Citations sur Les étoiles de Noss Head, tome 5 : Origines 2/2 (53)
Je la ressentis de nouveau. La haine. Intensément. Mais je me ressaisis, je ne voulais pas prendre le risque de tout gâcher. Alors, je fis un effort titanesque pour ne pas sauter au visage de cette femme, la défigurer et lui arracher les yeux. J’étais plus forte qu’elle, je le savais. Elle n’était rien. Elle n’était rien, mais elle avait tout. Elle l’avait, lui.
Son regard se troubla. Le temps se suspendit. Ma respiration aussi. Il ferma les paupières, et lorsqu'il les rouvrit, des centaines d'étoiles en jaillirent, s'enroulèrent autour de nous, nous illuminèrent et nous lièrent.
- Je suis désolé de devoir vous contredire, s'excusa-t-il pour la énième fois, mais si l'Esprit s'était posé sur moi, je le saurais. Vous n'êtes pas mon âme sœur, mademoiselle.
Mademoiselle ? J'aurais pu hurler tant ses mots me déchiraient la poitrine.
- Qui est cette fille avec qui tu étais tout à l'heure ? aboyai-je. Tu penses peut-être que c'est elle ton âme sœur ?
Il plissa les paupières, comme piqué au vif.
- C'est ma compagne. L'esprit ne nous a pas encore révélé l'un à l'autre.
- Et pour cause ! ne pus-je m'empêcher de cracher.
Son regard se fit plus noir que les ténèbres et je m'en moquais royalement.
"Les mots étaient de toute façon inutiles. Il n'y avait rien à dire. Le chagrin n'avait besoin d'aucune parole pour s'exprimer."
J'étais subjuguée. Mais la vision de ce qui s'était passé ici même, la violence de notre affrontement et la haine qui habitait Leith à ce moment-là furent si nettes, que je fus incapable de retenir le gémissement de détresse qui s'échappait de mes lèvres.
- Hannah..., murmura-t-il.
Je secouai la tête, les larmes me brûlaient les yeux.
Il me prit par les épaules et me ramena doucement contre lui, la joue contre son torse, tout en me caressant tendrement les cheveux.
- Je suis triste et honteux d'avoir si mal agi. Il ne se passe pas une minute sans que je ne songe à ce que je t'ai fait ici. Je le regrette. Je le regrette sincèrement et je voudrais...
Je m'agrippai à ses épaules et ne le lâchai plus. Il m'appartenait.
Entièrement.
Irrévocablement.
Et j'étais à lui.
Il glissa délicatement une main derrière ma nuque, imprima une légère pression à ses doigts et inclina son visage vers le mien. Son souffle chaud me caressa et mon cœur s’arrêta de battre. Aveugle au reste du monde, sourde à tout ce qui n’était pas nous, je fermai les paupières. Alors, ses lèvres frôlèrent les miennes, aussi aériennes que les ailes d’un papillon, douces comme le pétale d’une fleur. Je frissonnai et laissai échapper un petit gémissement de plaisir. Leith se crispa, haletant tout près de ma bouche. Puis il se redressa subitement et colla son front au mien.
- Ne pleure plus... Ne pleure plus, magnifique créature aux cheveux de feu.
Je battis des paupières. Jamais, même en remontant dans mes plus lointains souvenirs, il ne m'avait pas appelée ainsi. Et ça me plaisait. Et alors que je souriais, Leith s'immobilisa et scruta mon visage.
- Si jolie...
-Ce que je pense est loin d'être limpide, Hannah Jorion, avoua-t-il en utilisant mon nom de famille pour la première fois. Mais ce que je crois savoir avec certitude, c'est qu'un gars comme moi n'aurait pas beaucoup de mal à devenir fou d'une fille comme toi.
C'était l'une des plus jolies déclarations qu'il m'ait faites
Elle n'était rien. Elle n'était rien, mais elle avait tout. Elle l'avait, lui.