Citations sur Charley Davidson, tome 8 : Huit Tombes Dans la Nuit (37)
- Tu es peut-être vieux de plusieurs siècles, mais je suis plus vieille encore. J’ai des millions d’années.
Il sourit.
- Oui.
- Je suis une vraie cougar, conclus-je, plutôt satisfaite.
Une avocate fiscale s’était cloîtrée dans mon placard et sanglotait de manière incontrôlable dans l’ourlet de sa chemise. Elle se cachait là depuis plusieurs jours, à présent. Ça rendait le fait de s’habiller le matin plutôt bizarre.
— (...) Une fois que tu auras cette photo et tout ce qu’il a sur papa, il faut que tu viennes coucher avec ta femme.
— Charley, dit-il, et je pus presque sentir ses joues rougir.
— Je t’avertis, elle est là avec trois – non, quatre si tu comptes Quentin, et pourquoi ne le compterais-tu pas ? – des mecs les plus sexy de la planète. Je dis ça, je dis rien.
— Je serai là dans une heure.
— Il faut une heure pour venir et tu n’as pas encore la photo.
— C’est à ça que servent les sirènes et les gyrophares.
Un ami vous aidera si quelqu'un vous fait tomber. Un meilleur ami attrapera une batte de base-ball et dira : "Reste couché. Je m'en occupe."
VERITE UNIVERSELLE
On se serait cru en plein cauchemar. Mon père, parti, et ma belle-mère qui décidait de prêter attention à moi au bout de vingt-sept ans. Puis cela me frappa. Je me figeai. Tout prenait du sens. On n’était pas en terre consacrée. Reyes m’avait menti. On était en enfer !
- Les gens sont juste bons ou mauvais. Il n'y a pas de diable qui nous pousse à faire de mauvaises choses.
- Eh bien, je suis forcée d'être de ton avis au sujet des gens.
- Pas au sujet du diable ? demanda Gemma.
Je laissai un lent sourire prendre possession de mon visage, juste pour Denise.
- J'ai épousé son fils.
- Charley, c'est pas marrant.
Cette fois-ci, je plantai mon regard très sérieux dans celui de ma sœur.
- Je n'essayais pas de faire de l'humour, Gem.
Elle se pencha dans ma direction et chuchota. J'ignorai totalement pourquoi.
- Tu veux dire...? Vraiment ? Comme dans...?
- Le fils de Lucifer. Oui.
J'espérais que Denise partirait en courant en entendant ces quelques mots. Au lieu de ça, elle se mit à radoter. Pour l'amour de...
- Je t'en prie. Comme si tu pouvais t'occuper de ça. (Je pointai mon pouce en direction de mon visage.) Fiche le camp. Je dois finir de me préparer.
- Je dois me raser, objecta-t-il.
- Tu peux te raser dans ta chambre.
- Elle fait la taille d'un placard à balais.
- La mienne aussi. Tu n'étais pas obligé de déménager ici, tu sais. Tu aurais pu rester dans ta maison huppée en ville.
Nous l'avions secrètement installé dans un placard à balais, mais ce qu'il ignorait ne pouvait pas le blesser.
- Un jour, j’ai mangé une femme qui…
- Mec, je ne crois pas que j’aie envie d’entendre ça.
- J’ai mangé son âme, corrigea-t-il.
- La prochaine fois, commence par ça.
— Je m’inquiète pour lui. Du fait qu’il devienne père.
Surprise, je m’arrêtai et redressai les épaules.
— Qu’est-ce que tu veux dire ? (Puis, lorsqu’une explication possible me vint, j’écarquillai les yeux.) Tu penses que ce sera un mauvais père ?
Je me tournai vers la porte pour vérifier qu’il était bien parti.
— Non, dit-elle en riant doucement. J’ai peur qu’il sectionne la moelle épinière de n’importe quel gosse qui brisera le cœur de la petite.
— Oh ! dis-je alors que le soulagement m’envahissait. (Mais sa remarque était totalement justifiée.) Oh ! tu as raison. Je n’y avais pas songé.
— Tu devrais peut-être discuter de la politique des rancards avec lui dès maintenant. Tu sais, avant qu’elle n’ait cinq ans.
— Cinq ans ? criai-je. Pourquoi cinq ans ?
Le sourire qui s’étira sur son visage était l’image même d’un stoïcisme bien rodé, comme si elle s’adressait à une aliénée.
— À quel âge as-tu commencé à t’intéresser aux garçons ?
— Oh, merde !
— Exactement.
Et toi, dis-je à la petite boule de perfection dans mes bras, il faut que je te montre quelque chose. Tu viens? demandai-je à Reyes tandis que je sortais avec Pépin.
Il nous suivit à l'étage inférieur, puis à l'extérieur, où nous nous assîmes sur deux transats pour regarder les étoiles. Je lui parlai des constellations, les pointant chacun du doigt en récitant leurs noms, et Reyes me corrigea.
Naturellement, je l'ignorai.
- Et tu vois cette étoile? demandai-je à Pépin, même si elle ne s'était pas réveillée. Je te la revendique. Elle est tout à toi. Son nom sera donc à présent connu de tous comme Pépin.
- Je suis sûr qu'elle a déjà un nom.
Je me tournai vers Reyes. Il était toujours torse nu et ne semblait même pas remarquer que la nuit était fraîche.
- Et je suis sûr qu'il s'agit d'une planète, pas d'une étoile, continua-t-il, un sourire joueur au coin.
- Vraiment? (Je regardai Pépin.) Tu as entendu ça? Papa critique ton étoile. Et il porte du ruban adhésif. Le ruban adhésif c'est tellement dépassé de mode.
- Vénus, dit-il.
- Pépin, rétorquai-je d'un ton autoritaire.
Il rit doucement.