Citations sur Les sirènes on ne les voit pas un couvercle est posé dessus (14)
– penser à tendre l’oreille, peut-être le bruit de l’eau, plus tard
– penser à tourner le dos au mur
– puis penser à se coller contre avec le ventre, frotter le mur de la mâchoire, du menton, plaquer sa main doigts écartés, qu’elle devienne rouge, la croupe de l’animal piégé, fissures de branches, penser les suivre, les renifler, et l’odeur du ciment ça travaille
– penser à dégonfler la bouée un peu (comme ça qu’on apprend à nager ils disent)
– accident de pollen, oh ma sœur
– le hasard hasardeux qui fait vivre ou décide que non, ou qu’un peu, ou grandement, que lui seul aux termes du contrat gardera l’aléa en seule obligation (cliquez pour accepter / ne cliquez pas, c’est la même chose)
– fleur de raiponce qui soigne, princesse dans le désert, elle erre, elle pleure en s’accrochant au cou du prince aveugle, il retrouve la vue, c’est bien qui finit bien et la sorcière ? on l’exécute à grands coups de pollen sur la tête, au hasard (tout s’organise fort à propos commentent les frères Grimm qui connaissent la musique, et celle de Brême aussi)
– oh ma sœur, l’œil a-t-il disparu ? dit en tremblant Tsilla (la graine ne répond pas, trop occupée à poindre, cette conscience qu’elle a du refus de flétrir s’insinue, se déploie, résiste, insiste, rebelle, frondeuse, elle survivra, au moins le temps d’une feuille)
– penser le soir, penser le matin, penser la durée
– penser un visage autre qui percerait le voile immatériel, pays étrange
– penser l’effet miroir et qu’est-ce que tu donnerais pour vivre cette jonction entre toi et toi, et qu’y a-t-il derrière la butte, toutes ces questions en grappes qui attendent et pas assez de bras et de jambes pour les ceinturer toutes, ces mots agrippés et mécaniques complexes, humaines ou métalliques, se repérer aux éléments
– rebrousser chemin et rentrer (ou le faire croire, car bien sûr qu’on resterait là, assis, jusqu’à la nuit, certain d’y être)
penser que nous n’avions pas d’autre choix que de nous réunir, l’accord tacite d’une direction commune, comme une obligation mais délicate, une mission fragile (le mot mission un peu simplet et ridicule, mais c’était pourtant ça), avec l’idée aussi qu’on serait seul à mesurer la pente, le même axe et nos yeux grands ouverts, nos différences unies, c'était beau, inquiétant, nos corps côtes contre côtes, raccordés dans le noir
– la main n’ose pas toucher
– pourtant au creux de la paume, la matière s’est reconnue, a remplacé la peau
– le creux on n’ose pas toucher, la crainte d’éveiller pandore et des mystères (au fond de la bouche noire, chant, chante, lente mélodie répétitive, voix cassée scandée, souffle, lâche déroule souffle, des battements, luttes, accompagnent et frottements, balancent, corps et voix qui risquent, les voix se risquent, épuisent, s’épuisent de souffle, le creux le sombre, ils sont plusieurs, leurs voix autour à scander à souffler et à répéter glissent, ils glissent, ils parlent dans la première nuit, la nuit secrète)
– le reste du volume on imagine, avec les yeux fermés
– penser le courant, aucune idée d’où il transporte
– penser se coucher, faire la planche
– penser que ce qui se trame dessous décide de la couleur du ciel, ou c’est l’inverse
– il faudrait suivre le dédale des branches et puis faire demi-tour, refuser la sortie brutale, le labyrinthe en soi suffit, laisser couler
– penser à classer les oignons par tailles, ceux qui s’épluchent d’un côté et les toulisses de l’autre
– penser à protéger ses yeux
– penser les couches successives
– penser les dessiner, quelle couleur employer, des pastels ? ce sera difficile, ou comme l’heuchera les nommer « désespoir du peintre », voilà
le chantier est fini depuis longtemps, la poussière retombée depuis longtemps, les bruits les coups arrêtés depuis longtemps, les menuisiers les sculpteurs les tailleurs partis depuis longtemps, mais la voûte reste
ça sent le bois ciré et la pierre, le froid et les chandelles
ça sent la lumière ronde, les chuchotements
forcé, on est forcé de dire ce que l’on voit, ce que l’on sent et ce qui fut depuis longtemps, parce que c’est du mystère, ce recueillement, sur qui, sur soi, sur quoi, et le choc, lorsqu’on passe les grandes portes, se retrouver dehors, peut-être était-ce dehors à l’intérieur
à heure fixe, la nuit, leur tempo bien réglé, ils venaient se servir, chacun son arrosoir, s’en allaient vers une sépulture verser la dose exacte de larmes tièdes. Les tombes poussaient comme des arbres fruitiers, germaient, des plantes grimpantes et des araignées roses on voyait, des lézards et des baies futiles. Et les esprits chantaient en arrosant, c’étaient des nuits joyeuses la rosée le matin, ne reste que la rosée et les arrosoirs bien rangés près du puits bleu, les revenants autant pudiques que soigneux
sous la terre, un fouillis chamarré indescriptible brûle
les mots bien moins rapides que la lumière blanche lumière bleue, et ternes, les mots cadavériques et lourds, les mots sombres, du papier sec, écorce, des feuilles collées en durcissement, les mots mélasses qui racontent toujours autre chose alors que ? les mots fats, les mots incompétents, il faudrait leur donner des coups de pied, les fracasser, mugir, imiter des tempêtes, tambouriner dessus, le travail des grêlons exemplaire