La vie de A à Z

J’aimerais bien lui coller mon poing dans la figure, mais ça ne serait pas conforme à l’esprit de La Vie de A à Z. Je ne peux pas me vautrer sur le A, c’est simplement impossible. Il faut que je tienne bon au moins jusqu’à M pour Meurtre si j’ai envie de la tuer.

J’aimerais bien lui coller mon poing dans la figure, mais ça ne serait pas conforme à l’esprit de La Vie de A à Z. Je ne peux pas me vautrer sur le A, c’est simplement impossible. Il faut que je tienne bon au moins jusqu’à M pour Meurtre si j’ai envie de la tuer.

J’aimerais bien lui coller mon poing dans la figure, mais ça ne serait pas conforme à l’esprit de La Vie de A à Z. Je ne peux pas me vautrer sur le A, c’est simplement impossible. Il faut que je tienne bon au moins jusqu’à M pour Meurtre si j’ai envie de la tuer.

Je donnerais n’importe quoi pour avoir plus de temps. Plus de temps ici, plus de temps dans mon jardin. Plus de temps avec vous, les filles. Plus de temps avec Lewis. Plus de temps sur cette belle, si belle planète. J’ai le sentiment que ma vie entière a été si insignifiante, si dénuée de sens, et je n’ai plus le temps de changer ça.
Alors, mes chéries, s’il vous plaît, ne faites pas de cette déprimante pensée une vérité. Donnez-lui du sens. Profitez un maximum de votre temps, parce qu’avant que vous le réalisiez, il vous aura glissé entre les doigts.

Le cigare a une odeur et un goût divins. Un petit plaisir rare. Elle lui avait fait promettre un tas de choses, en vérité, mais surtout de faire ça. Un cigare au calme, tout seul, juste pour elle. Après quelques verres, elle lui en chipait souvent un et tirait dessus en remuant les sourcils devant l’expression scandalisée de Lewis. Andrea essayait régulièrement de le choquer en ayant des comportements indignes d’une dame, et parvenait malgré tout à rester la femme la plus classe qu’il ait jamais connue.

Elle a sorti un petit miroir de poche, et inspecte son reflet. La grimace sur son visage laisse penser qu’elle n’est pas entièrement ravie de ce qu’elle voit. La main tremblotante, elle essaie de tenir un pinceau, le plonger dans la poudre, se retoucher pour sa scène finale. Ça fait pitié à regarder, et il ne le supporte pas. Il pose la caméra, marche d’un pas lourd vers Andrea et s’assoit à côté d’elle. Il y a, malheureusement, largement assez de place pour eux deux. Il prend le pinceau et la poudre, et se met au travail. Il ajoute du blush, et une touche de couleur à ses lèvres. Elles sont craquelées et fines, déshydratées. On dirait que son corps rejette tout ce qui va l’entretenir. Patiemment, elle subit son pinaillage sans une seule injure. Il se doute qu’elle doit se sentir mal, de rater une occasion de se moquer de lui pour ses talents en maquillage.

Personne n’est jamais revenu du paradis pour nous en parler, parce qu’on y est simplement trop heureux. Personnellement, je pense que des anges vont descendre et remonter Futé avec eux en volant cette nuit, pendant que nous dormirons.

À présent, il me reste quelques semaines, et je dois faire en sorte de leur donner un sens. Je dois programmer, travailler et planifier comme je n’ai jamais programmé, travaillé et planifié. Pendant ces quelques semaines, si Dieu le veut, je vais diriger ma propre pièce… et réaliser un petit miracle. Parce que, bien entendu, je n’ai pas été capable de mettre mes filles à l’abri du monde pour le restant de leurs jours, aucune mère ne l’est. Je n’ai pas été capable de leur éviter le pire des tourments : faire du mal à ceux qu’on aime.
Si c’est la dernière chose que j’entreprends de mon vivant, je ne reculerai devant rien pour atteindre mon but. Je vais cogner les têtes de mes filles ensemble, et les réunir. Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour les réconcilier, consolider leur avenir, tant que j’en ai le temps. Car elles vont avoir besoin l’une de l’autre. Un jour, très bientôt, elles vont se réveiller dans un monde sans leur mère et, comme je le disais, je me rappelle encore ce que ça fait.

Le temps suspend son vol pour les gens que vous aimez et ceux que vous perdez, certaines choses vous hantent pour l’éternité. Cette pensée m’obsède parce que j’ai appris ce matin que j’étais en train de mourir. Pas de la manière lente et certaine dont nous allons tous mourir, mais de la version « d’ici deux mois, avec un peu de chance ».