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Critique de Bastien33


J'ai lu les deux romans écrits par Laurent Joffrin qui a donc pris la suite de Jean-François Parot pour nous raconter les enquêtes de Nicolas le Floch.

Le premier, "Le Cadavre du Palais-Royal", m'avait laissé une impression de déception, et ne prenait aucun gant en déroulant une narration partisane de la Révolution, menée par la "populace". Les protagonistes principaux y allaient de leur bile sans retenue (à titre d'exemple et comme l'ont remarqué d'autres lecteurs, Noblecourt était devenu un vieillard haineux et lamentable, défendant avec hargne sa caste en péril.).
Autant Parot nous intéressait pleinement avec des enquêtes bien fichues et arrivait même, grâce à son talent, à nous faire considérer tous ces nobles-parasites avec un peu plus d'indulgence, autant Joffrin se lachait carrément et ne faisait pas dans le velouté, le narratif des situations et des personnages aurait en effet plu à un troupeau de parpaings.
Pas fin, donc, et en plus très vide au niveau "enquête". J'ai eu de la peine à arriver au bout du bouquin tellement c'était longuet, peu de péripéties et beaucoup de logorrhée politico-historique.

Bon, c'était sans doute un égarement littéraire dû à la pression. Prendre la suite d'une saga de qualité n'est pas simple.
Donc, stoppons là et passons à "L'Enigme du Code Noir".
Et... je suis consterné.

Racisme et bêtise des intervenants y côtoient un manque involontaire (ou pas ? ) de recul, de mise en perspective de la part de l'auteur.
Lors d'une discussion autour d'une table bien garnie chez Noblecourt, on y apprend que les esclaves noirs ne sont bons à pas grand-chose et doivent être fortement contrôlés et réprimés. Ils ne sentent pas la douleur et, d'ailleurs, quelques coups de fouet ou supplices ne peuvent que les remettre dans le droit chemin. Quant aux prêtres et aux nobles, ils ne méritent pas ce qui leur arrive, etc, etc.
Noblecourt se surpasse encore un peu plus que dans le premier opus et c'est toujours dérangeant de voir un auteur détricotant de cette façon un personnage de roman très sympathique, (voire parfois mesuré et éclairé) créé par un autre auteur.
Quant à la nouvelle petite amie du héros, elle déverse elle aussi encore plus que dans le premier livre son pesant d'ignominie baveuse envers le peuple.
Seul notre ami Bourdeau tente mollement de rétablir d'autres valeurs... Mais très mollement, je l'ai eu vu plus enflammé.
On est dans "Les Visiteurs", et les manants sont relégués comme dans le premier roman à ce qui doit être leur vraie place.
Le premier tiers du livre est ainsi un ramassis de clichés graves et caricaturaux

Ma question est : Laurent Joffrin est-il ce que je crois ce qu'il est (et ce n'est pas flatteur, promis), ou pratique t-il le second degré ?
On aura beau jeu de dire qu'à l'époque, les gens pensaient comme cela, mais justement ce n'était pas aussi simple et asséner avec ce prétexte des idées reçues toutes pourries reste problématique si on n'est pas foutu de bien rétablir au moins une part minime de vérité ensuite.
Cette volonté de transparence historique et sociale n'était de toute façon pas présente dans le premier roman.

Et pour celui-ci ?
Eh bien, en fait, joie, ma critique n'est pas sérieuse et sera facilement balayée car je me suis arrêté au premier tiers du livre, carrément pas envie de continuer.
Alors, peut-être que dans le reste du roman, les choses sont-elles devenues plus nuancées et la "populace" est-elle redevenue grâce à l'écrivain (pardon, grâce à ses personnages) une entité composée de gens qui ont été affamés pendant des siècles et des siècles, et qui désiraient tout simplement manger un peu, ne pas souffrir à chaque seconde de leur vie et ne plus voir mourir leur gosses ?
Peut-être aussi que les esclaves noirs sont-ils redevenus des êtres humains comme les autres et que, sans doute, ressentent-ils en fait la douleur et la peine ?
Ça doit être ça. Ça ne serait pas mal. Pardon, Monsieur Joffrin.

Quand même, cela pose la question de la continuité des séries après le décès de leur créateur. Vraiment.
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