L'étoile du Nord

Séparée de sa sœur, elle n'avait plus vraiment d'identité. Soo-min avait toujours participé à son intégrité. Le nous que les jumelles formaient venait de disparaître au profit d'un je incomplet, un je qui n'existait même pas. Jee-min était à présent une demi-personne et elle n'avait plus aucune idée de la manière d'aborder le monde.

Cho avança à allure mesurée, conscient des angles morts sur les côtés.

Je serai un témoin. Je survivrai pour rapporter la réalité au monde.

Rien n'est impossible à celui qui a suffisamment de volonté. Le mot impossible n'existe pas en coréen.

Le pays entier n'est que silence et obscurité.

L'avenir n'existe pas, se dit-elle.

À quoi s’attendait-il ? La Corée du Nord version Kim Jong-il avait tout d’une maison hantée. Ouvrez une porte, n’importe laquelle de la cave au grenier, et vous serez confronté à une horreur.

Comment le tenir pour responsable des crimes de parents qu’il ne connaissait même pas ? Il n’était pas davantage coupable de ces erreurs que de la forme de ses oreilles.

Ils m’accordent la plus haute distinction de l’État pour mieux me traîner dans la boue ensuite. Pour mieux m’éliminer et effacer toute trace de mon existence dans les mémoires. Il examina les députés du premier rang, qui applaudissaient à tout rompre. Très satisfaits d’eux-mêmes, avec leurs épaulettes et leurs décorations. C’est ainsi que le Guide suprême bride les ambitions démesurées. Il enseigne qu’une seule vérité importe : on récompense le dévouement avec des médailles, on sanctionne les écarts avec la mort.

« Tes exploits aggravent sans doute la situation. Tu te souviens de ce que papa disait à propos du président ? Trop loin de lui, on gèle, trop proche, on se brûle. Et j’ai l’impression que toi, cher frère, tu l’as beaucoup trop approché. »