J'aime l'intime entre les pages. Mais là non. C'est trop.
Un faisceau pointé sur Jeanne.
Elle grandit en Suisse, dans les monts du Valais.
Son père est un abruti alcoolique qui a réduit la maisonnée en esclavage.
3 petits lapins pris dans la lueur des phares.
Comme un animal sauvage, Jeanne déploie ses antennes pour capter la moindre vibration de l'air, détecter les prémices de l'orage, qui s'abattra quoi qu'il en soit.
Elle lit le pas de son père, ses inflexions de voix, sa respiration, comme la météo du malheur.
Sa soeur aînée est la préférée.
Parce que ses hanches se balancent, que sa poitrine est ronde, son sourire large et son esprit un peu moins affûté.
Elle attire les hommes, irrémédiablement, et son père est du nombre.
Sa mère baisse les yeux, le Docteur de famille fait semblant de n'avoir pas compris. La village sait mais se tait. A cette époque, dans ces montagnes comme dans toutes, on ne se mêle pas de la vie des autres. C'est comme cela.
Jeanne va tenter d'en sortir.
Rencontrer des anges de bienveillance et d'amour dont la compréhension et la patience auraient pu la sortir de l'ornière.
Lestée de culpabilité, redoutant le fatal héritage des gènes, tatouée par la râge et la haine, elle n'y arrivera jamais.
La plume est une volée de plombs dans la figure, un staccato de fiel ininterrompu.
Une sécheresse acide suinte des mots.
C'est une merveille littéraire mais ça m'a "glauquifiée" jusqu'aux os.
Brrrrrr...
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