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Critique de Jo_Ly


Deux guerres en parallèle.

Celle de Salagnon. Regard bleu acier trempé. Et la mort partout, la mort dans les rivières, la jungle, la mort sur soi, en soi, qu'on ne peut plus quitter. Là-bas, l'Indochine. Les autres tombent, les uns après les autres. Pas lui.

Salagnon peint.
Et si l'encre protégeait ? Sauvait ?
Et si l'encre lui avait permis de survivre...
Salagnon peint.
A la fin, il ne restera que l'art.

Deux guerres en parallèle.

Celle du narrateur.
Qui accepte de raconter l'Indochine, l'horreur, l'inénarrable, voilà, il accepte de raconter ça, ce qui n'a pas de mots.
En échange, Salagnon lui apprend à peindre.

Alors c'est quoi sa guerre, au narrateur ?
C'est la vôtre.
La mienne.
Celle qui n'a pas cessé depuis toutes ces décennies.
Une guerre de race.
De peur.
Une guerre au quotidien. Une violence qui passe presque inaperçue, presque, il faut lever la tête et la reconnaître pour ce qu'elle est.
En bas de chez vous, entre la police et les manifestants.
Quand on vous demande vos papiers. Ou pas.
Au bureau, quand il faut tenir encore et encore, esclave d'une violence qui ne dit plus son nom.
Dans le métro, et puis à la télé...
Dans le silence et l'indifférence.

Une guerre qui n'en finit plus.

Alexis Jenni a affûté consciencieusement ses mots avant de se jeter dans la bataille. C'est cinglant. Sanglant.
La plume heurte, accroche, te ramène sur les lieux du crime si besoin est.
Il établit un lien entre deux époques, deux situations qui semblent aux antipodes, et la démonstration ne manque certes ni de panache, ni de discernement.

Un Goncourt mérité. (Je ne l'aurai pas dit souvent ça 😄)
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