses chroniques médiévales, mais toutes ces quêtes entrecroisées sont difficiles à suivre et il faut s'accrocher bien plus que dans Gagner la guerre, d'autant que Jaworski est pour le moment le seul à savoir où il va, et que certaines scènes, qui prendront sans doute du sens dans les tomes à venir, apparaissent pour le moment comme des digressions, tant l'auteur ménage son mystère.
Heureusement, la courbe générale remonte vers la fin du livre, avec l'arrivée du tournoi proprement dit, fort bien décrit, à un moment du livre où on commence enfin à se familiariser avec les très nombreux personnages principaux et leurs motivations diverses et variées.
Le cliffhanger final est cruel pour le personnage comme pour le lecteur, et aurait probablement valu une pluie d'oeufs pourris à Jaworski s'il n'y avait heureusement la perspective de lire la suite dans quatre mois.
En bref, même si j'ai bien compris que c'était le début d'une trilogie et qu'il fallait poser des jalons et mettre le kriegspiel en place pour la suite, le ventre du milieu est resté un peu trop mou et indigeste à mon goût.
Mais quand même, pfiou, quel talent !
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