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Critique de Rodin_Marcel


Thierry Jonquet "Le secret du rabbin" dans l'édition Gallimard (ISBN 978-2-07-041204-4) ; au revers de la page de garde, il est précisé que "cet ouvrage a fait l'objet d'une première publication en 1986 aux éditions Joseph Clims à Paris. Copyright Librairie l'Atalante, 1995.

La trame est classique : dans les années 1920, les quatre descendants d'un vieux rabbin se voient contraints de se rendre dans un shtetl de Galicie, pour y recueillir le "trésor" légué par leur ancêtre commun, un vieux rabbin quelque peu original. le roman s'ouvre ainsi sur une description saisissante d'un shtetl polonais, sans oublier toutes les exactions et persécutions subies par sa population depuis la fin de la Grande Tuerie, se poursuivant tout au long de ce récit puisque la guerre fait toujours rage entre la Pologne de Pilsudski et l'Armée Rouge de Trotsky.

Nous plongeons ensuite tour à tour dans les bas-fonds de New York pour y découvrir l'un des quatre héritiers devenu un authentique gangster (ayant tout de même hérité du yiddish familial), puis à Haïfa où le jeune David participe de près au mouvement sioniste de retour en Israël, dans les beaux salons de Paris où l'aristocrate Léon de Moissard-Hirchebin dissimule soigneusement le "Hirschbaum" patronymique d'origine, enfin à Moscou où la bouillante Rachel, membre de la Tchéka, participe au Congrès de l'Internationale Communiste. Il va bien falloir que ces quatre là se rencontrent et se parlent, à travers leurs racines polono-juives, et ce ne sera pas une mince affaire.

Mais ils rateront l'héritage qu'ils méprisent, puisqu'ils jugent tous quatre qu'il ne peut s'agir que de radotages talmudiques, ce en quoi ils se trompent lourdement... Heureusement qu'Albert Einstein veille au grain...

Le talent littéraire de Thierry Jonquet se manifeste une fois de plus dans ce récit mené de main de maître, entrecroisant quatre parcours individuels fort bien typés. le tableau de la Pologne en guerre, envahie par l'Armée Rouge, est d'autant plus saisissant qu'il est principalement dépeint depuis l'angle de vue que peuvent en avoir les juifs, ballottés entre les deux parties les haïssant autant l'une que l'autre...

Deux éléments méritent ici d'être soulignés.
- D'abord, la profonde intelligence dont l'auteur fait montre en ce qui concerne les racines de ce monde juif d'Europe centrale aujourd'hui quasi complètement disparu après la Shoah, ce qu'on appelle encore parfois – si rarement – le "yiddishland". Après avoir lu "Rouge, c'est la vie", on sait que cette connaissance du judaïsme lui venait de sa compagne, ce qui donne une petite idée de la profondeur de leur relation...
- Ensuite, le talent qu'il faut pour transformer ce qui a au préalable nécessité des recherches documentaires importantes (Jonquet citent des évènements et des lieux précis, incluant des personnages historiques, on voit même passer un certain De Gaulle) en un récit vif et pétillant, ponctué d'un certain humour.

Bravo l'artiste !
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