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Critique de Presence


Ce tome comprend les épisodes 1 à 7 d'une série dérivée de "Fables" de Bill Willingham (à commencer avec Légendes en exil). Ces épisodes sont parus en 2012.

Épisodes 1 à 6 "Le grand réveil" (scénario de Bill Willingham, dessins de Phil Jimenez, encrage d'Andy Lanning, aidé par Steve Sodwski, Andrew Pepoy, et Mark Farmer, couleurs d'Andrew Dalhouse) - Ali Baba se trouve dans les ruines d'une cité antique (grecque ou romaine, difficile à dire) dans laquelle il trouve un flacon finement ouvragé duquel sort un petit esprit qui lui déclare s'appeler Jonah Panghammer. Il n'est pas un génie et ne peut donc pas exaucer 3 voeux. Par contre il maîtrise la culture populaire des États-Unis (car il participait à l'espionnage de cette nation en vue de son invasion par l'Adversaire) ce qui fait qu'il s'exprime dans des termes que ne comprend pas toujours Ali Baba. Ses pérégrinations l'amènent dans le camp des gobelins qui détiennent les corps endormis de Briar Rose (la belle au bois dormant) et Lumi (la Reine des Neiges, ex-général des armées de l'Adversaire). Sur les conseils du sous-génie, Ali Baba pénètre dans le camp des gobelins et embrassent les 2 femmes, en espérant les réveiller.

Après la série dérivée basée sur un unique personnage (Jack of Fables) et plusieurs histoires indépendantes (par exemple Cinderella (Fables are forever), Werewolves of the Heartland, en anglais), Bill Willingham étend la franchise "Fables" avec une nouvelle série dérivée construite sous forme d'histoires indépendantes de longueur variable, où un personnage féminin tient une place principale dans chaque récit (oui, écrit comme ça, ça ressemble plus à un prétexte artificiel pour une anthologie qu'à un vrai concept). D'un autre, le lecteur ne va pas trop se plaindre de ce prétexte puisqu'il lui offre l'occasion d'admirer 7 couvertures réalisées par Adam Hughes, très inspiré pour mettre en valeur ces personnages féminins. À ce titre, la couverture de l'épisode 7 marie séduction et horreur pour un résultat qui laisse sans voix.

Dès les 5 premières pages, Willingham a gagné son pari... grâce à Phil Jimenez. Pendant les 6 épisodes, cet artiste va appliquer son style hérité de George Perez, en plus adulte et plus réaliste pour des pages magnifiques. Toute la richesse de ses dessins ressort grâce à l'encrage minutieux d'Andy Lanning (la différence se ressent tout de suite lorsqu'il laisse la place le temps de quelques pages à Sadowski, Farmer ou Pepoy). Et le tout est encore rehaussé par la mise en couleurs riche et chaude d'Andrew Dalhouse. Ce dernier utilise avec parcimonie la saturation de certaines couleurs pour accentuer le sentiment d'être dans une réalité magique. Il se sert également discrètement des nuances pour augmenter l'impression d'image tridimensionnelle, sans exagérer l'effet. du coup le lecteur peut s'immerger dans un monde très substantiel, à l'architecture sophistiquée (la double page évoquant la fête où les parents reçoivent les 7 fées venues bénir Briar Rose), aux vêtements finement ouvragés (l'incroyable robe rouge de Briar Rose), aux individus à la forte présence physique. Grâce à Jimenez, Ali Baba devient un individu aux traits bien définis, aux expressions spécifiques, au langage corporel unique. Jimenez prend soin de chaque personnage avec le même niveau de précision et travail préparatoire. du coup, Briar Rose est une femme à la personnalité affirmée, dépassant le stéréotype mièvre de la Belle au Bois Dormant imposé par la vision du dessin animé de Walt Disney.

Pour cette nouvelle, Bill Willingham a conçu une histoire qui s'appuie sur quelques contes (la Belle au Bois Dormant et Ali Baba bien sûr, mais aussi la Reine des Neiges, le conte d'Hans Christian Andersen), et sur des situations mises en place dans la série "Fables" (Lumi et Briar endormies côte à côte, aux mains des gobelins). Néanmoins, il est possible de lire cette histoire sans rien connaître de "Fables". Il raconte à sa manière l'histoire de la Belle au Bois Dormant (avec la raison pour laquelle elle ne pouvait pas occuper les fonctions de chanteuse dans le groupe de rock dont elle fit partie dans les années 1950). Il tient la promesse du titre de la série : les femmes (et les fées) ont les rôles de premier plan dans le récit, avec un second rôle très savoureux accordé au sous-génie. Il propose une histoire où l'aventure constitue le principal moteur, avec un soupçon de romance, pas mal de fantastique (à commencer par la Reine de Neiges, les fées, le sous-génie, etc.). La forme de l'histoire (conte avec créatures fantastiques) assure à Willingham un bon niveau de divertissement, décuplé par les images magnifiques. Pour le fond, il reprend une opposition classique du bien contre le mal (la méchante est vraiment très méchante), en montrant que les frontières entre les 2 camps sont poreuses (un personnage qui bascule d'un camp à l'autre), que les méchants et les bons sont plus complexes que cette division manichéenne (Briar Rose n'a rien d'une jeune femme sans rien entre les 2 oreilles), et que la notion d'amour pur peut être relativisée. Il saupoudre le tout d'un humour chaleureux.

Willingham, Jimenez, Lanning et Dalhouse réalisent une histoire moins convenue qu'il n'y parait, avec toutes les caractéristiques d'un conte, et des images magnifiques, pour un résultat à fort pouvoir de divertissement. 5 étoiles.

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Épisode 7 "Lamia" (scénario de Matthew Sturges, illustrations et couleurs de Shawn McManus) - La Bête enquête sur une série de meurtres commis par une jeune femme appartenant à la communauté des Fables, à Los Angeles, dans les années 1940.

Après le créateur de la série "Fables", c'est au tour du scénariste principal de l'autre série dérivée ("Jack of Fables", à commencer par La grande évasion (ou presque), 9 tomes, 50 épisodes) d'écrire une histoire mettant en scène un personnage féminin de la série "Fables". Il pastiche un polar des années 1940, avec un second degré accentué par les dessins de Shawn McManus. le résultat n'est pas très convaincant. Sturges parie plus sur le fait qu'il révèle un point de continuité essentiel que sur la qualité de son pastiche. McManus s'en tire bien avec des dessins tirant vers le dessin animé pour accentuer le coté parodique. Il porte la narration à bout de bras, sans réussir à transformer un récit poussif en une aventure visuellement intéressante. 2 étoiles.
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