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Critique de Henri-l-oiseleur


Jean-Philippe Jaworski est un créateur de mondes imaginaires, plus ou moins proches de la réalité historique. La série de romans intitulée "Chasse royale" se situe dans un monde gaulois pré-romain reconstitué, tandis que "Le Chevalier aux épines" prend place dans le Vieux Royaume, univers inspiré de notre Moyen-Age tardif et doté d'une géographie et d'une histoire propres. Nous avons connu la république "italienne" de Ciudalia avec le grand roman "Gagner la guerre", mais ici l'action se déroule dans le duché féodal de Bromaël. le lecteur aura droit à sa ration de joutes, de défis et de combats aussi brutaux que chevaleresques, livrés pour l'honneur d'une dame que les uns croient calomniée, les autres justement répudiée. Jaworski a-t-il voulu reprendre la tradition des romans de chevalerie ? On pourrait le croire un instant, mais il se garde de toute idéalisation et de tout manichéisme : sa duchesse répudiée est une politicienne cruelle et retorse, ses nobles chevaliers ont leurs défauts de gens de guerre, et l'auteur n'oublie pas de signaler les souffrances et les peines des "vilains", des petites gens qui n'ont pas leur place dans la littérature chevaleresque idéalisée dont se moque le Don Quichotte de Cervantès. En outre, le romancier n'oublie pas de donner à son récit une dimension discrètement surnaturelle, de percer des fenêtres vers l'infra-monde, mais toujours avec discrétion et doigté. Il sait ménager avec talent le suspense et le mystère, ne livrant au lecteur que le strict minimum et lui laissant entendre que la somme de choses qu'il ignore (par exemple sur le narrateur et sur le chat Mirabilis) est bien supérieure à ce qu'il sait.

C'est donc un roman agréable, souvent prenant, plein d'action et de rebondissements, doté d'un sens descriptif de la nature étonnant. On reconnaîtra la patte de Jaworski à son goût pour les termes rares et archaïques, dont il abuse parfois en les accumulant de façon fatigante. L'effet d'exotisme temporel repose exclusivement sur le vocabulaire, qui fait parfois obstacle à la compréhension claire, jusqu'à ce que l'on s'habitue. Cette esthétique de la quantité n'est pas recommandable.
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